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Depuis 2016, l’année du Brexit, le marché actions britannique se comporte chaque année moins bien que l’ensemble du marché actions européen. Maintenant que le Brexit est derrière nous, pouvons-nous enfin espérer un retournement de situation ? 

John Surplice, un investisseur expérimenté qui dirige l’Invesco Pan European Equity Fund depuis la fin du siècle dernier, se montre d’un optimisme prudent. « En partie à cause du Brexit, les investisseurs se méfient depuis des années des actions britanniques. Je considère cela comme l’une des raisons de la sous-performance. » Le fait que la livre sterling ait entamé une hausse progressive depuis l’accord du Brexit trouvé à la veille de Noël (la monnaie est maintenant à son plus haut niveau depuis mai) semble au moins être un signe du lent retour de la confiance. 

Mais cela conduira-t-il directement à une surperformance ? « En période de reprise cyclique, comme celle que nous connaîtrons probablement à partir du second semestre de l’année, lorsque la pandémie sera suffisamment maîtrisée, les actions continentales ont tendance surperformer les actions britanniques. Cela est principalement dû à l’exposition plus importante aux actions industrielles », explique Surplice. 

Vague de fusions et acquisitions

Selon Surplice, c’est une éventuelle augmentation des fusions et acquisitions (M&A) qui offre les meilleures chances de surperformance des actions britanniques. « Les valorisations de nombreuses entreprises britanniques sont extrêmement basses et nous sommes maintenant à un point du cycle du marché que l’on ne voit qu’une fois tous les 20 ou 30 ans. Cela pourrait déclencher une vague de fusions et acquisitions. » Les entreprises étrangères, en particulier, ont été réticentes à acquérir des entreprises britanniques ces dernières années en raison du Brexit, ainsi que le montrent les chiffres de l’office statistique britannique.

Maintenant que le Brexit est derrière nous et que l’incertitude autour du taux de change de la livre a diminué suite à l’accord du Brexit, il devient à nouveau plus intéressant pour les entreprises étrangères d’acquérir une entreprise britannique. Surplice : « De plus, bien que la livre soit passée à 1,13-1,14 ces dernières semaines, elle reste nettement plus faible qu’avant le Brexit. »

Quant aux éventuels candidats intéressants pour une acquisition, Surplice cite par exemple le fabricant de moteurs d’avion Rolls Royce, qui se trouve dans une situation très difficile en raison de la crise du coronavirus. « Ils sont très endettés et ont dû émettre des actions, mais ils ont encore une part de marché de 50 % en ce qui concerne les moteurs d’avions long-courriers, ce qui n’est pas rien. » À l’autre bout du spectre, il y a aussi des entreprises qui ont (parfois littéralement) le vent en poupe, mais dont les prix restent intéressants en raison du faible cours de la livre. « Comme SSE Utilities, une société de services publics qui a de nombreux projets d’éoliennes offshore. Une entreprise européenne d’énergie ou de services publics qui souhaite acquérir une position dans l’énergie éolienne britannique devrait se préparer à ouvrir sa bourse. Les activités restantes pourraient par contre être revendues. »

Reopening plays

De nombreux Européens envient également le succès du déploiement de la vaccination au Royaume-Uni. Surplice, qui vient d’avoir 50 ans, devrait recevoir sa première injection le mois prochain. Dans le reste de l’Europe, la plupart de ses pairs devront certainement attendre encore plusieurs mois. Néanmoins, les investisseurs ne devraient pas tirer trop de conclusions de l’avance prise par le Royaume-Uni en matière de vaccination, estime Surplice. « Nous serons probablement en mesure d’ouvrir l’économie quelques mois plus tôt, mais pour la plupart des entreprises, le fait que cela se produise en mars ou en juin ne fera guère de différence à long terme. » 

En outre, les entreprises qui ont le plus à gagner d’une réouverture rapide de l’économie, comme les pubs (ils sont souvent cotés en bourse au Royaume-Uni) ou la chaîne de restauration rapide Greggs, ne font pas partie de l’indice FTSE 100. Surplice estime que cet indice boursier présente des reopening plays intéressants, mais qu’il bénéficiera surtout d’une réouverture de l’économie dans toute l’Europe. « Nous avons par exemple renforcé notre position dans Easyjet après l’annonce du vaccin en novembre. Mais Easyjet a peu à gagner dans le fait que les Britanniques soient vaccinés aussi rapidement. Bien que la plupart des clients de la compagnie soient britanniques, ils ne peuvent pas prendre l’avion tant que leur destination de vacances est encore fermée. »  

Le cours de l’action de la compagnie a donc chuté depuis novembre. Surplice : « En raison des nouveaux confinements et de la problématique de la vaccination, nous avons plutôt constaté que les bénéfices réalisés en novembre sur le cours de l’action se sont partiellement évaporés. C’est également le cas des banques, par exemple. Celles-ci sont désormais plus faiblement valorisées qu’au plus fort de la crise financière. Mais si on prend du recul et qu’on ne se laisse pas guider par l’humeur du jour, on arrive tout de même à la conclusion que le second semestre s’annonce très bien. »

« 4-5 % de croissance à partir de 2022 »

Surplice s’attend à ce que d’ici l’été, les programmes de vaccination soient suffisamment avancés pour que le reste de l’Europe puisse reprendre peu à peu une vie normale. « Et à partir de ce moment-là, je prévois deux ou trois années de croissance économique solide, d’environ 4 à 5 % par an. » 

Une prévision qui semble optimiste, étant donné que la croissance économique en Europe était d’environ 1 % avant la pandémie. « Je suis en effet optimiste, mais je pense qu’après 13 ans de croissance inférieure à la moyenne, il est temps de rattraper la croissance perdue. » 

À cet égard, le Britannique attend beaucoup du plan de relance européen post-coronavirus. « C’est vraiment un plan de relance massif qui sera débloqué, tel que nous n’en avons jamais connu auparavant. De plus, cette croissance se fera par étapes, et pas quasiment en un coup comme aux États-Unis. Je m’attends donc à ce que l’Europe soit encore à la traîne cette année, mais commence à rattraper son retard à partir de 2022. »
 

 

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