Depuis l’accord de Paris sur le climat, les plus grands gestionnaires d’actifs du monde ont augmenté de 20 % leur participation dans les producteurs de charbon.
Tel est ce qu’affirme le think tank britannique InfluenceMap sur la base d’une étude portant sur les intérêts des plus grands gestionnaires d’actifs mondiaux dans 300 producteurs de combustibles fossiles tels que le pétrole, le gaz et le charbon. Ensemble, leurs intérêts représentaient en 2017 30 % des émissions mondiales de CO2 attribuables à l’énergie.
Pour exprimer l’intensité carbone des investissements en chiffres, InfluenceMap a divisé le total des actifs gérés par les gestionnaires d’actifs par les réserves carbone des entreprises dans lesquelles ils investissent. BlackRock possède ainsi les portefeuilles les plus intensifs en charbon, suivi de Vanguard, J.P. Morgan et State Street. Le Groupe Allianz et UBS affichent les portefeuilles les plus pauvres en charbon. Tous deux ont décidé très tôt de ne plus investir dans le charbon.
Il est frappant de constater que l’intensité carbone des investissements passifs de BlackRock est deux fois plus élevée que la moyenne, alors que celle des fonds gérés activement se situe juste en dessous de cette moyenne. BlackRock n’a pas renoncé à l’investissement dans le charbon, mais le plus grand gestionnaire d’actifs du monde s’attaque activement aux risques climatiques par le biais d’entreprises engagées.
Investissement passif
InfluenceMap n’exclut pas la possibilité que l’intérêt accru des gestionnaires d’actifs pour le charbon puisse être dû au passage à l’investissement passif. Au cours des deux dernières années, deux producteurs de charbon ont ainsi rejoint le populaire indice Russell 2000. Sans l’aide des fournisseurs d’indices, il sera difficile de réduire la part du charbon dans les portefeuilles, conclut le think tank.
D’autres conclusions frappantes de l’étude sont que malgré l’engagement d’Axa à ne plus financer le charbon d’ici 2015, l’importance du gestionnaire d’actifs français dans la matière première noire a doublé entre 2016 et 2018. Ce dont la filiale AllianceBernstein est largement responsable, estime InfluenceMap.
De plus, certains fournisseurs d’ETF semblent parfois faire preuve de créativité dans l’utilisation de termes tels que ‘sans combustibles fossiles’ ou ‘à faible intensité carbone’. Deux ETF ‘sans combustibles fossiles’ de State Street investissent solidement dans les combustibles fossiles. Les ETF d’autres fournisseurs portant des noms tels que ‘low carbon’ et ‘fossil fuel reserves free’ ont parfois des intérêts considérables dans des entreprises disposant de stocks de combustibles fossiles.