Comme les bénéfices des entreprises augmentent beaucoup plus vite que prévu, les valorisations élevées sur le marché boursier diminuent rapidement. Par conséquent, les actions restent attrayantes.
C’est ce que déclare Natasha Ebtehadj, gestionnaire de portefeuille d’actions mondiales chez Columbia Threadneedle, dans une conversation avec Fondsnieuws. Alors que l’économie est toujours plombée par le corona, des records mondiaux sont battus sur les marchés boursiers. Le boom boursier semble illogique, car la fin de la pandémie n’est pas encore en vue. Vous voyez les investisseurs se débattre avec cela et se demander si les marchés ne sont pas en train d’atteindre un plafond», dit Ebtehadj.
Toutefois, elle estime que la reprise repose sur des fondamentaux solides, car la croissance des bénéfices des entreprises est très forte. C’est notamment le cas aux États-Unis, qui représentent environ 60 % de l’indice MSCI World. ‹Les bénéfices des entreprises américaines ont largement dépassé les attentes pendant cinq trimestres consécutifs et sont bien supérieurs aux niveaux de 2019. Dans la plupart des autres pays, les résultats ont également fortement rebondi pour atteindre les sommets d’avant la couronne».
Les actions ne sont pas chères
La bonne dynamique des bénéfices justifie les valorisations élevées, affirme M. Ebtehadj. L’année dernière, à la même époque, le prix des actions était solide et les perspectives de bénéfices étaient très incertaines. Grâce aux bonnes surprises en matière de bénéfices, les ratios cours/bénéfices ont baissé, ce qui a soutenu le marché boursier».
Elle est également encouragée par le fait que les analystes relèvent sensiblement leurs estimations de bénéfices pour cette année mais les abaissent pour 2022. Le consensus pour 2021 prévoit une croissance des bénéfices par action de 46 % pour les actions mondiales et de seulement 8 % pour 2022. Cela laisse de la place pour des surprises positives en matière de bénéfices l’année prochaine également».
De ce point de vue, M. Ebtehadj ne s’inquiète pas des valorisations relativement élevées du marché boursier. Les actions mondiales se négocient à moins de 20 fois les bénéfices attendus pour les 12 prochains mois et ne sont donc pas très chères. Certainement par rapport aux titres à revenu fixe. Les rendements des obligations d’État allemandes sont toujours négatifs et les écarts de risque sur les obligations d’entreprises sont historiquement très faibles. Les actions restent donc relativement attrayantes.
Elle ajoute que la croissance des bénéfices des entreprises se poursuivra. Le nombre de bonnes surprises en matière de bénéfices a atteint un sommet cette année et va logiquement diminuer, compte tenu également de la progression continue de la variante delta du coronavirus et de l’affaiblissement de la croissance économique mondiale. Mais le consensus pour l’année prochaine semble parfaitement réalisable. Si les bénéfices continuent d’augmenter, les marchés boursiers pourraient également progresser.
Tencent a été vendu
M. Ebtehadj met toutefois en garde contre une éventuelle augmentation de la prime de risque. Les investisseurs sont susceptibles de payer moins cher les actions si les perspectives économiques se dégradent en raison de la pandémie ou si les taux d’intérêt augmentent plus que prévu.
En outre, l’attitude sévère de la Chine à l’égard du secteur technologique pourrait provoquer une correction du marché, selon le gestionnaire de fonds. C’est pourquoi Columbia Threadneedle a récemment vendu sa position dans Tencent, après que les actions aient fait partie du fonds phare Threadneedle (Lux) Global Focus du gestionnaire d’actifs et d’autres portefeuilles d’actions pendant des années.
Le secteur de l’éducation en Chine n’est plus autorisé à faire des bénéfices et nous nous attendons à ce que d’autres secteurs soient également soumis à une réglementation plus stricte. Bien qu’il soit trop tôt pour conclure que le marché boursier chinois deviendra inélégant, les entreprises devront s’adapter au nouveau régime politique. Pour de nombreuses entreprises, il n’est pas évident de savoir à quoi ressembleront les profils de bénéfices dans trois à cinq ans».
Le fonds Threadneedle Global Focus surpondère actuellement les grandes entreprises de technologie, de santé et de consommation aux États-Unis et dans d’autres pays développés. Les trois premières positions sont Microsoft (7,9 %), Alphabet (6,1 %) et Amazon (5,9 %).
Des noms moins connus comme le producteur américain de logiciels de comptabilité Intuit et le groupe médical japonais Hoya font également partie du portefeuille. L’accent mis sur les entreprises de croissance durable a porté ses fruits : depuis son lancement à la mi-2016, les rendements ont atteint en moyenne 18,4 % par an, contre 13,8 % pour l’indice MSCI ACWI.
Nous nous concentrons principalement sur les entreprises de qualité, dotées d’un solide avantage concurrentiel, qui affichent une croissance régulière de leurs bénéfices tout au long du cycle économique. Cela nous place en bonne position dans un environnement caractérisé par l’incertitude liée à la pandémie et à la politique monétaire des banques centrales», déclare M. Ebtehadj.