En principe, les global smallcaps sont les plus durement touchées en cas de sell-off, mais se remettent aussi le plus rapidement. Sachant cela, les investisseurs de cette catégorie tablent sur une volatilité accrue mais aussi sur une surperformance après la relance. Et ce, en particulier pour les fonds gérés par un gestionnaire actif.
Pieter Laan de IBS Capital Allies en fait partie. Pour les clients pour lesquels il effectue la sélection de gestionnaire externe, il a mis de côté trois fonds smallcaps actifs différents pour lesquelles il a de grandes attentes pour le restant de l’année.
Cela s’explique entre autres par la manière dont ce type d’entreprises se concentre sur le monde et l’entreprise. Pieter Laan : “Bon nombre de smallcaps et de start-up s’essaient aux solutions innovantes, ce qui déstabilise les modèles opérationnels en place. Plusieurs smallcaps cherchent en outre des solutions aux problèmes actuels, comme le coronavirus. C’est en partie pour cela qu’elles connaissent souvent une croissance indépendante du cycle économique, ce qui peut les aider à se remettre en selle prochainement. »
Jusqu’à présent, ce n’est pas flagrant, quand on compare le MSCI World Small Cap Index et le « classique » MSCI World. Le premier indice affiche en year to date une perte de près de 23 %, tandis que le compteur du MSCI World s’arrête à -13 % (chiffres du 20 avril). Mais si l’on regarde à plus long terme, on constate que de petites entreprises font généralement plus que compenser ce genre de pertes sur le long terme. En l’espace de vingt ans, l’indice smallcap du MSCI a fait 1,7 fois mieux que l’indice global, si l’on en croit les chiffres de Bloomberg. Pieter Laan : « Les smallcaps affichent certes une baisse plus nette que les largecaps, mais elles se remettent aussi plus rapidement. »

Un univers de milliers d’actions
C’est précisément la raison pour laquelle le responsable de la sélection externe de gestionnaires estime que les smallcaps offrent une valeur ajoutée dans les portefeuilles des investisseurs. En particulier s’il s’agit de fonds à gestion active. Les partisans de la gestion active se bousculent ces derniers temps pour plaider pour cette forme de gestion de fonds, mais là où la plupart des gestionnaires affichent en général un recul auprès de l’indice, c’est bien moins le cas pour les smallcaps. Selon les chiffres de Morningstar, 48 % des gestionnaires de smallcaps ont surperformé par rapport à l’indice au cours des cinq dernières années, et même 58 % en YTD.
Pieter Laan explique cela par le fait que les gestionnaires actifs de cette catégorie peuvent choisir parmi un univers composé de milliers d’actions et que les rapports d’analystes sur cette catégorie sont relativement peu nombreux. Les analystes se soucient souvent peu de ce type d’entreprises, parce qu’elles sont trop petites pour les grands fonds d’investissement et parce qu’elles ne transforment pas leur modèle opérationnel de niche en termes de grandeur.
D’autant plus de travail donc pour les gestionnaires actifs, qui doivent par conséquent s’atteler eux-mêmes à des rapports annuels qui ne sont pas toujours très accessibles ou sont rédigés en anglais, pour dénicher les plus belles perles cachées. Voilà pourquoi ils sont aussi grassement récompensés, estime Pieter Laan. Les trois fonds smallcaps die IBS Capital Allies a mis de côté, le Silvercross Global Smallcap Fund (géré en interne par IBS), le Columbia Threadneedle Global Smaller Companies Fund et le Baillie Gifford Worldwide Discovery Fund, ont par exemple surperformé de respectivement 6 %, 12 % et 25 % jusqu’au 16 avril de cette année. « Si vous faites mieux, vous faites aussi généralement beaucoup mieux dans cette catégorie. L’inefficience est élevée dans cette catégorie. »
Vers les midcaps
La sélection d’un gestionnaire actif est importante, mais comment sélectionner le bon fonds smallcaps ? Pieter Laan évalue de degré de maturité du processus d’investissement ainsi que la composition et l’expérience de l’équipe – « c’est peut-être plus important encore que pour d’autres catégories d’investissements, parce que l’on peut moins compter sur la sell-side research. Voilà pourquoi nous optons résolument pour les gestionnaires qui limitent la capacité de leurs fonds à 2 ou 2,5 milliards d’euros par exemple, avec entre 30 et 40 entreprises en portefeuille de sorte de ne pas toucher au potentiel alpha. Les fonds plus larges que ceux-là ont tendance à s’orienter davantage vers les midcaps. »
Du côté passif, l’offre n’est pas terrible. Pieter Laan : « C’est une catégorie coûteuse pour y construire un ETF, étant donné que les indices smallcap sont souvent très solides, avec des entreprises moins liquides que les grandes actions de cet univers. Acheter des titres pour un ETF est donc onéreux et il n’est pas dit qu’on parviendra facilement à les revendre. »