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Au sein de la division belge de BinckBank, les transactions portent pour la première fois davantage sur des ETF que sur des fonds d’investissements. « Nos clients sont en tête d’une évolution qui persiste depuis longtemps déjà à l’échelle internationale. »

Dieter Haerens, président depuis le 1er janvier de BinckBank Belgique, revient sur les précédents mois : « C’était jusqu’à présent une année exceptionnelle. Nous n’avions pas préparé de scénario pour ce qui nous est arrivé entre mars et mai. Nous avions commencé l’année avec plusieurs objectifs clairs. And then happened corona ». BinckBank et Saxo Bank, qui ont fusionné il y a un an, peuvent faire valoir un premier semestre 2020performant pour leur premier exercice commun. La société-mère, Saxo Group, active dans 17 pays en Europe et en dehors du continent, a réalisé au premier semestre de 2020 un résultat net de 71 millions d’euros. La croissance importante du nombre de clients et de transactions boursières réalisées ont fait grimpé les bénéfices opérationnels de 107 % à 309 millions d’euros. Dans notre pays aussi, la banque d’investissement BinckBank a plus que doublé les bénéfices des transactions des investisseurs, même si des chiffres distincts n’ont pas été donnés. Dieter Haerens : « Nous avons rapidement constaté que nos clients devenaient beaucoup plus actifs en bourse, alors que nous avons aussi enregistré un afflux massif de nouveaux clients. Voilà qui a dopé considérablement nos résultats. »

Quel est le profil des nouveaux clients ?

« Ce sont des investisseurs relativement jeunes. À la fin de l’année dernière, l’âge moyen du client de BinckBank était de 45 ans. Cette moyenne est descendue à 39 ans depuis lors. Sur une période de six mois, notre client lambda a donc rajeuni de six ans. Cela montre qu’un groupe important de personnes hésitantes est resté à l’écart, mais la crise a tout de même été l’occasion de faire ses premiers pas en bourse. »

Quel est le degré de popularité des fonds d’investissement à présent ?

« Nous avons fait une constatation significative à ce niveau : par rapport à l’an dernier, nos clients achètent maintenant bien plus d’ETF que de produits de fonds d’investissement. L’année passée, ces derniers avaient encore la cote, mais le point de bascule a été atteint entretemps. Cette évolution est bien entendu perceptible depuis longtemps déjà dans un contexte international, mais il est frappant de constater que dans un pays comme la Belgique, où les fonds d’investissement ont toujours été démesurément forts, les fonds traditionnels doivent peu à peu tomber. Je ne pense pas que cela va encore basculer, car cette évolution se poursuit de semaine en semaine. Et c’est plausible, puisque les ETF constituent assurément une alternative valable pour ceux qui souhaitent investir à prix raisonnable mais avec une forte diversification. »

Le fait que les investisseurs do-it-yourself privilégient les ETF au détriment des fonds est probablement logique. Pensez-vous que cette tendance va également se poursuivre sur l’ensemble du marché ?

« Bien entendu, nous ne sommes pas entièrement représentatifs de la situation qui se déroule au sein des réseaux bancaires traditionnels. Pour l’instant, la probabilité qu’une grande banque recommande des ETF aux investisseurs est sans doute nulle. Mais si j’étais une grande banque, je surveillerais tout de même cette évolution de très près. Je suis convaincu qu’avec notre clientèle spécifique, nous allons tout simplement continuer à devancer une évolution, qui va se poursuivre à bien plus grande échelle. »

Quel est le principal défi pour le secteur financier ?

« Le plus grand défi n’est pas tant l’évolution technologique, mais bien l’approche client. Nous sortons d’une période durant laquelle les produits étaient au cœur des préoccupations. L’ensemble de l’organisation était axée autour des produits et, au risque de vous choquer, au besoin les produits étaient imposés aux clients. Mais depuis une dizaine d’année, c’est le client qui a la priorité absolue. Et même si cela peut sembler un peu creux, cela fait bel et bien une différence dans la manière dont une institution financière s’organise et prend des décisions. »

Qu’est-ce que cela signifie pour les gestionnaires de fonds ?

« Le secteur des fonds, et je pèse mes mots, doit encore faire la transition d’un modèle axé sur la distribution vers un modèle orienté client. Pour présenter des fonds au consommateur, on compte encore principalement sur le réseau de distribution des partenaires B2B. Mais on investit très peu dans l’élaboration d’une marque propre et il n’y a pas de lien évident avec le client final, qui n’a d’ailleurs pas la moindre idée de la raison pour laquelle il devrait choisir un fonds d’une usine de fonds plutôt que d’une autre. C’est bien entendu problématique dans un environnement où ce client final fait de plus en plus ses propres choix. Les fonds d’investissement doivent être très attentifs à ne pas devenir une marchandise. »

BinckBank propose maintenant aussi la gestion autonome de patrimoine. Cela fonctionne ?

« En pourcentages, les entrées sont en forte croissance, mais en chiffres absolus la gestion de patrimoine n’en est qu’à ses débuts. La croissance est néanmois très forte. Par rapport à l’an dernier, les comptes destinés à la gestion patrimoniale se sont multipliés, même si les versements initiaux étaient moins élevés qu’en 2019. Les clients répartissent plus leurs investissements, compte tenu aussi de la volatilité sur le marché. Mais c’est bien un segment sur lequel nous devons continuer à miser, afin d’évoluer ici aussi vers un modèle de bénéfices moins volatil. La crise du coronavirus et l’explosion de l’activité boursière ont été d’importants déclencheurs ces derniers mois, mais ce ne sera pas toujours le cas. Des rentrées durables et plus récurrents, par exemple via des formules d’abonnement, peuvent compenser cela. »

 

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