Simon Ward, Janu Henderson
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Simon Ward (Janus Henderson) estime que le blocage anglais sur la sortie de l’Europe pourrait pousser les européens à bout. En outre, il s’attend à un contexte économique qui continuera à se dégrader durant les prochains mois, avant un début de redressement qui interviendra durant le dernier trimestre. 

Simon Ward étudie l’impact des flux monétaires et des cycles chez Janus Henderson. « L’année dernière, nous avions souligné que l’année 2018 pourrait s’avérer plus difficile que les attentes du marché, une prévision que s’est avérée juste ». La méthode qu’il utilise se base sur l’évolution des flux monétaires (devises en circulation et carnets de dépôt) afin d’anticiper l’évolution de l’activité économique. « Dans l’ensemble, je reste pessimiste pour les prochains mois ». 

Ralentissement

Plus spécifiquement, il s’attend à ce que les données pour l’économie américaine restent décevantes et forcent la Fed à assouplir plus rapidement que prévu son taux directeur.  « Pour ce qui est de la Chine, les flux monétaires n’ont pas encore réagi aux mesures qui ont été prises ces derniers mois, ce qui suggère une nette accélération seulement à partir de la fin 2019 ». 

Enfin, les flux monétaires ont déjà commencé à se stabiliser en Europe, « ce qui suggère que les craintes d’une récession sont probablement exagérées, avec une stabilisation autour des niveaux actuels en l’absence d’un important choc externe (Brexit, guerre commerciale, etc). Et pour ce qui est de la politique de la Banque Centrale Européenne, il souligne qu’elle devra laisser passer l’orage vu qu’elle ne dispose pas vraiment d’armes pour lutter contre le ralentissement économique. « L’objectif pour l’Europe sera surtout d’attendre une reprise du cycle économique au niveau global ». 

Marasme britannique

Pour le Royaume-Uni, Simon Ward souligne que l’issue du Brexit ne devrait pas empêcher l’économie britannique de souffrir d’une forte phase de ralentissement structurel. « La confiance des entreprises et les prix de l’immobilier sont en chute libre, et le ralentissement sera beaucoup plus prononcé que dans l’Union Européenne ».  

Il estime actuellement que la probabilité de nouvelles élections se monte désormais à 50%, tandis que la possibilité d’un Brexit dur provoqué par les autres pays européens se monte désormais à 40%. « Tous les décideurs européens ne sont pas prêts à donner un délai infini aux Britanniques pour résoudre leurs problèmes. En outre, la Banque d’Angleterre n’a pris aucune mesure afin de limiter l’impact économique significatif qui s’annonce. De nombreuses entreprises se sont préparées à cette éventualité, dont la probabilité augmente avec chaque jour qui passe ». 

Etre prêt

Simon Ward étudie également les cycles économiques, et notamment le cycle des stocks, des investissements d’entreprises, et de l’immobilier. « Les phases de ralentissement sont d’autant plus prononcés si ces cycles se coordonnent, comme ce fut le cas en 2008 lorsque ces trois cycles ont atteint un plus bas conjoncturel ».

Il souligne que deux des trois cycles (stocks et investissement) pourraient atteindre un point bas durant le second semestre. « Le creux d’activité pourrait être pire que durant les deux périodes de ralentissement conjoncturel observées (en 2012 et 2016) depuis la fin de la grande crise de 2008 », mais il se refuse pour l’heure d’envisager une récession en l’absence de données qui pointeraient dans cette direction.

« Un point bas dans le cycle des stocks s’accompagne généralement d’une mauvaise performance sur les marchés financiers. A l’inverse, la sortie du cycle s’accompagnera d’un signal positif fort pour les marchés financiers. Il faudra donc rester défensif durant les prochains mois, laisser passer l’orage et se montrer prêt  à revenir sur les actifs plus risqués d’ici la fin de l’année ». 
 

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