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Cette semaine, la rubrique ‘L’actualité en images’ se concentre sur le secteur de l’aviation, et plus particulièrement sur l’avionneur Boeing. L’action de l’entreprise américaine a augmenté de plus de 100 % en valeur depuis la fin du mois de mars. À juste titre ? Telle est la question maintenant que ses clients sont confrontés à des défis existentiels.

La nouvelle d’hier a chassé de la bourse même les aventuriers et les parieurs les plus endurcis : selon l’association internationale du transport aérien Iata, le secteur enregistrera cette année et l’année prochaine une perte de plusieurs dizaines de milliards de dollars, et les dettes s’élèveront à plus de 100 milliards de dollars. C’est en partie pour cette raison que plus d’un million d’emplois risquent de disparaître cette année dans le secteur.

« À titre de comparaison, avec la crise financière et les prix élevés du pétrole de 2008 et 2009, les compagnies aériennes ont dû faire face à des pertes de 31 milliards de dollars », a prévenu mardi Alexandre de Juniac, le directeur d’Iata. Grâce au soutien des gouvernements, la faillite est évitée, mais la position de dette du secteur mondial de l’aviation passe de 120 à 550 milliards de dollars cette année, soit 92 % du chiffre d’affaires total que le secteur pense réaliser en 2021, déclare Iata. 

Les deux fournisseurs de la cour de ce secteur sont Boeing et la société paneuropéenne Airbus. Elles forment un duopole : aucune compagnie aérienne ne peut les contourner, si bien que le cours des deux actions a bondi lorsqu’il est clairement apparu en mars que des gouvernements du monde entier leur venaient en aide. Depuis lors, l’action de Boeing a augmenté de plus de 100 % en valeur et est maintenant valorisée à plus de 100 milliards, alors qu’en mars, on spéculait encore sur une nationalisation, ou sur le fait que l’investisseur riche en liquidités Warren Buffett viendrait sauver Boeing d’une mort certaine. 

Lundi, Boeing a encore augmenté sa valorisation boursière de 12,7 % dans l’attente d’une reprise prochaine du trafic aérien, mais mardi, la nouvelle d’Aita ainsi que certaines annulations, voire suppressions de commandes d’avions ont entraîné une baisse du cours de près de 6 %.

Fin avril, David Calhoun, le CEO de Boeing, a expliqué les chiffres du premier trimestre de la société. Malgré tous les soucis, il a manifesté une certaine résilience, à moins que ce ne soit simplement sa vision optimiste de la réalité. Dans l’une des diapositives qu’il a expliquées, il a exprimé l’espoir que dans les années à venir, la tendance du nombre de passagers dans le monde converge à nouveau avec les tendances à long terme.

 

Boeing, Alta

Source : Boeing, Aita. Infographic: Core Digital Strategy

Cette croissance du nombre de passagers est essentielle pour Boeing en tant qu’avionneur, car les commandes d’avions en dépendent. Mais la douceur vient après l’amertume. Helena Becker, analyste du secteur aérien depuis plusieurs décennies, pense que les compagnies aériennes vont réduire leur flotte de 20 %, car il faudra encore 3 à 5 ans avant que le secteur ne retrouve son ancien niveau. Pour Boeing, c’est une nouvelle inquiétante : il n’y aura pratiquement pas besoin de remplacer d’avions si l’industrie ne revient pas à 80 à 90 % de son niveau de 2019. 

La contraction du secteur est déjà apparue clairement en avril, lorsque les sociétés de leasing Avalon et Gecas ont annulé leurs commandes de respectivement 75 et 69 nouveaux avions 737 MAX chez Boeing. Et ce n’était que le début : les semaines suivantes ont connu une pluie d’annulations, également de la part de grandes compagnies aériennes comme American Airlines. Boeing a réagi vite et fort : la capacité de production de certains avions a été réduite de 40 à 50 %. Pour l’instant, le schéma de production habituel de 57 avions livrés par mois ne peut plus être respecté. 

Le problème des constructeurs d’avions est que les coûts fixes sont très élevés par rapport aux coûts variables. Le licenciement de personnel et la réduction de la production sont donc une ‘goutte d’eau dans l’océan’. La décision de Boeing d’emprunter 40 milliards de dollars sur le marché des capitaux a été plus efficace. Cet argent sera principalement utilisé pour le financement de la dette ; le flux de trésorerie libre ne sera plus qu’une fraction des 13,6 milliards de dollars qui avaient encore été atteints en 2018. 

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