Eva Fornadi, Comgest
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Eva Fornadi, equity investor chez Comgest, écume les bourses européennes en quête de nouveaux chefs de file dans tous les secteurs, sans tenir le moindre compte de la tendance du moment. Le fait que les entreprises qu’elle sélectionne performent également bien sur des critères ESG constitue selon la stratège une conséquence logique des exigences strictes qu’elle s’est fixée. Comgest a remporté hier le prix du meilleur gestionnaire de fonds pour les fonds d’actions, lors des Morningstar Awards.

« En tant que gestionnaire de portefeuille bottom-up, j’évite autant que possible les mouvements cycliques du marché. J’opte pour des entreprises innovantes, des chefs de file dans leur niche, qui de ce fait enregistrent par définition de meilleurs scores que le marché. Je pense que mon portefeuille va doubler ses chiffres de croissance en 2018. »

La technologie domine

Le fonds Comgest Growth Europe Opportunities a obtenu un rendement moyen de plus de 15 %, soit 6 % au-dessus de l’indice. Comme Eva Fornadi n’est pas liée à certains secteurs, les acteurs traditionnels tels que les banques sont les grands absents.  « Elles ne peuvent pas offrir les bénéfices que j’attends de ce type de parties. »

« Les entreprises de software qui misent sur les besoins de ces banques offrent quant à elles une valeur ajoutée » , poursuit Eva Fornadi. Une société telle que Temenos propose des applications informatiques qui permet à la banque de ne pas tenir compte du tout de la tendance du moment et de mieux répondre au renforcement de la réglementation. Leur croissance s’élevait à 14% l’an dernier, avec 8% en moyenne pour le secteur. »

Son portefeuille est dès lors très surpondéré avec tout ce qui a trait à la technologie, dont l’e-commerce et les fournisseurs de services de paiement, qui misent eux aussi sur la digitalisation des secteurs traditionnels. Les entreprises ICT représentent toutefois pas moins de 25% du portefeuille, contre 5% dans l’indice européen MSCI

Même cas de figure pour le Healthcare, également surpondéré avec 32,2 %, soit 20 % de plus que l’indice. Eva Fornadi : « Je privilégie surtout les secteurs innovants dans les technologies médicales et la biotechnologie, qui apportent des réponses au vieillissement de la population et aux défis qu’il engendre. Ce type de parties peut parfois présenter une croissance de 30 %, alors que le secteur pharmaceutique traditionnel n’offre que 5 %. »

ESG : le bon sens

Selon la stratège, les acteurs qui investissent eux-mêmes dans la recherche et le développement performent bien dans son portefeuille. « Les nouvelles technologies ne le restent pas. Les entreprises qui continuent à innover savent ce qu’elles font et courent moins de risques de se mettre hors jeu. »

Sur la base de son expérience de la sélection d’entreprises, Eva Formadi constate que si la  de gouvernance d’une entreprise est optimale, cette dernière marquera de manière générale également de bons points sur d’autres facteurs de durabilité.

« Les plus petites entreprises ne disposent généralement pas d’une armada de marketeers pour vanter leur score ESG. Cela ne signifie toutefois pas qu’elles ne sont pas durables. Les investissements qui respectent les critères ESG requièrent une préparation ad hoc, pas uniquement de cocher des cases sur un questionnaire. C’est tout simplement une question de bon sens. Ici en Belgique, on constate que l’ISR constitue la norme, et je ne peux que m’en réjouir.»

Pique-assiettes

Les entreprises sélectionnées peuvent démontrer une croissance qualitative, avec par conséquent une volatilité inférieure de 14,6 % à la référence depuis plusieurs années. Le fonds n’a moins performé qu’au cours des marchés haussiers en raison de l’absence d’investissements cycliques, tout en restant positif par rapport à l’indice, explique Eva Fornadi. « Nous, les managers actifs, ne craignons pas une légère volatilité, car elle correspond à des périodes où nous pouvons démontrer notre valeur ajoutée. »

Le principal défi réside par ailleurs dans la sélection à temps des plus belles perles, car il y a toujours des pique-assiettes pour les entreprises populaires. Il est très frustrant d’assister à l’engloutissement de la énième entreprise de biotechnologie par un géant pharmaceutique, estime Eva. « Je ne suis bien entendu pas la seule à chercher des diamants bruts. Cette concurrence me tient en alerte. Et toujours en position de saisir les meilleures chances. »

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