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Les normes techniques auxquelles doivent répondre les informations sur le développement durable sont de plus en plus claires pour les autorités de surveillance européennes, selon un document de consultation très détaillé et comportant de nombreuses formules de calcul. Dans le même temps, les quelque 100 pages de changements proposés exigeraient à nouveau un investissement important en temps et en argent de la part des acteurs du marché.

C’est ce qui ressort du document de consultation publié en avril par les autorités européennes de surveillance (AES) sur le SFDR de niveau 2 à la demande de la Commission européenne, qui comprend l’introduction de nouveaux indicateurs sociaux PAI, ainsi que la clarification de la définition des autres indicateurs et des formules de calcul, et des ajustements aux modèles de prospectus et de documents périodiques prescrits. 

La SFDR exige de toutes les parties actives sur les marchés financiers européens qu’elles soient transparentes sur la manière dont elles intègrent les risques de durabilité dans leurs décisions d’investissement et sur les effets que les risques de durabilité et leur intégration ont sur les produits financiers qu’elles proposent. Depuis deux ans, les acteurs des marchés financiers sont tenus de faire rapport à ce sujet et, depuis cette année, des exigences très détaillées en matière de divulgation précontractuelle s’appliquent selon des modèles prescrits obligatoirement. 

En juin prochain, les acteurs des marchés financiers devront également, pour la première fois, rendre compte de l’impact de leurs investissements selon un modèle prescrit, dans les différentes catégories dites «Principal Adverse Impact» (PAI). Jusqu’à présent, la plupart des 14 PAI obligatoires étaient environnementaux, par exemple l’impact carbone d’un portefeuille d’investissement sur le changement climatique. Cinq indicateurs étaient de nature sociale.

Améliorer les indicateurs existants

Dans le cadre de la révision, les AES proposent d’étendre la liste à quatre indicateurs sociaux obligatoires supplémentaires. Par exemple, les investisseurs devraient également indiquer le pourcentage moyen d’employés dans les entreprises investies qui reçoivent des salaires inférieurs aux salaires appropriés, et le pourcentage d’investissements dans des entreprises qui ne s’engagent pas à ne pas interférer dans la formation des syndicats ou l’élection des représentants des employés.

En plus de ces indicateurs sociaux obligatoires, les autorités proposent également un grand nombre d’indicateurs sociaux facultatifs, par exemple un indicateur sur le pourcentage moyen de personnes handicapées au sein du personnel des entreprises bénéficiaires d’investissements. 

Qu’il s’agisse des nouveaux indicateurs obligatoires ou des indicateurs facultatifs, on peut se demander si les acteurs du marché seront réellement en mesure d’en rendre compte, étant donné que les entreprises ne disposent pas toujours de ce type d’indicateurs ou ne les mettent pas à disposition. L’intégration de ces indicateurs dans un processus d’investissement est coûteuse en temps et en argent, comme l’a montré l’expérience de ces dernières années.

Les indicateurs existants sont également améliorés en ce qui concerne les AES, qui estiment qu’ils «méritent d’être clarifiés ou définis plus clairement», comme elles l’écrivent dans le document. Il s’agit par exemple d’un indicateur dont la mesure sera désormais «exprimée en moyenne pondérée» au lieu de «exprimée par million d’euros», ainsi que d’une distinction entre les déchets dangereux et les déchets radioactifs en les traitant désormais comme deux indicateurs distincts, avec deux formules de calcul différentes.

Quant à ces formules, c’est en tout cas ce qui ressort du volumineux document. Alors qu’auparavant, plusieurs IAP n’étaient pas clairs sur la manière de les calculer, les AES ont maintenant rédigé de nouvelles formules pour les indicateurs IAP qui n’en disposaient pas encore. C’est aussi parce que les participants aux marchés financiers ont demandé cette clarification que les AES ont indiqué dans le document. Dans les documents précédents, ce type de formules et d’exemples de calcul étaient absents ou dispersés dans plusieurs documents. Dans le nouveau document de consultation, les exemples de calcul ont été élargis afin de répondre aux questions du marché, que les autorités abordent en détail dans le document.

Nouveaux modèles

L’industrie reproche souvent aux modèles contenant des informations sur le développement durable que les acteurs du marché doivent ajouter à leur prospectus depuis janvier 2023 d’être longs et inutilement complexes. Dans le document de consultation, les AES suggèrent donc d’ajuster le langage, la présentation et la structure, également pour améliorer la compréhension des investisseurs de détail. 

Selon Ivan aan den Toorn, conseiller politique en matière de durabilité chez Dufas, les AES visent à simplifier et à clarifier les modèles grâce à certaines modifications proposées, même s’il reste à voir si ces modèles sont suffisamment compréhensibles pour les investisseurs. Certaines questions ont été remplacées et reformulées, tandis que d’autres ont été supprimées. Cela pourrait signifier beaucoup de travail pour les parties qui viennent de mettre en œuvre tous les modèles actuels dans leurs organisations.

Si, dans de nombreux domaines, le document de consultation semble apporter les éclaircissements demandés, dans d’autres, il soulève en fait des questions. Par exemple, les AES n’expliquent toujours pas dans quelle mesure les acteurs du marché doivent désormais quantifier tous les IAP obligatoires pour déterminer si un investissement est durable. Aan den Toorn : «Auparavant, le marché estimait que les indicateurs devaient être assortis de valeurs seuils, mais que les acteurs du marché financier devaient déterminer eux-mêmes les valeurs spécifiques. Le document de consultation semble suggérer que les AES voient une plus grande liberté dans la manière d’inclure les PAI, puisqu’il n’y a pas de définition sur la manière de les interpréter davantage.

La Commission européenne a récemment répondu dans une question-réponse sur le sujet que les participants aux marchés financiers devraient mener leur propre évaluation pour chaque investissement, rappelle David Henry Doyle, responsable des affaires gouvernementales et de la politique publique de S&P Global, dans un post LinkedIN sur le sujet. Ce choix politique donne aux acteurs des marchés financiers une plus grande responsabilité vis-à-vis de la communauté des investisseurs et signifie qu’ils doivent être prudents lorsqu’ils mesurent les paramètres clés d’un investissement durable», aurait-il déclaré.

Une autre préoccupation est que certains des ajustements proposés pourraient nécessiter beaucoup de travail, par exemple l’idée d’indiquer la valeur seuil de chaque PAI lors de la détermination de l’ISR. Les prestataires devraient alors parcourir des listes interminables si les valeurs seuils prennent en compte les différences entre les secteurs et les pays, listes dont on peut d’ailleurs se demander si les clients vont les parcourir jusqu’au bout.  

Une question connexe est de savoir à quelle vitesse les changements proposés devraient être mis en œuvre dans leur ensemble. Pour de nombreux acteurs du marché, cet aspect temporel joue un rôle majeur dans leur réponse à la consultation. Bien que les modèles ne soient obligatoires que depuis janvier dernier, ils doivent être modifiés par des amendements législatifs dès septembre. Les modifications fréquentes des annexes coûtent beaucoup de temps et d’argent. Le secteur a jusqu’au 4 juillet pour répondre aux amendements proposés. 

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