Estelle Dolla - Private Corner
Estelle Dolla - Private Corner

La plateforme parisienne Private Corner va tenter de vendre des investissements en actifs privés à des particuliers fortunés belges par le biais de banques privées et de family offices belges. C’est la première fois que l’acteur du commerce numérique interentreprises s’aventure hors de France.

Private Corner commence à rechercher des investisseurs belges pour sa pricaf, un véhicule commun en Belgique permettant d’investir collectivement dans des sociétés non cotées. Les investissements eux-mêmes ont été sélectionnés par Mérieux Equity Partners, qui est affilié à la famille pharmaceutique française du même nom. Concrètement, la pricaf deviendra un fonds nourricier du fonds maître Mérieux Innovation 2, qui investit dans une quinzaine d’entreprises innovantes du secteur de la santé en Europe.

« Ce n’est pas un hasard si notre logo est un maillon de chaîne », explique la CEO Estelle Dolla, cofondatrice de Private Corner il y a cinq ans. « Nous voulons faire le lien entre l’industrie des fonds d’actifs privés et les distributeurs, tels que les banques privées ou les multi-family offices. Grâce à notre plateforme, ces derniers peuvent proposer à leurs clients particuliers des investissements à partir de 100 000 euros qui sont normalement réservés aux investisseurs institutionnels ou aux personnes très fortunées. »

Objectif : 20 millions d’euros en Belgique

Mais un créateur de fonds comme Mérieux ne peut-il pas faire cela directement ?

« C’est bien sûr possible en théorie. Mais nous constatons que de nombreuses sociétés de capital-investissement préfèrent se concentrer sur les investissements et les entreprises elles-mêmes et ne s’intéressent pas au back & middle office de la partie commerciale et du suivi administratif des investissements. Nous assumons ce rôle grâce à notre plateforme entièrement numérique. Nous avons déjà levé plus de 900 millions d’euros en France pour une sélection de fonds disponibles en exclusivité chez nous, à travers plus de 350 partenaires distributeurs. C’est certainement la preuve que nous pouvons apporter une valeur ajoutée dans la chaîne d’investissement. »

Quelle partie de cette chaîne explique les détails de chaque fonds au client final ? « Il peut s’agir du banquier privé après avoir suivi la formation nécessaire, mais dans certains cas, nous le faisons nous-mêmes. »

Le fonds Mérieux Innovation 2 vise à investir 150 millions d’euros dans des sociétés pharmaceutiques et de santé européennes ayant une forte composante scientifique ou technologique. Mme Dolla espère que le fonds nourricier belge sera en mesure de fournir 20 millions d’euros de cette somme. Le choix du format de pricaf, très apprécié des familles d’entrepreneurs belges, s’est rapidement imposé au CEO. « Nous avons l’esprit commercial. Nous vendons ce que les gens veulent acheter. »

Pourquoi la Belgique, et non la Suisse, par exemple, comme premier marché étranger ? « En raison des opportunités », répond Mme Dolla. « Nous savons que les investisseurs belges sont intéressés par le capital-investissement, et plus particulièrement par le secteur pharmaceutique et les sciences de la vie, des secteurs dans lesquels des villes comme Gand, Bruxelles et Liège ont une tradition historique et leur propre écosystème. »

Private Corner, en tant que société de gestion étrangère, détient une licence belge du régulateur FSMA depuis la mi-mai.

Réplication du modèle

La Belgique représente-t-elle un test pour un projet international plus large ? « Oui, car notre ambition est de répliquer notre modèle au-delà des frontières françaises à l’échelle européenne, même s’il faudra bien sûr toujours tenir compte des spécificités locales. L’expansion en Belgique est une étape importante pour nous. Nous menons des discussions au Luxembourg et des pays comme la Suisse, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne sont également dans notre ligne de mire. » 
Le défi à court terme pour Private Corner est clair : convaincre le réseau de distribution belge de sa valeur ajoutée. Même si la plateforme elle-même est entièrement numérique, pour les premiers contacts, Mme Dolla est tout à fait disposée à se rendre en Belgique pour des réunions exploratoires en face-à-face avec des banques privées ou des family offices. « Car malgré toute la technologie, la gestion des actifs reste toujours une affaire de personnes et de contacts personnels. »

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