Pendant la correction la plus rapide et la plus profonde que nous ayons jamais connue, les stratégies ESG ont mieux résisté. C’est ce qui ressort d’un webinaire organisé entre Natixis Investment Managers et ses gérants affiliés, Thematics AM et Mirova.
De l’avis de tous les membres du panel, cette crise a été un ‘asset test’ pour les investissements durables. La mondialisation de l’économie a permis au Covid-19 de se propager plus rapidement. Anne-Laurence Roucher de Mirova déclare que nous devons aussi réfléchir à notre relation avec la nature. « Cette crise appelle également à réfléchir au changement climatique, car il y est lié. Nous devons également réfléchir à notre modèle de société. En effet, les classes à revenus élevés peuvent faire du télétravail, ce qui les rend moins vulnérables à cette crise. Les critères ESG vont au-delà de la simple prise en compte de critères financiers purement factuels. »
Performance
Il a également été mentionné que le Nasdaq évolue en territoire positif depuis le début de l’année. Un des membres du panel a mentionné les entreprises qui tirent plutôt avantage du confinement, comme la télémédecine (Teladoc). Des secteurs tels que le pétrole, le gaz et les produits industriels sont par contre nettement moins performants, tout comme les produits financiers. De nombreux gestionnaires de fonds ont inclus dans leur portefeuille des entreprises des technologies de l’information et le secteur des soins de santé, parce que ces modèles économiques résistent mieux à cette crise. « L’ESG est également lié à la qualité et à la croissance. »
Roucher : « Nous avons obtenu de meilleurs résultats grâce à l’allocation sectorielle, mais dans le volet actions, ce sont surtout la qualité/croissance et les bons choix thématiques qui ont contribué à la performance. L’exposition à des thèmes durables, comme les technologies de l’information, les soins de santé, les énergies renouvelables, l’agriculture durable et l’économie circulaire, a certainement aidé. »
Gestion active
Arnaud Bishop de Thematics AM a mentionné les mérites de la gestion active : « Nous sommes très satisfaits d’appliquer une gestion active et de pouvoir agir sur la base de flux d’informations. Cette crise montrera qu’on ne peut plus ignorer l’ESG. Après la crise, l’intégration ESG deviendra tout simplement mainstream. Maintenant, tout le monde travaille à l’intégration de critères non seulement financiers, mais aussi extra-financiers. Le management des entreprises a désormais la possibilité de démontrer qu’ils appliquent une bonne gouvernance. À mon avis, le ‘S’ d’ESG sera également davantage mis en avant. Sur le long terme, je reste convaincu que les investissements durables continueront à surperformer. »
Roucher reste convaincu des possibilités offertes par l’économie circulaire, l’efficacité énergétique, les soins de santé et les technologies de l’information. « Je pense que nous sommes en plein changement de paradigme, et que notre société est en train d’évoluer. Mais c’est un processus lent, car les investissements durables ne représentent encore que 2,5 % de l’ensemble des actifs. »
Un autre problème délicat est le faible prix du pétrole. Celui-ci pourrait-il compromettre l’avancée des énergies renouvelables ? Roucher n’est pas de cet avis. « Les énergies renouvelables ne souffriront pas de la baisse des prix du pétrole. L’efficacité énergétique restera un thème qui ne sera pas modifié par la faiblesse des prix du pétrole. Elle reste un thème à long terme. Les gouvernements continuent également à soutenir les énergies renouvelables. Et ils continueront à le faire, même si le pétrole est moins cher depuis un certain temps. »
Focalisation pas uniquement sur le ‘E’
Avant la crise, la focalisation était majoritairement orientée sur le E d’Environnement. « Pendant cette crise, l’accent sera également davantage mis sur le S et le G. L’investissement thématique est une première façon d’accéder aux investissements durables. »
Arnaud Bisschop le confirme : « La volatilité doit être considérée comme un point d’entrée, mais la gestion thématique durable continuera à bien performer. »
Roucher : « Les entreprises et le secteur financier font partie de la solution. Ce ne sera pas facile, car il y a toujours cette tension entre les objectifs à court et long terme. Cependant, il faut faire attention au greenwashing, car il y a déjà des gestionnaires qui changent le nom de fonds pour répondre à cette tendance. Ça ne doit pas devenir une hype à court terme. »