Jeroen van den Broek, ING
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Les obligations d’entreprises peu solvables sont mises à dure épreuve. En particulier les index trackers (ETF), qui ont accusé 10,9 milliards de dollars de sorties la semaine passée, jusqu’à mercredi inclus, révèle la société spécialisée dans les informations financières EPFR.

Au même moment, les positions courtes, aussi bien les obligations de pacotille que les titres high yield, montaient en flèche. La liquidation a fait grimper le rendement effectif (yield) sur ces créances, impliquant une baisse des cours pour les investisseurs et une augmentation des frais de financement pour les entreprises.

La tempête, qui s’est calmée en fin de semaine, était provoquée par la perspective d’une hausse de l’inflation et par l’attente conséquente d’une montée rapide à 3 % des taux américains à dix ans.

Jeroen van den Broek (photo), gestionnaire de portefeuilles obligataires chez ING, perçoit néanmoins toujours la tension requise sur le marché, selon ses déclarations au quotidien néerlandais Het Financieel Dagblad : « Avec le sell-off du côté des actions, nous avons frôlé une solide correction sur le marché des obligations. C’est ce qui a entraîné des ventes forcées.  »

Cela signifie selon lui que si les ETF ne parviennent plus à compenser les sorties, leurs gestionnaires sont contraints de vendre de gros volumes d’obligations sous-jacentes en une fois. Or, vu l’illiquidité du marché, la compensation n’est plus possible. Ce phénomène peut induire de fameuses corrections, comme ce fut déjà le cas fin 2015, début 2016.

Les investisseurs obligataires mettent la responsabilité de cette situation sur le dos des banques centrales. La BCE engloutit ainsi chaque semaine via son programme de rachat environ 1,5 milliard d’euros en obligations d’entreprise relativement sûres. Voilà qui stimule les prix et réduit le rendement, poussant les investisseurs à se rabattre davantage sur les investissements à haut risque. 

Certains gestionnaires de fonds s’en réjouissent. C’est le cas de Sander Bus chez Robeco, qui déclare au Financieel Dagblad que l’époque où les banques centrales déterminaient les prix des actifs est révolue. « Le marché dispose à nouveau de plus de champ libre, ce qui génère des périodes de volatilité et des corrections naturelles, et la disparition des mauvaises entreprises. Ce mécanisme a fait défaut ces dernières années. »

Sander Bus ne prévoit pas de suite majeure à la claque récente dans l’immédiat, la conjoncture économique étant trop favorable. De nombreuses entreprises ont profité de la hausse soutenue pour fixer des financements bon marché sur le long terme, et elles ne rencontreront donc des problèmes que si elles doivent refinancer à des coûts supérieurs dans quelques années.

Le gestionnaire de fonds relativise également l’ampleur de la correction : « Globalement, les plus-values de janvier ont disparu et les primes de risque sont revenues au niveau de novembre. Jeudi et vendredi, la demande de high yields grimpait elle aussi à nouveau.”

Il n’est pas question pour l’instant de chute phénoménale des cours, selon les investisseurs. Le seuil fixé en dessous du marché par la BCE reste stable pour l’instant. Mais un nombre croissant de parties optent néanmoins pour une stratégie plus défensive.

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