Aussi bien dans les banques de détail que dans les banques privées, les robots-conseillers ont un rôle à jouer. Tel est l’avis de Bart Vanhaeren, co-fondateur d’Investsuite.
Jusqu’à l’été dernier, Bart Vanhaeren était CEO de Bolero, la plateforme d’investissement en ligne de KBC. Dans l’intervalle, il a cofondé Investsuite, une start-up qui travaille notamment au développement d’un robot-conseiller destiné aux investisseurs.
«Pratiquement tous les développeurs de robots-conseillers se concentrent directement sur les investisseurs privés. En revanche, nous croyons plutôt en une approche B2B et ne travaillons qu’avec des institutions financières. Les clients n’ont tout simplement pas suffisamment confiance en une start-up inconnue pour lui confier leur épargne. De plus, notre robot-conseiller a beau être bon, nous n’avons pas de réseau de distribution pour vendre notre technologie à grande échelle », explique Vanhaeren.
C’est pourquoi Investsuite se concentre sur les institutions financières pouvant proposer le robot-conseiller sous une marque blanche en tant que service aux clients. Jusqu’à présent, le robot-conseiller est utilisé par le gestionnaire de fortune néerlandais MIJN Effecten. « Il y a aussi 10 à 30 clients potentiels de différents pays dans le pipeline. Dans le secteur B2B, la vente d’un produit ne se fait pas du jour au lendemain. Généralement, il est question d’une période de 12 à 24 mois. »
10 milliards
Si les robots-conseillers sont à la mode et suscitent beaucoup d’attention, ils ne représentent provisoirement qu’une infime partie du marché de la gestion patrimoniale. Il y a en Europe environ 150 robots-conseillers, ce qui représente près de 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion. « Il y a donc encore énormément de potentiel. Surtout quand on sait qu’il y a plus ou moins 10 trillions d’euros sur les comptes d’épargne, ainsi que près de 23 trillions d’euros d’actifs sous gestion », explique Vanhaeren.
Il renvoie également à la réglementation qui, ces dernières années, a imposé beaucoup plus de transparence aux fournisseurs de produits financiers. Cette transparence à propos des rendements et des coûts des produits d’investissement pourrait rendre les épargnants et les investisseurs plus sensibles à des formes de gestion patrimoniale moins coûteuses.
Retail versus private
Bien qu’il considère qu’un robot-conseiller ait un rôle différent à jouer dans les deux types d’institutions, Investsuite cible aussi bien les banques de détail que les banques privées. « Les banques de détail sont déjà fortement confrontées à la digitalisation de la société. De plus en plus d’agences ferment leurs portes, d’où un grand besoin d’applications digitales. L’offre d’investissement doit également être soutenue numériquement », déclare Vanhaeren. Il est également fermement convaincu que les robots-conseillers pourront contribuer à l’activation de l’épargne auprès d’un large public. »
Les épargnants ont encore souvent peur de la bourse, et l’investissement en ligne dans un fonds d’investissement nécessite également quelques connaissances préalables. Un robot-conseiller automatisé peut abaisser le seuil d’accès aux produits d’investissement pour les épargnants, et constituer aussi un moyen pour les banques d’éviter les sorties d’épargne vers d’autres institutions financières. »
Pour les banques privées, Vanhaeren considère le robot-conseiller principalement comme un outil de soutien pour le banquier privé afin de mieux servir ses clients. Par exemple, un module robot peut fournir en temps réel une vue d’ensemble du portefeuille d’investissement, ou permettre au banquier privé d’effectuer certaines simulations à la demande du client. « Les robots-conseillers ne sont pas sur le point de remplacer les banquiers privés. Pour les clients disposant d’un patrimoine important, une approche personnalisée reste cruciale. »
Risque
Vanhaeren estime qu’en Europe, 50 à 70 % des robots-conseillers sont basés sur la théorie de Markowitz, selon laquelle la volatilité est la mesure du risque. « Mais les investisseurs ne sont pas opposés à la volatilité. Par contre, ils ont une aversion à la perte, ce n’est pas exactement la même chose », explique Vanhaeren. L’algorithme d’Investsuite s’appuie donc également sur la méthode VaR, à laquelle il a lui-même donné une nouvelle tournure. « Nous utilisons des modèles mathématiques avancés pour calculer très précisément la perte potentielle d’un portefeuille. Essentiellement, nous relions ce que la plupart des investisseurs perçoivent intuitivement comme un risque. »
Vanhaeren estime qu’en Europe, 50 à 70 % des robots-conseillers sont basés sur la théorie de Markowitz, selon laquelle la volatilité est la mesure du risque. « Mais les investisseurs ne sont pas opposés à la volatilité. Par contre, ils ont une aversion à la perte, ce n’est pas exactement la même chose », explique Vanhaeren. « Pour notre algorithme, nous utilisons des modèles mathématiques avancés pour calculer très précisément la perte potentielle d’un portefeuille. Essentiellement, nous relions ce que la plupart des investisseurs perçoivent intuitivement comme un risque. Par conséquent, un aspect fondamental de notre approche est que nous cartographions le concept de perte absolue, parce que nous sommes convaincus que c’est ce qui tient l’investisseur de détail en alerte. »