Si le prix mondial du carbone augmente des 100 dollars nécessaires à l’accord de Paris pour les entreprises polluantes, la valorisation des actions chutera de 6 à 30 %. C’est ce que révèle une étude publiée aujourd’hui par Van Lanschot Kempen, la banque ayant envisagé le pire des scénarios.
Il y a tout juste un an, la banque supposait que les marchés boursiers mondiaux chuteraient de 4 à 20 %, sur la base d’une hausse du prix du CO2 de 75 dollars. Mais des institutions telles que le Network for Greening the Financial System (NGFS) estiment désormais qu’un prix du CO2 plus élevé est nécessaire pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris : 100 dollars. En outre, la hausse des prix de l’énergie et les tensions géopolitiques ont accru la sensibilité des actions à un prix plus élevé du CO2. Actuellement, le prix du CO2 ne dépasse pas 5 dollars par tonne de dioxyde de carbone.
La plus forte baisse de valeur
La plus forte baisse de la valeur des actions se produira si les entreprises polluantes doivent payer davantage pour les émissions dites de portée 1, 2 et 3, c’est-à-dire à la fois pour les activités détenues ou gérées, pour les émissions indirectes résultant de la production d’énergie achetée et pour les émissions indirectes au sein de la chaîne de valeur de l’entreprise.
Dans ce cas, le cours des actions européennes (y compris celles du Royaume-Uni) pourrait chuter de 30 % en moyenne et celui des actions mondiales de 29 % en moyenne. Si seules les émissions de portée 1 et 2 sont taxées à 100 dollars par tonne de dioxyde de carbone en plus, il s’agit de baisses d’indice de 9 et 6 pour cent, respectivement. L’impact estimé sur les indices de durabilité est beaucoup plus faible : -3 % dans le cas des champs d’application 1, 2 et 3 en Europe et -6 % au niveau mondial.
Pas assez
Van Lanschot Kempen souligne que, dans la pratique, une augmentation de prix de 100 dollars ne sera même pas suffisante pour atteindre les objectifs de Paris. Il s’agit plutôt d’une augmentation de 150 $. L’impact sur les valorisations des actions sera alors évidemment plus important aussi. Les actions mondiales pourraient alors chuter de 43 % en moyenne, et de 44 % en Europe. Les indices d’actions durables sont à nouveau mieux protégés.
L’impact de la hausse des prix du carbone n’a pas été entièrement pris en compte par les marchés, selon la banque. Van Lanschot Kempen elle-même a réaffecté ses investissements à des entreprises qui émettent moins de CO2 ou qui se concentrent sur la transition climatique, écrit le président du conseil d’administration Maarten Edixhoven dans le communiqué de presse de Van Lanschot Kempen publié jeudi.
Le stratège en chef Michel Iglesias del Sol ajoute que les investisseurs à long terme, tels que les fonds de pension, doivent repositionner leurs portefeuilles d’actions afin de les rendre plus résistants aux changements dans la tarification et la réglementation du carbone. Cela peut signifier investir moins dans les indices standard ou suivre des critères de référence durables alternatifs.