Un quart des 600 plus grandes entreprises cotées d’Europe ont suspendu ou renoncé à leur distribution de dividendes pour cette année, selon une synthèse de la banque allemande DZ Bank. Cela signifie que les investisseurs devront se contenter d’un dividende substantiellement réduit.
Les analystes de la banque écrivent qu’« on n’avait encore jamais assisté à une telle suppression du versement des dividendes sur les marchés boursiers européens.
» Selon leurs estimations, le taux de pay-out pour 2019 devrait diminuer de 23 pour cent, soit environ 310 milliards d’euros.
« Nous prévoyons, pour les mois à venir, encore plus de suspensions de dividendes parmi les entreprises cotées », déclare Michael Bissinger de DZ Bank pour le Handelsblatt. La banque estime même que 40 pour cent des entreprises du Stoxx 600 ne verseront aucun dividende pour 2019.
Un tel pourcentage rendra la situation comparable à 2008 ou 2009, alors que le monde était frappé par la grande crise financière. Ce refus de verser des dividendes se constate essentiellement chez les banques – la Banque centrale européenne les y a appelées –, mais aussi dans les secteurs de l’industrie, du tourisme et du commerce de détail. Pas moins des deux tiers des banques européennes ne verseront aucun dividende à leurs actionnaires.
Dans des secteurs tels que la chimie, les télécommunications et la santé, cependant, le versement de dividendes aux actionnaires semble pour l’heure mieux assuré.
Une suppression des dividendes est généralement une très mauvaise nouvelle pour les investisseurs (en dividendes). C’est d’ailleurs la raison qui pousse par exemple la compagnie Shell, en difficulté, à s’accrocher à son versement de dividendes. En effet, ces dividendes ont souvent pour fonction d’assurer un revenu complémentaire aux investisseurs, ou bien ils sont réinvestis. Les supprimer alimente une méfiance qui peut parfois perdurer pendant des années.
DZ Bank indique que les analystes prévoient depuis la mi-février une diminution de 14 pour cent des dividendes pour l’année calendaire 2020, mais les analystes de la banque trouvent ce pourcentage estimé trop faible.
La banque privée allemande Merck Finck a annoncé le mois dernier qu’elle prévoyait, pour l’indice DAX, une baisse de 10 pour cent du versement des dividendes pour 2020 par rapport à 2019. Le rendement des dividendes des entreprises européennes a enchaîné les records ces dernières années et, de ce point de vue, constituait un important soutien pour les cours boursiers.
Jorik van den Bos, qui dirige l’équipe Dividendes de Kempen Capital Management, estime que la décision de réduire ou supprimer les dividendes appartient à la direction des fonds boursiers et ne doit pas être prise sous la pression des banques centrales, comme cela a été le cas pour les banques et compagnies d’assurance.