Les recherches montrent que les entreprises ayant un bon profil de durabilité ont mieux résisté au cours du premier mois de la crise du coronavirus. La crise confirme ainsi l’importance de l’intégration ESG non seulement d’un point de vue climatologique et social, mais aussi financier.
Les tendances à long terme telles que la croissance démographique, le vieillissement de la population et la perte de biodiversité n’ont pas changé. « À cet égard, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, mais cette crise confirme que le développement durable est notre avenir. Ce qui importe maintenant, c’est la façon dont nous réagissons à cette crise », déclare Masja Zandbergen (photo).
Suite à sa chronique ‘La question ESG la plus importante dans cette crise du coronavirus est notre réaction’, Fondsnieuws s’est entretenu avec la responsable de l’intégration ESG chez Robeco. Dans sa chronique, Zandbergen a notamment réagi à la discussion actuelle sur la gestion du capital et les rémunérations.
Du point de vue ESG, ce sont les deux éléments de prudence financière les plus importants, déclare-t-elle maintenant à ce sujet. Ce n’est pas nouveau, souligne-t-elle, mais dans la situation actuelle, ce sont des questions que Robeco examinera au cas par cas, à savoir comment les entreprises gèrent le paiement des dividendes, les rachats d’actions et les propositions de rémunération des membres du conseil d’administration.
Ou, comme le dit Glass Lewis, conseil en vote chez Robeco : « Les entreprises dont la structure de rémunération est solide doivent relever le défi de la maintenir, tandis que celles dont les réglementations sont moins solides sont obligées de choisir entre en supporter les conséquences désagréables ou adapter les réglementations afin d’éviter la colère des actionnaires. »
« Nous critiquons l’augmentation des rémunérations »
Zandbergen : « Nous voyons déjà les premières entreprises caresser l’idée d’augmenter les rémunérations cette année afin de maintenir la motivation des administrateurs. Nous critiquons ce type de comportement, surtout maintenant que les collaborateurs ont du mal et que les actionnaires s’attendent à un rendement beaucoup plus faible. »
Elle rejette résolument l’argument selon lequel les entreprises pourraient justement le faire dans une perspective de création de valeur à long terme. « Cette crise touche tout le monde, y compris les entreprises qui ont déjà une bonne structure de rémunération. Mais dans une bonne structure dans laquelle les intérêts de l’entreprise sont en phase avec ceux de ses parties prenantes, le coup est ressenti par tous. Il en va autrement lorsqu’on prend des décisions discrétionnaires : certaines parties prenantes sont plus durement touchées. »
Pour Zandbergen, ces parties prenantes comprennent également les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement. Elle fait référence à la déclaration ‘Purpose of a Corporation’ signée par 181 CEO aux États-Unis en août 2019. Dans cette déclaration, les présidents des conseils d’administration s’engagent à gérer leur entreprise de manière à ce que toutes les parties prenantes en bénéficient : clients, collaborateurs, fournisseurs, communautés et actionnaires.
Avec cette crise, le moment est venu de prouver qu’ils sont sérieux, ajoute Zandbergen. « Nous estimons que, dans la mesure du possible, les entreprises doivent entretenir de bonnes relations avec leurs fournisseurs et leurs clients. Nous voulons qu’elles respectent autant que possible les obligations contractuelles. Cela ne signifie pas, par exemple, qu’il faille annuler des commandes déjà mises en production, ce qui transfère la charge au fournisseur. Et plus on s’enfonce dans la chaîne d’approvisionnement, plus les personnes sont vulnérables. »
Perspectives financières à long terme
Zandbergen estime que c’est important non seulement d’un point de vue social, mais aussi dans une perspective financière à long terme. « Si vous avez de bonnes relations avec vos fournisseurs, vous pourrez également revenir à une production normale plus rapidement si c’est possible. »
Une étude menée par Fidelity montre également que les actions durables ont jusqu’à présent obtenu de meilleurs résultats pendant la crise que les actions moins durables. Sur la base de leur propre méthodologie de notation ESG, ils ont évalué 2689 entreprises. La notation va de A à E, A étant la note la plus élevée.
Les données montrent une corrélation positive entre la performance du marché et la notation ESG d’une entreprise, même en cas de crise. Les actions et obligations des entreprises ayant la meilleure notation ESG (A et B) ont en moyenne surperformé celles des entreprises ayant une notation moyenne (C) ou faible (D et E) au cours des 36 jours écoulés entre le 19 février et le 26 mars 2020.
Durant cette période, le S&P 500 a chuté de 26,9 %. Dans l’intervalle, le prix d’une action dans les entreprises ayant une notation ESG Fidelity élevée est tombé en dessous de la moyenne, tandis que celles d’entreprises ayant une notation de C à E ont plus chuté que le benchmark.
Les entreprises durables sont plus performantes
Le tableau ci-dessous montre que les entreprises notées A ont obtenu en moyenne 3,8 points de pourcentage de plus que les entreprises notées E, tandis que les entreprises notées E ont obtenu en moyenne 7,4 points de pourcentage de moins que le S&P 500 sur la période considérée.
Jenn-Hui Tan, Global Head of Stewardship and Sustainable Investing chez Fidelity International, a déclaré : « Notre hypothèse au début de l’étude était que les entreprises présentant de bonnes caractéristiques de durabilité ont de meilleures équipes de direction et devraient donc surperformer le marché même en cas de crise. Les données qui nous sont revenues étayent ce point de vue. »
Tan émet toutefois des mises en garde concernant l’enquête, notamment sur les ajustements pour le bêta, la qualité du crédit et la soudaine reprise du marché. Il est cependant positif : « La preuve d’une relation globale entre solides facteurs de durabilité et rendements forts souligne l’importance de l’analyse des facteurs ESG dans le cadre d’une approche de recherche fondamentale. »