L’indice Eurostoxx Banks, composé des 26 plus grandes banques européennes, est à son plus bas niveau depuis 1987. La raison en est que les investisseurs sont très préoccupés par la durabilité du modèle économique des banques maintenant que les taux d’intérêt continuent de baisser.
Vendredi, l’indice Eurostoxx Banks a atteint 80,47 points, soit seulement 1,5 point de plus qu’en décembre 1987, lorsque l’indice sectoriel a été lancé. L’indice a chuté de -26,45 % au cours des 52 dernières semaines, dont -4,03 % la semaine dernière. Depuis le début de l’année, la baisse est de -7,55 %.
L’indice Stoxx Europe 600 Banks, plus large, se porte un peu mieux : depuis le début de l’année, la perte est inférieure à 4 %. Cela s’explique principalement par le fait que ce sous-indice inclut des banques situées en dehors de la zone euro, qui ne dépendent pas de la politique monétaire et de taux d’intérêt expansionniste de la BCE.
SGGA : Les banques valent la peine d’être achetées
Les conséquences négatives de cette politique ont été récemment été démontrées par les chiffres du deuxième trimestre d’ABN Amro, Commerzbank et UniCredit, entre autres. Ainsi, les banques européennes se négocient à des cours historiquement bas, parfois même à un tiers de leur valeur comptable seulement, comme c’est le cas pour la Commerzbank. Hamers, le patron d’ING, s’est récemment plaint de la politique ‹lower for longer› de la BCE qui, selon lui, ne fonctionne pas et affecte le modèle économique du secteur.
Pour Richard Lacaille, chief investment officer de State Street Global Advisors (SSGA), le plus bas niveau historique de l’indice Eurostoxx Banks est une raison d’affirmer que les banques européennes valent la peine d’être achetées si l’on compare le ratio cours/valeur comptable. Sans pour autant citer de noms, il a déclaré qu’il est important de faire la distinction entre banques bien et mal gérées, et banques bien et mal capitalisées.
Test KPI : les sœurs les plus faibles
Sur la base de 13 KPI différents, comme la rentabilité et la stabilité, mais aussi la croissance, l’efficacité opérationnelle, le risque, la liquidité et la solvabilité, le consultant Alvarez & Marsal a récemment publié une liste de dix banques basées en Europe se trouvant dans une situation critique. Parmi celles-ci, pas de banques néerlandaises ou belges, mais de grands noms comme Barclays, BNP Paribas, Société Générale, UniCredit, Deutsche Bank et Commerzbank.
Commerzbank a reconnu dans le commentaire des chiffres trimestriels qu’il sera difficile d’atteindre les objectifs de rentabilité pour 2019, tandis qu’UniCredit a déjà revu à la baisse ses projections pour cette année en raison des faibles taux d’intérêt. ABN Amro a également admis que les marges sont sous pression pour cette même raison.
« Pas de Lehman Brothers 2.0 »
James von Motke, directeur financier de la Deutsche Bank, a expliqué à l’Economic Times que les intérêts négatifs lui coûtent directement de l’argent. Ainsi, le dépôt des réserves excédentaires auprès de la BCE coûte 40 points de base à la banque, ce qui équivaut à 400 millions d’euros par an d’intérêts dus.
Dans le même temps, il contredit catégoriquement les rumeurs selon lesquelles la Deutsche Bank serait « Lehman 2.0 » après l’annonce d’une restructuration qui entraînerait la perte de 18 000 emplois. Von Moltke déclare que de nombreuses nouvelles spéculatives sont diffusées à propos de la banque et que celle-ci est « stable, bien capitalisée et dispose d’un bilan très liquide ». Ce dernier point est également confirmé par l’étude du consultant Alvarez & Marsal.
Le cours de l’action de la Deutsche Bank, en revanche, est à son plus bas niveau historique.