Soussan (CPR Asset Management) souligne que le fonds qu’il gère peut adopter un profil plus défensif lorsque les conditions de marché l’exigent, en modifiant la répartition sectorielle dans son portefeuille.
Les derniers mois ont mis en évidence les incertitudes au niveau mondial sur les chaînes d’approvisionnement, en particulier au niveau de l’énergie et des ressources alimentaires. « Nous avons assisté ces derniers mois à une inflation très forte des produits agricoles », souligne Stéphane Soussan (gestionnaire de fonds chez CPR Asset Management). « Les prix du blé et du maïs sont désormais deux fois plus élevés que la moyenne sur les dix dernières années ».
Soutien chinois
Ce mouvement a toutefois commencé durant l’année 2020, en raison d’une forte demande en provenance de la Chine. « En 2018, le cheptel porcin chinois avait été décimé par une épidémie. Il a fallu ensuite le reconstituer et le nourrir, ce qui a provoqué une tension croissante sur le soja ou le maïs ». L’invasion de l’Ukraine par la Russie en a ensuite rajouté une couche, ces deux pays étant de grands exportateurs de blé, de maïs et d’huiles végétales.
Cette hausse a soutenu le secteur de l’agriculture en bourse, car les producteurs ont aujourd’hui une incitation claire de produire au maximum de leurs capacités, et d’investir davantage en machines agricoles et en semences. « Tant que le conflit durera, je pense que les prix vont rester élevés, et qu’il faudra au moins deux ans avant de pouvoir compenser le déficit actuel sur le marché ».
Chaine alimentaire
CPR Asset Management propose depuis septembre 2017 CPR Invest – Food For Generations, un produit qui propose aux investisseurs de s’exposer sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, des valeurs exposées sur la production agricole jusqu’au secteur de la restauration. « L’industrie alimentaire va devoir satisfaire aux besoins d’un nombre croissant de personnes, avec une population mondiale qui devrait atteindre 9,7 milliards de personnes à l’horizon 2050 », souligne Stéphane Soussan. « Et dans le même temps, il y a également une pression croissante sur les terres arables et les ressources en eau potable. Il va donc falloir produire plus, avec une approche plus durable ».
Un des facteurs de soutien à cette thématique de long terme est la croissance de la population dans les pays émergents, avec une augmentation du niveau de vie qui entraîne des modifications dans les comportements alimentaires. Dans le même temps, la santé et le bien-être constituent également des tendances alimentaires qui commencent à s’imposer dans les populations, et qui favorise notamment les producteurs de protéines végétales ou de suppléments alimentaires.
Plus de circularité
« A côté, l’industrie alimentaire se doit de devenir plus circulaire pour éviter une poursuite de la déforestation, avec des axes de développement dans l’agriculture de précision pour limiter l’utilisation des engrais là où c’est vraiment nécessaire ; ou dans l’utilisation des emballages en carton qui sont recyclés plus facilement ». Enfin, il pointe également qu’un tiers de la production alimentaire mondiale est aujourd’hui gaspillée, et qu’il existe donc également des voies de développement pour améliorer la gestion des chaînes d’approvisionnement.
Depuis le début de l’année, le fonds a réduit quelque peu son exposition aux groupes spécialisés dans l’e-commerce (par exemple la livraison de repas à domicile) dont les modèles économiques (souvent peu profitables) ont été davantage mis en difficulté par la hausse des taux d’intérêts. « La décélération de l’économie chinoise nous a également amené à réduire notre exposition sur les pays émergents », souligne encore Stéphane Soussan.
Résistance au cycle
CPR Invest – Food For Generations investit sur six secteurs, dont trois sont naturellement plus défensifs (liés à la consommation alimentaire), et trois plus orientés croissance (liés au secteur de l’eau ou de l’agriculture de précision). Depuis son lancement, le fonds a dégagé une performance annualisée de 8,6% de manière relativement robuste, avec une volatilité inférieure à son indice de référence.
« Ce composition sectorielle permet d’avoir un comportement boursier qui va être plus résistant et moins volatil car les secteurs plus défensifs sont un peu plus proéminents dans le fonds. Ce profil défensif nous offre de la flexibilité pour pouvoir positionner le fonds en fonction du cycle ». Depuis le début de 2022, le fonds affiche un recul limité à 12%, qui se compare favorablement à l’évolution des grands indices boursiers comme le S&P500 (-20%) ou l’Euro Stoxx 50 (-19%).
Récession
Pour les prochains mois, Stéphane Soussan estime que le risque de récession économique pourra être compensé par les secteurs plus défensifs du portefeuille (distribution et production de produits alimentaires), qui représentent près de 50% des actifs sous gestion du portefeuille. « Ces dépenses sont relativement peu coupées par une tendance économique moins favorable ».
Consultez l’historique du fonds via Morningstar.