Après deux années difficiles, les petites et moyennes capitalisations françaises se trouvent aujourd’hui dans une situation beaucoup plus favorable avec des flux qui se sont normalisés depuis le début 2020.
Les petites capitalisations françaises ont enregistré un fort rebond durant les trois derniers mois, soit une surperformance de 4% par rapport aux grandes capitalisations. Stéphane Pasqualetti (gestionnaire du Keren Essentiels) met en avant plusieurs éléments qui peuvent expliquer ce rebond. Tout d’abord, il constate que les valorisations des petites valeurs avaient progressivement intégré une forte décote durant les deux années précédentes.
Endettement
« Sur base des résultats attendus pour 2021, nous avons encore une décote de 8% pour les small et midcaps françaises par rapport à l’indice CAC40, alors que ces valeurs affichaient traditionnellement une prime importante (de l’ordre de 30% durant les dix dernières années) en raison de leur profil de croissance beaucoup plus élevé. Les valeurs françaises sont également restées en retrait par rapport aux autres pays européens, notamment par rapport aux Nord de l’Europe. Il y a donc aujourd’hui un écart de valorisation important qui devrait pouvoir se corriger ».
Par rapport à la crise de 2008-2009, Stéphane Pasqualetti souligne également que les petites et moyennes capitalisations sont en meilleure santé financière, avec peu de sociétés qui se trouvent actuellement en situation difficile. « C’est un signe très positif qui se rajoute au fait que toutes les sociétés ont souscrit aux prêts garantis par l’état, même si elles n’en avaient pas le besoin. Les sociétés que nous détenons seront en mesure de faire face à leurs engagements financiers durant les prochains trimestres. Nous restons très attentifs à leur capacité pour dégager des flux de trésorerie élevés, qui reflètent leur capacité à pouvoir financer leur développement futur ».
Acquisitions
Le troisième élément qui soutient la performance des petites capitalisations françaises est l’activité importante dans le domaine des fusions et acquisitions, dirigée par les grandes entreprises ou par les grands fonds de private equity. « Sur notre segment, nous avons vu pas moins de onze OPA sur les mois d’été, ce qui est un niveau relativement inédit sur un laps de temps aussi court ».
Enfin, les flux sont aujourd’hui redevenus neutres sur cette classe d’actifs, après avoir été très fortement négatifs durant les deux années précédentes, et entraîné une performance annualisée qui reste encore assez lourdement négative durant les trois derniers exercices (-12,7% pour Keren Essentiels). « Ceci nous permet de passer moins de temps dans la gestion de nos positions et davantage sur la recherche fondamentale des sociétés en portefeuille et d’avoir un horizon à plus long terme ».
Performance
Stéphane Pasqualetti est un gestionnaire expérimenté, actif depuis 2006 sur les marchés financiers, et qui a rejoint Keren Finance en début d’année, après avoir occupé une position similaire depuis 2015 chez UBS Asset Management. La plus forte exposition sur portefeuille est l’éditeur de jeux Focus Home Interactive (pondéré à 6% dans le portefeuille) qui a vu son cours doubler depuis le début de l’année. « Le titre se négocie actuellement à 7 fois le résultat opérationnel attendu pour 2021, soit une décote importante par rapport à d’autres groupes sur ce segment d’activité, avec également des acquisitions qui devraient intervenir durant les prochains mois ».
LDLC (distributeur en ligne de matériel informatique) a également poursuivi son redressement, aidé par le coronavirus et l’explosion du télétravail. « Ici aussi, la valorisation reste encore très attractive ». Stéphane Pasqualetti a également l’opportunité de sortir du marché français et a notamment profité des mouvements de cours de ces derniers mois pour prendre une petite position sur Kinepolis. « La fréquentation des salles obscures va reprendre progressivement, avec des grosses sorties qui devraient reprendre un rythme de sortie plus normalisé d’ici la fin de l’année ».