
Plus de 100 scientifiques demandent aux Nations unies de dire adieu aux 17 objectifs de développement durable (ODD). Selon les signataires d’une lettre commune, les problèmes du monde ne peuvent être résolus avec la même idéologie qui les a créés.
Les ODD sont un ensemble de 17 objectifs adoptés en 2015 pour répondre aux problèmes sociaux et environnementaux mondiaux. Il s’agit notamment de la faim, du changement climatique et d’une croissance économique équitablement répartie. Si le mode de fonctionnement des sociétés modernes est à l’origine des problèmes que les ODD cherchent à résoudre, nous ne sommes pas surpris que ces mêmes systèmes soient incapables de les résoudre», peut-on lire dans la lettre.
Les scientifiques, mais aussi d’autres experts, estiment que les Nations unies devraient abandonner leur modèle actuel de gestion des crises mondiales. La lettre a été publiée cette semaine dans le journal britannique The Independent. Il a été publié à l’occasion d’une conférence des Nations unies sur la gestion des risques et des catastrophes à Bali.
Les ODD permettent l’écoblanchiment»
Cette lettre a été publiée à un moment où les critiques à l’égard du monde de l’investissement se multiplient également. Les critiques estiment que certains gestionnaires d’actifs et banques utilisent à tort les ODD pour lancer des produits dits durables. Marcel Andringa, directeur de plusieurs fonds de pension, dont le PME, souligne dans une interview accordée à Investment Officer que dans de nombreux cas, on parle effectivement de «greenwashing».
Il voit le danger d’un préjudice d’image pour les parties du marché. Je me sentirais trompé si, en tant que particulier, je pense avoir acheté quelque chose de durable et que cela s’avère être une déception. Car il y a aussi beaucoup de produits sur le marché avec un label vert qui ne le sont pas. En outre, les ODD n’ont jamais été rédigés pour servir de base à des investissements. Il s’agissait d’objectifs destinés au monde entier, et non d’une base pour un portefeuille d’investissement», déclare M. Andringa dans une interview qui sera publiée la semaine prochaine.
C’est un mythe commode
Jim Bendell, spécialiste du changement climatique à l’université de Cumbria, qualifie les ODD d‹ «écoblanchiment systématique» qui, en réalité, compromet les défis. Auparavant, il pouvait être approprié pour les politiciens, les bureaucrates et les individus des organisations qu’ils financent de maintenir un message optimiste selon lequel plus de technologie, de capital et de gestion résoudraient à la fois la pauvreté et la destruction de l’environnement».
Cependant, les rapports des Nations unies montrent clairement qu’il ne s’agit que d’un mythe commode et que des milliards de personnes seraient mieux servies par une analyse sobre de la détérioration de la situation», ajoute M. Bendell.
La lettre appelle les Nations unies à «s’éloigner de l’idéologie superflue du développement durable» pour se tourner vers des programmes de résilience nationale et «mettre fin à la croissance des économies riches».
Il est clair que cette idée n’est pas très attrayante pour les gens de Davos», a ajouté M. Bendell, de l’université de Cumbria, en faisant référence à la réunion du Forum économique mondial qui s’est tenue cette semaine et qui rassemble, pour la 51e fois consécutive, des dirigeants de gouvernements et d’entreprises.
Selon un rapport de Deloitte publié cette semaine, retarder l’action en faveur du climat entraînerait une perte de 178 000 milliards de dollars du PIB mondial au cours des 50 prochaines années, tandis que la réalisation des objectifs de durabilité fixés à Paris générerait 43 000 milliards de dollars de croissance supplémentaire.