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L’Europe ne doit pas compter sur une reprise traditionnelle.  En raison des effets de second tour, l’inflation s’amplifie d’ici 2023. Et ne comptez pas non plus sur une baisse du prix de l’essence. Au contraire, la véritable crise énergétique viendra l’année prochaine. 

C’est ce qu’a déclaré Carsten Brzeski, responsable mondial de la recherche macroéconomique chez ING et économiste en chef pour la zone euro, lors d’une conférence du groupe d’intérêt CFA/VBA jeudi dernier, dont le thème était «La GAP dans le nouveau système de pension». La crise du gaz reste contenue cette année. Cela s’explique en partie par le fait que le gazoduc russe Nordstream a fourni suffisamment de gaz tout au long de l’année. Mais cela va changer, après le sabotage délibéré de l’oléoduc en septembre.

L’année prochaine, nous nous dirigeons vers une baisse des réserves, en raison d’une diminution de l’offre, mais aussi parce que la Chine (après la crise du coronaire, ndlr) redevient un demandeur de gaz (GNL)», prévient M. Brezski. Il prévoit une diminution de l’offre et une augmentation de la demande d’ici 2023. Il sera difficile de porter les réserves de gaz en Europe à 95 %, comme cette année.

Dans sa présentation, à l’aide de graphiques et de tableaux, M. Brzeski souligne que tous les indicateurs conjoncturels sont en baisse, que si le marché du travail reste stable, cela est dû à la vague de vieillissement qui traverse l’Europe. L’inflation est un sujet très difficile pour l’économiste d’ING : alors qu’aux États-Unis, l’inflation est liée à la «demande», en Europe, il y a une inflation liée à l‹ «offre», dont l’énergie représente 30 %. Cela a des conséquences importantes, notamment pour les revenus les plus faibles, avertit M. Brezski. 

Il se pose la question rhétorique suivante : que va faire le gouvernement ? Intervenir, comme ils l’ont fait en 2008 et en 2020, doute Brzeski. Il y a des limites à ce que le gouvernement peut faire», dit-il. Selon lui, la question de la viabilité de la dette reviendra, tout comme après la crise de 2008. En tant que gouvernement, devez-vous vouloir tout faire ? Non», dit-il, ajoutant que la «destruction créatrice» de Joseph Schumpeter est non seulement inévitable, mais aussi saine à long terme.

M. Brezski considère la guerre en Ukraine comme un «changement de donne». Il prédit la «greenflation». L’évolution vers les énergies renouvelables va s’accélérer. Mais, dans un premier temps, elle s’accompagne d’une hausse des prix, car il faut davantage de ressources fossiles. Selon lui, peu de choses vont changer à cet égard, car «aucun politicien européen n’ose négocier avec Poutine». Les conséquences seront particulièrement graves pour les pays industriels comme l’Allemagne et l’Italie. Il souligne que de nombreuses entreprises envisagent de se tourner vers d’autres pays et régions, notamment les États-Unis, qui sont désormais un exportateur net d’énergie. 

Il prévoit un processus de démondialisation, avec des implications pour les livraisons en flux tendus, le développement de la production dans sa propre région et une pression politique croissante sur les entreprises. Ces trois points feront grimper l’inflation», prévient M. Brezski. 

La récession en Europe sera «légère» pour l’instant. Cette récession entraînera la fin des hausses de taux d’intérêt à la fin de cette année. Mais d’ici la fin de 2023, les taux d’intérêt augmenteront à nouveau, mais ils «ne seront pas aussi élevés que nécessaire». Brzeski affirme que les développements actuels vont provoquer un changement de paradigme en Europe. Des changements structurels sont nécessaires en Europe. Sinon, la reprise sera «sous-optimale», comme le montre l’Europe du Sud à chaque récession et reprise.» Il voit maintenant ce risque pour l’Allemagne, la locomotive de l’Europe, également. 

Le problème est qu’aucun pays n’a encore commencé à opérer des changements structurels», affirme Carsten Brzeski. L’économiste d’ING ajoute, dans les questions de l’Investment Officer, que si sa vision de l’Europe est sombre, celle de l’Allemagne en tant que moteur de l’Europe est encore plus sombre maintenant que les coûts énergétiques seront structurellement élevés et que la dépendance de nombreuses entreprises allemandes vis-à-vis de la Chine est élevée.

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