On dit souvent qu’il faut garder le meilleur pour la fin : 2019 entrera dans les annales comme meilleur cru boursier de la décennie écoulée pour les investisseurs en actions.
Le MSCI World s’est adjugé plus de 5 % sur le dernier trimestre 2019, portant le rendement annuel de l’indice, dividendes compris, à 30 % – un chiffre exceptionnel. Nous nous trouvons donc dans la plus longue phase haussière de l’histoire, qui ne semble pas près de s’achever, malgré de petites craquelures.
Les trois derniers mois de l’année ont de nouveau été favorables aux investisseurs, et le MSCI World a progressé pour le quatrième trimestre de suite, ce qui n’était plus arrivé depuis 2014. L’optimisme a été alimenté par la baisse des taux de la Réserve fédérale en octobre. Les inquiétudes suscitées par le différend commercial avec la Chine et son impact sur la croissance économique domestique ont amené Jerome Powell à abaisser son taux directeur de 0,25 % pour la troisième fois en 2019 ; le président de la banque centrale américaine a toutefois souligné que ce serait pour l’instant la dernière baisse.
Le conflit commercial sino-américain tient les marchés financiers en haleine depuis deux ans déjà. Les opérateurs naviguent entre crainte d’une escalade et espoir de résolution durable ; sur le dernier trimestre de l’année, l’optimisme a repris le dessus. En octobre, l’annonce, par le président américain, d’un accord préliminaire et de l’annulation de nouveaux droits de douane à l’importation prévus pour décembre a été saluée par les investisseurs.
Un autre dossier qui retient l’attention des marchés depuis un certain temps, le Brexit, semble aussi enregistrer des avancées. La victoire éclatante de Boris Johnson lors des élections de décembre lui donne mandat pour faire sortir son pays de l’Union européenne. La fin de ce véritable feuilleton politique gomme une grande dose d’incertitude sur les marchés.
Les gagnants et les perdants
Outre les événements politiques, les trimestriels présentés par les entreprises ont été globalement bons, donnant confiance en l’avenir aux investisseurs. Le secteur des technologies de l’information a mené le bal sur les trois derniers mois de l’année : le MSCI World Information Technology s’est adjugé plus de 10 % sur le trimestre et gagne pas moins de 50 % sur douze mois. Le secteur est l’incontestable star de 2019, mais aussi de la décennie écoulée, avec une performance totale de 440 % qui le place loin devant ses pairs.
À titre de comparaison, le secteur énergétique est la lanterne rouge des dix dernières années, avec une avancée de 46 % seulement. Les actions des sociétés énergétiques ont dû lutter contre des vents contraires en 2019 aussi – et le quatrième trimestre n’a pas apporté d’amélioration. Le secteur ferme la marche du classement 2019, avec une progression de 13,5 % seulement. Le seul fait marquant a été l’introduction en Bourse, en décembre, de Saudi Aramco, plus grand producteur pétrolier mondial, qui est aussi devenu la plus grande capitalisation de la planète.
La sphère émergente, tant dans son ensemble qu’au niveau des différents pays, n’a pas su profiter de ce contexte porteur. L’indice MSCI EM affiche un rendement annuel de 20,6 % seulement en 2019. La Russie s’est toutefois distinguée : le RTS signe une avancée de près de 60 %. Le marché des actions américaines a fait très belle figure, avec un bond de 41 % pour le Nasdaq et de 33 % pour le S&P 500. Les actions européennes, qui se sont adjugé 26 %, ont connu une progression solide. Le Japon, en revanche, est resté dans l’ombre.
En termes de style d’investissement, l’année a de nouveau été mauvaise pour les investisseurs de type valeur. Si le MSCI World Value, avec un rendement de 24 % en 2019, signe sa meilleure année de la décennie, l’écart par rapport aux actions de croissance reste considérable ( 12 points de pourcentage).
Le top 5 des fonds d’actions mondiaux de la catégorie Morningstar des actions de grandes capitalisations mixtes, sur la base de leur rendement en 2019, est couronné par le fonds CapitalatWork Contrarian Equity at Work, qui affiche une avancée de 38,24 %.
Ce fonds, géré depuis 1998 par Ivan Nyssen, investit généralement à contre-courant et paie une attention particulière aux flux de trésorerie de l’entreprise. Il cible en premier lieu (un cinquième de l’actif investi) le secteur des services de communication. Près de 60 % du portefeuille est investi dans des actions américaines ; les principales positions sont Apple, Blackstone et Comcast.