Orcadia Asset Management a franchi la barre des 1,1 milliard d’euros d’actifs sous gestion. Cela permet au gestionnaire d’actifs d’opérer de manière rentable à partir du Luxembourg. « Les fusions et acquisitions dans le paysage belge n’ont de sens que s’il y a des affinités culturelles. »
C’est ce que déclare Etienne de Callataÿ (photo), cofondateur et président du Conseil d’administration, lors d’un entretien avec Investment Officer. Les actifs sous gestion, supérieurs à 1,1 milliard, sont plus élevés qu’au début de l’année, ce qui est dû selon lui à la bonne performance des SICAV du gestionnaire d’actifs basé au Luxembourg. « Nous avons étendu notre présence auprès des clients institutionnels. Nous sommes bien connus chez les compagnies d’assurance vie réputées, comme Athora, OneLife, Vitis Life et Lombard International Assurance. Nous travaillons également avec certains intermédiaires de plus petite taille, tels que Funds for Good. Nous sommes extrêmement satisfaits de ces collaborations », déclare de Callataÿ.
Performance
L’année a été difficile pour tout le monde, et en particulier pour les gestionnaires équilibrés. « Mais nous sommes relativement satisfaits de nos performances. En termes relatifs, nous surpassons de 1 à 2 points de pourcentage les autres acteurs établis en Europe. Et ce n’est pas un coup de chance, car depuis des années, nous surpassons systématiquement plusieurs banques privées bien connues en Belgique. La constance de la (sur)performance est pour nous très importante. En même temps, nous devons rester modestes : même si les pertes sont légèrement plus limitées que celles de nos concurrents, nous n’avons pas échappé à la forte baisse des marchés cette année. Cet été, nous avons acheté des options put, ce qui a été bénéfique et nous a rapporté 1 point de pourcentage. »
Pourtant, de Callataÿ veut rester discret. Cela signifie qu’avec ses associés, il gère l’entreprise de manière lean and mean, en étant attentif aux petits détails. Il ne faut pas s’attendre à de grandes campagnes de marketing et de publicité. « Je vois encore un grand potentiel de croissance dans les fonds de pension belges. Avec plus d’un milliard, nous avons atteint la masse critique nécessaire. Nous avons bien quelques universités, congrégations et autres comme clients, mais dans ce segment, nous pouvons encore certainement nous développer. Je suis convaincu que notre philosophie de gestion durable ne manquera pas de séduire. »
De Callataÿ mentionne qu’Orcadia a été fondée avec une ardoise vierge et n’a aucun problème pour documenter les clients afin de se conformer à la réglementation. « Nous avons en effet commencé dans un monde où la MiFID existait déjà. Chez nous, il n’y a pas d’héritage de portefeuilles et clients insuffisamment documentés. »
Composition des portefeuilles
Avec des personnes expérimentées comme Günter van Rossem et Eric Lobet (tous deux ex-Banque Degroof avant la fusion avec Petercam), l’allocation d’actifs constitue selon de Callataÿ la grande force d’Orcadia Asset Management. Les portefeuilles sont majoritairement composés de fonds passifs et d’ETF. « À un moment donné, la gestion passive deviendra tellement dominante qu’il y aura des inefficacités à exploiter sur les marchés, mais nous n’en sommes pas encore là. En outre, dans le monde d’aujourd’hui, il est d’ailleurs préférable d’investir dans les grands acteurs établis, qui ont un pouvoir de fixation des prix, plutôt que dans les petites capitalisations. Je suis convaincu que les petites capitalisations offrent une prime de risque supplémentaire, mais nous préférons actuellement les grandes capitalisations. De plus, notre biais durabilité comporte une surpondération des blue chips, car les petites capitalisations n’ont bien souvent pas la même capacité à devenir plus durables ou à répondre aux exigences des agences de durabilité externes. »
Fusions et acquisitions
Hugo Lasat, le CEO de Degroof Petercam, a déclaré dans un précédent podcast avec Investment Officer que les fusions et acquisitions vont fortement augmenter dans le paysage belge. « Il y a en effet des économies d’échelle à réaliser, ce qui encourage la consolidation. Regardez Mercier Vanderlinden, qui est intégré à Van Lanschot Kempen. Mais les fusions et acquisitions ne sont pas la panacée. L’adéquation culturelle, la mentalité et l’esprit d’entreprise doivent également être présents. Nous pouvons fonctionner de manière rentable avec 1,1 milliard.
Nous reversons une grande partie de nos bénéfices aux collaborateurs et offrons en outre 10 % de nos bénéfices à une bonne cause, et plus précisément au fonds Orcadia qui a été créé à la Fondation Roi Baudouin pour soutenir la recherche universitaire sur le lien entre l’environnement et la santé. Des reprises auront lieu, mais le succès d’Orcadia montre qu’il est parfaitement possible d’être très rentable sur une base autonome. »
Orcadia déclare laisser une grande liberté à ses collaborateurs, qui ne travaillent pas dans une structure hiérarchique et sont donc prêts à faire un effort supplémentaire. « Les gens n’ont aucun problème à travailler le soir ou le week-end, mais chez nous, ils ont toutes les chances d’évoluer. Depuis sa création il y a six ans, une seule personne nous a quittés. Les personnes qui sont clientes chez nous sont très heureuses d’avoir un interlocuteur permanent. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas avec les grandes banques », conclut Callataÿ.