Les spécialistes de Lazard Frères Gestion tablent sur un net rebond économique dans le courant de l’année 2021, et les actifs plus risqués devraient bien se comporter, avec une préférence pour les actions européennes et émergentes, ainsi que pour les petites et moyennes capitalisations.
Lazard Frères Gestion a présenté ses perspectives économiques et financières à l’entame de la nouvelle année, alors que de nombreuses incertitudes ont été levées durant les dernières semaines, que ce soit avec l’accord sur le Brexit, les plans de relances décidés aux Etats-Unis et en Europe, ou la prise du contrôle des deux chambres législatives américaines par les démocrates de Joe Biden.
Impact contrôlé
« En ce début 2021, l’activité économique reste encore déterminée par la virulence de l’épidémie, même si les autorités ont été plus attentives à moins impacter l’économie durant le deuxième confinement », indique Matthieu Grouès (Directeur des investissements). « En outre, l’annonce de plusieurs vaccins efficaces est de nature à soutenir les perspectives économiques à moyen terme ». Il souligne également que la récession provoquée par la pandémie est en grande partie exogène, mais pourrait avoir néanmoins un impact de long terme dans les secteurs économiques qui ont subi des destructions de capacité de production, ou qui ont du s’endetter pour traverser la crise.
« Pour le moment, le nombre de faillites est toutefois resté faible grâce aux mesures de soutien massives prises par les états très en amont du ralentissement économique ». De même, les destructions d’emplois ont été relativement limitées, et les commandes de biens d’investissement se sont bien redressées. « Dès lors, l’économie devrait sortir de la crise dans un état très satisfaisant, ce qui devrait permettre une reprise rapide de la croissance, avec d’importants moyens financiers actuellement dans les mains de acteurs économiques ».
Approche flexible
Julien-Pierre Nouen (photo) (directeur des études économiques) souligne pour sa part que la prise de contrôle du Sénat par les démocrates va permettre la mise en place d’un plan de relance plus ambitieux, avec des transferts aux ménages qui vont être confirmés avec des plans d’investissements dans les infrastructures et la transition climatique. « Joe Biden devrait également revenir sur certaines mesures fiscales octroyées aux entreprises par l’administration précédente ». Et il indique que le soutien budgétaire restera également important en Europe durant l’année 2021, de même que les interventions des banques centrales.
Dès lors, Julien-Pierre Nouen s’attend à de bonnes surprises au niveau économique en 2021, notamment à partir de la seconde partie de l’année. « A moyen terme, il faudra toutefois garder à l’œil un potentiel rebond des tensions inflationnistes, car plusieurs éléments sont aujourd’hui susceptibles d’impacter les prix, comme le redressement des cours pour les matières premières ou la mise en place d’un salaire minimum dans plusieurs états américains ».
Taux bas
Sur les marchés financiers, ce scénario économique se traduit par des taux courts qui vont rester sous pression et des performances qui resteront difficiles sur la plupart des marchés obligataires souverains. Les taux courts déprimés vont également se traduire par une poursuite de la dépréciation du dollar face à l’euro.
« Nous restons dans un contexte qui reste favorable aux actifs risqués, comme les actions (européennes et émergentes), les obligations convertibles ou le haut rendement. Les actions continuent d’avoir une prime de risque qui reste généralement attractive ». Julien-Pierre Nouen indique également que la valorisation relative du marché américain reste élevée, avec une rotation vers les segments meilleur marché qui pourrait continuer.
« Nous apprécions par exemple la valorisation des petites et moyennes capitalisations, dont la performance a commencé à se redresser face aux big caps. Les actions émergentes devraient également être plus soutenues dans un contexte de hausse des cours pour les matières premières ». Enfin, il souligne que les actions britanniques doivent être gardées à l’œil, même s’il est encore trop tôt pour entrer franchement sur le marché. « Il faudra voir dans quelle mesure les entreprises britanniques vont être impactées par le Brexit ».