Avec la transition vers une économie sobre en carbone, investir dans des entreprises polluantes constitue un risque. En même temps, les investisseurs de style valeur et les investisseurs contraires se jettent justement délibérément sur la liste des entreprises et fonds d’investissement les plus polluants du monde.
Tel est ce qu’écrit cette semaine Ronald van Genderen, analyste chez Morningstar, dans son article pour Investment Officer. Van Genderen a étudié les fonds d’actions mondiales à grande capitalisation présentant le risque carbone le plus élevé, autrement dit les 5 fonds d’actions les plus polluants du monde.
Pour les investisseurs désirant réduire l’empreinte carbone de leur portefeuille, les adaptations nécessaires du portefeuille s’avèrent parfois ‘trop mordantes’, explique Van Genderen. « L’exclusion de sociétés de l’industrie pétrolière ou minière influe également sur les caractéristiques risque/rendement d’un portefeuille. »
Risque
Afin d’aider les investisseurs à évaluer et quantifier le risque des sociétés de fonds d’investissement dans le cadre de la transition vers une économie à faible émission de carbone, Morningstar a développé en 2018 le Carbon Risk Score à l’aide de données fournies par Sustainalytics.
Van Genderen : « Sustainalytics catégorise les émissions de CO2 libérées dans l’ensemble du processus d’exploitation, analyse comment la direction de l’entreprise les gère, et comment cela pourrait changer dans le futur. Il ne s’agit donc pas seulement de la quantité d’émissions que produit une entreprise, mais aussi de ce que fait celle-ci pour gérer ces émissions et de la mesure dans laquelle cela entraîne (la réduction) des risques financiers. »
Les entreprises ou fonds ayant obtenu un score élevé courent un risque élevé dans le cadre de la transition de l’énergie fossile à l’énergie durable. Un score inférieur à 10 est considéré comme un risque faible, et ces fonds sont qualifiés de ‘Low Carbon’.
Fonds le plus polluant : Edmond de Rothschild
Dans le top 5 cette semaine, nous présentons les cinq fonds d’actions mondiales à grande capitalisation ayant le Morningstar Carbon Risk Score le plus élevé, dont une classe d’actions sans distribution est disponible en Belgique. Le fonds Edmond de Rothschild - Global Value se classe en première position. Ce fonds, géré par le duo Christophe Foliot et Valérie Guelfi, poursuit résolument une stratégie de valeur. Selon Van Genderen, le Carbon Risk Score élevé est principalement dû à l’importante surpondération du secteur de l’énergie, car le fonds n’investit pas dans les services publics.
« Le secteur des matières premières a une pondération neutre et le secteur de l’énergie, une pondération de plus de 22 %, ce qui en fait le deuxième secteur du portefeuille en termes d’importance, après les titres financiers. Au sein du secteur, le gestionnaire choisit de nombreuses compagnies pétrolières américaines, dont Chevron, Apache, Anadarko et Marathon Oil. Bien que la stratégie ait toujours appliqué une surpondération dans le secteur de l’énergie, le gestionnaire n’a cessé de l’augmenter depuis 2016, alors que la pondération du secteur était encore de 12 %.
Vanguard
L’ETF Vanguard Global Value Factor UCITS se classe en deuxième position. « Bien qu’il s’agisse d’un ETF, la stratégie sous-jacente est active », déclare Van Genderen. « La stratégie investit principalement dans des actions de l’indice FTSE Developed All Cap et de l’indice Russell 3000. Les actions du portefeuille sont sélectionnées au moyen d’un modèle quantitatif. »
Selon l’analyste de Morningstar, les règles appliquées par le modèle sélectionnent des actions dont le cours est inférieur par rapport à leurs critères de valeur fondamentaux. « Le portefeuille, qui comprend près de 1 300 positions, est presque naturellement surpondéré dans les secteurs des matières premières et de l’énergie. »
La cinquième position est occupée par l’ETF Think Morningstar High Dividend ETF, qui suit d’aussi près que possible le Morningstar Developed Markets Large Cap Dividend Leaders Index. « L’indice détient 100 positions dans des sociétés sélectionnées sur la base du rendement en dividendes. »
Selon Van Genderen, l’accent mis sur un dividende élevé confère au portefeuille un caractère de valeur. « Et il conduit à des surpondérations dans les secteurs des matières premières et de l’énergie, à forte intensité de CO2. Dans le premier secteur, les positions les plus importantes reviennent aux sociétés minières BHP et Rio Tinto. Parmi les grands noms de l’énergie, on retrouve les grandes compagnies pétrolières Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, BP et Total. »