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Suite à la montée en puissance rapide des dix plus grosses entreprises du S&P 500, les portefeuilles des fonds croissance internationaux sont de plus en plus concentrés. Les dix entreprises majeures des portefeuilles des gestionnaires de fonds croissance grandes caps représentent actuellement environ 28 % du portefeuille, soit une augmentation de plusieurs dizaines de pourcents par rapport à 2003.

C’est ce qu’écrit Jeffrey Schumacher, analyste chez Morningstar, dans un article paru dans Fondsnieuws cette semaine. Un constat déduit de la relance mondiale impressionnante des marchés boursiers depuis le creux du 23 mars. 

L’indice S&P 500 a effectué un rebond de plus de 36 % depuis le creux, pour atteindre 3276 points le 22 juillet. Il s’agit certes d’une baisse de 3,2 % par rapport au record de 3386 points enregistré en février dernier, mais avec un rendement positif year-to-date de 1,4 % à la clé. Et ce, en dépit de la crise du coronavirus qui a frappées de plein fouet de nombreuses entreprises, rendu des secteurs entiers tributaires des aides publiques et menacé la survie des entreprises. 

Cette solide reprise est bien entendu principalement alimentée par un groupe d’entreprises qui mènent la danse depuis un bon moment déjà. Jeffrey Schumacher : « L’évolution du cours du Nasdaq révèle d’emblée de quel côté il faut chercher les vainqueurs. L’indice technologique a en effet déjà largement dépassé le pic de février et affiche un bénéfice year-to-date de plus de 19 %. La capitalisation boursière de l’indice dépasse ainsi celle de l’ensemble des 27 États membres de l’UE. » 

Technologie et e-commerce

Les principaux moteurs de la reprise figurent parmi les entreprises technologiques et d’e-commerce, ces mêmes méga caps qui avaient déjà hissé l’indice vers un sommet record et franchi le seuil d’un milliard de dollars en capitalisation boursière. La concentration croissante d’entreprises extrêmement performantes leur permet de plus en plus de prendre la tête des indices. Le Financial Times annonçait mardi dernier une hausse de 1 % de plus de 200 entreprises de l’indice S&P 500 ce même jour, tandis que la hausse de l’indice restait limitée à 0,2 %, une poignée de géants comme Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet et Facebook étant dans le rouge.

Si cette dépendance à un petit groupe très sélectif d’actions n’est pas nouvelle, Jeffrey Schumacher relève néanmoins la vitesse à laquelle la dominance de ces entreprises est apparue. « Quand on se penche sur la concentration du top 10 dans le S&P 500, on constate que les dix plus grosses entreprises constituent pour l’instant 27 % de l’indice. Cela équivaut au niveau de 2000, à l’époque de la dotcom bubble, lorsque Cisco Systems, General Electric et Intel menaient la barque avec Exxon Mobil, Wal-Mart et Oracle. Toutefois, aucune de ces entreprises ne détenait alors le plus gros poids dans l’indice, ce privilège étant réservé à celle qui reste, aujourd’hui encore, en tête : Microsoft. »

Après le pic lié à la bulle internet, la concentration du top 10 du S&P 500 a connu une baisse structurelle, ramenant, mi-2015, le poids des dix plus grosses entreprises de l’indice au niveau le plus bas de ce siècle, à savoir 17 %. Depuis lors, la concentration a toutefois sérieusement augmenté. Fin 2019, le top 10 représentait encore un poids indiciel de 22,7 %, contre 27 % six mois plus tard. 

Concentration des fonds de croissance

Jeffrey Schumacher relève également que la concentration des portefeuilles a progressivement augmenté dans la catégorie « actions internationales grandes caps croissance » de Morningstar, où le secteur technologique est généralement très représenté dans les portefeuilles. « En 2003, la concentration moyenne du top 10 s’élevait à 22 %, et atteignait près de 28 % en juin 2020. Le top 5 de cette semaine révèle que la concentration peut être encore plus forte. Pour obtenir un classement, nous avons classé en fonction de sa concentration top 10 le portefeuille de fonds de la catégorie Morningstar « actions internationales grandes caps croissance » dont nous disposions dans notre base de données fin juin 2020. Nous avons à cet effet exclu les fonds de fonds afin de sélectionner ces pure stock pickers. »

Morgan Stanley

La liste est menée par Morgan Stanley Global Brands, qui a composé un portefeuille concentré de 31 actions, dont les dix plus grandes participations composent conjointement 58 % du portefeuille. Jeffrey Schumacher : « Les onze membres de l’équipe d’investissement privilégient les entreprises qualitatives, qui puisent leur force dans des positions boursières dominantes soutenues par des actifs immatériels forts et difficiles à répliquer, qui permettent à l’entreprise de générer un rendement élevé sur son patrimoine propre et des flux financiers solides. Parmi les autres caractéristiques des entreprises dans lesquelles l’équipe investit figurent une marge de tarification, un chiffre d’affaires stable et prévisible, une faible intensité de capital et une croissance organique. Trois secteurs sont proéminents au sein du portefeuille : les biens de consommation défensifs (34 %), la technologie (31 %) et les soins de santé (20 %). Microsoft détient la position la plus marquée dans le fonds, avec une pondération de 9,5 %. Reckitt Benckiser et Philip Morris la suivent de près. »

GuardCap

Le deuxième fonds de la liste est le GuardCap Global Equity, qui ne détient que 23 actions dans le portefeuille, dont les 10 premières positions composent 57 % du portefeuille. Le fonds, doté d’une note Silver pour la classe de fonds I sans frais de distribution, est géré par une équipe restreinte (quatre personnes) mais qui collabore étroitement, sous la direction des vétérans Michael Boyd et Giles Warren, qui collaborent eux aussi depuis plus de 20 ans, entre autres chez GuardCap depuis 2014. 

La conviction de Morningstar dans cette stratégie repose sur un élément majeur : le processus d’investigation bien structuré, intensif, approfondi et ascendant. « L’approche respecte des critères de qualité et de croissance stricts, tout en tenant compte des appréciations », précise Jeffrey Schumacher. « Une petite poignée d’entreprises qui passent le filtre quantitatif et s’inscrivent dans l’analyse séculaire des tendances est finalement analysée avec minutie et patience. L’intensité de l’investigation augmente à mesure que l’action parcourt les différentes étapes du processus. L’enquête est documentée dans des rapports détaillés, passés en revue de manière intensive et permanente au sein de l’équipe. Tout au long du processus, chaque membre de l’équipe est impliqué dans l’analyse, qui prend en moyenne neuf mois. Les gains du portefeuille est de ce fait également très bas. »

« Le portefeuille comprend entre 20 et 25 actions qui reflètent les convictions les plus fortes des gestionnaires. La prédilection pour la croissance et la qualité est évidente, bien que la répartition intersectorielle du portefeuille soit meilleure que chez certains concurrents qui suivent une stratégie comparable. Mastercard, Alphabet et CME Group constituent pour l’instant les positions les plus fortes du portefeuille. »

 

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