L’espace n’est pas un thème d’investissement courant, mais c’est peut-être l’une des plus grandes opportunités de notre époque.
C’est ce qu’affirme Rolando Grandi (photo), Gérant du fonds Echiquier Space, La Financière de l’Echiquier. Les fonds thématiques sont de plus en plus populaires, et les voyages dans l’espace sont la «prochaine grande affaire», dit-il.
M. Grandi souligne que l’espace est une catégorie d’investissement relativement nouvelle, mais en aucun cas ancienne, puisqu’elle a vu le jour il y a 60 ans. À cette époque, nous étions en pleine guerre froide et une course à l’espace se déroulait entre les États-Unis et l’URSS. Au début, les voyages spatiaux avaient un objectif militaire».
Pour le gérant de LFDE, le moment est venu d’y investir car la croissance va s’accélérer. En 2020, 1 100 satellites ont été mis en orbite et, cette année déjà, 2 200 s’envoleront vers l’espace. C’est une industrie en plein essor et d’ici 2045, selon Morgan Stanley, le secteur spatial vaudra 2700 milliards de dollars, alors qu’il vaut aujourd’hui 400 milliards de dollars».
Il existe plusieurs catalyseurs pour les années à venir, selon M. Grandi. La réduction du coût des voyages dans l’espace est le facteur le plus important. Aujourd’hui, envoyer un kilogramme dans l’espace coûte entre 2500 et 3000 USD. Il y a vingt ans, c’était dix fois plus. Et elle va manifestement dans la bonne direction puisque, d’ici la fin de la décennie, elle devrait être à nouveau divisée par 10.
Plus les coûts sont bas, plus les possibilités et les opportunités sont nombreuses. Deuxièmement, il y a bien sûr toute l’attention médiatique portée au tourisme spatial. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises vont dans l’espace, comme Rocket Lab et Astra Space, entre autres. Ce tourisme a permis de mieux faire connaître les nombreuses possibilités offertes par l’espace».
Elon Musk
Il souligne également que nous sommes actuellement dans une période de transition grâce à toutes sortes de percées technologiques qui donneront naissance à la prochaine génération de voyages spatiaux, l’espace 2.0. Avec ce fonds, notre objectif est d’anticiper la prochaine génération d’entreprises spatiales. Nous investissons dans l’ensemble de l’écosystème qui se compose de différentes activités. Il peut s’agir de sociétés de lancement, de centres de données, d’opérateurs de stations spatiales privées, etc. Il y a beaucoup de choses à envoyer dans l’espace et beaucoup de nouvelles activités et applications à lancer. En bref, il s’agit de construire toute une infrastructure spatiale».
Et le gestionnaire du fonds spatial n’a que de bons mots pour le chef de SpaceX, Elon Musk. Il est probablement la personne la plus importante pour le secteur spatial en ce moment. Il est le primus en termes d’innovation et son système spatial de nouvelle génération, son programme Starship, est très avancé. Musk est en train de donner le ton à l’industrie. Nous attendons avec impatience l’introduction en bourse de SpaceX, qui donnerait d’ailleurs un coup de fouet à l’ensemble du secteur».
Opportunité d’investissement ?
M. Grandi décrit le voyage dans l’espace comme une technologie perturbatrice et l’une des plus grandes opportunités disponibles aujourd’hui. Toute personne qui croit que l’espace sera source de croissance économique, d’emplois, d’innovation et de création de valeur devrait s’y exposer. Bien entendu, il s’agit d’un segment de marché volatile car il implique des entreprises relativement jeunes et des technologies nouvelles.
Le risque se présente aussi parfois sous une forme différente, par exemple un lancement de satellite qui échoue ou des problèmes techniques permanents qui nécessitent un nouveau satellite. Mais étant donné la vitesse du progrès technologique, les entreprises peuvent aussi se développer plus rapidement. Ce dernier maintient le risque en équilibre. Le gestionnaire souligne qu’il essaie d’apporter le plus de diversification possible au portefeuille en investissant dans différents sous-segments, mais comme l’univers est principalement composé de secteurs industriels et technologiques, il est impossible d’obtenir une diversification aussi importante que dans le MSCI World ou le S&P500. Elle peut toutefois s’élargir à mesure que l’écosystème évolue», ajoute-t-il.
Les entreprises de l’espace 1.0
Enfin, Rolando Grandi tient également à préciser que son fonds n’a guère investi dans les entreprises chinoises, indiennes et japonaises, ni dans les entreprises russes, car elles ont encore trop l’esprit 1.0 : des entreprises publiques trop axées sur les applications militaires et de défense. Ces entreprises perpétuent également l’idée fausse selon laquelle les entreprises aérospatiales ne sont pas durables et se soucient peu de l’ESG, alors que ce n’est pas du tout le cas. Par exemple, de nombreuses entreprises de notre portefeuille privilégient les carburants moins polluants tels que le méthane (GNL) et l’hydrogène, tout en réutilisant leurs fusées autant que possible et en ne laissant aucun déchet spatial derrière elles. Des entreprises comme AstroScale, MDA et d’autres nettoient beaucoup de déchets.
64 mln EUR AUM
Lancé le 31/5/2021
Performance YTD -16,31%