Juan Nevado, M&G
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Juan Nevado, gestionnaire du fonds mixte M&G (Lux) Dynamic Allocation Fund, est convaincu que le temps de la grande rotation sectorielle vers la valeur est venu. Il a donc aligné son portefeuille géré tactiquement en conséquence. Il évite presque totalement la technologie américaine.

Aujourd’hui, 40 % du portefeuille est constitué d’actions, ce qui représente pour ainsi dire une pondération neutre pour le fonds. En raison de l’amélioration des chiffres macroéconomiques (notamment l’augmentation significative de la production industrielle), de la victoire de Biden et du déploiement des vaccins, une reprise économique au second semestre est plus probable. « Les marchés les moins chers seront peut-être les plus performants. Il s’agit de certains marchés asiatiques comme la Corée, Taïwan, le Japon et Singapour, mais aussi de certains marchés européens, comme les bourses allemande et espagnole, ainsi que, bien sûr, de très nombreux marchés émergents. Et il ne faut pas non plus oublier le marché boursier britannique, qui est fortement axé sur la valeur. Les actions minières, qui sont très sensibles à la forte hausse des matières premières, devraient également bien performer. »

Le gestionnaire est convaincu que nous n’en sommes qu’aux premiers stades de la rotation sectorielle vers la valeur. « Ce mouvement a incontestablement reçu une impulsion supplémentaire maintenant que les démocrates ont acquis la Chambre et le Sénat. Il est évident qu’il y aura encore une plus forte impulsion fiscale qu’auparavant. Et au Royaume-Uni comme en Europe, grâce au fonds de relance, les gouvernements feront circuler de l’argent. Cela remplira les poches des consommateurs qui, à un moment donné, mettront cet argent supplémentaire en circulation. » Pour son portefeuille, Nevado a donc résolument opté pour des segments de marché de valeur et sensibles aux cycles :

« Nous avons une préférence pour la santé et la banque, des secteurs de valeur typiques, et compte tenu des perspectives de reprise économique mondiale, le secteur bancaire est notre principale surpondération. La valeur est vraiment bon marché par rapport à la croissance, et les actions non américaines en bénéficieront particulièrement. » Le gestionnaire espère que la rotation vers la valeur se manifestera pleinement dans les six prochains mois. « Et si nous sommes dans le bon, il s’agira de réduire à nouveau cette exposition au second semestre. » 

Technologie américaine : une bulle en devenir

En octobre dernier, Juan Nevado avait augmenté sa position en actions américaines à 15 % au vu de l’amélioration des chiffres macroéconomiques et de l’augmentation de l’attractivité de la valorisation moyenne. Il avait alors même investi davantage dans la technologie américaine. « Mais ces dernières semaines, nous avons inversé la tendance et ramené notre position en actions américaines à 10 %, et avons presque complètement éliminé notre présence dans le secteur technologique américain, qui s’est extrêmement bien comporté, pour arriver à 1 % de notre portefeuille à peine. » 

« Cependant, une grande partie du secteur technologique américain semble se mettre à former une bulle et la valorisation moyenne s’emballe. » Il estime que c’est un signe indiquant que la croissance des bénéfices dans le secteur technologique, qui dépassait encore la moyenne du marché au cours du premier semestre 2020, est maintenant déjà en retard de plusieurs mois sur le reste du marché. Il estime donc qu’il est dangereux de surpondérer ce secteur. Nevado souligne que la technologie dans son ensemble affiche encore une pondération de 6,5 % dans le portefeuille : « La plupart des entreprises technologiques viennent de l’extérieur des États-Unis et sont situées notamment en Corée, à Taïwan et en Chine, où la technologie est beaucoup moins chère. »

Rétrospective

Nevado porte également un regard rétrospectif positif sur l’année 2020, qui s’est avérée être pleine de surprises. Mais grâce à sa gestion tactique, il a tout de même réussi à clôturer l’année indemne et avec un rendement légèrement positif. Il déclare clairement que l’élaboration de perspectives économiques est en fait une perte de temps car « il y a toujours de nouvelles surprises, et 2020 l’a prouvé ».

Il a également été impressionné par la rapidité avec laquelle les marchés ont évolué en mars, lorsque la pandémie a frappé. « Une grande partie de la volatilité est liée à la psychologie ou à la façon dont les gens se sentent et agissent. En mars, il y a eu une grande panique et les investisseurs ne voulaient soudain plus prendre de risques. Les investisseurs ont vendu le risque non parce qu’ils craignaient une récession, mais parce qu’ils avaient peur de perdre de l’argent. La finance comportementale à son maximum ! » Il a également trouvé étonnant que des actifs sûrs en Occident aient été touchés. « Les rendements des obligations d’État ont augmenté parce que les gens voulaient des liquidités et du cash immédiatement. Il était étonnant que les taux d’intérêt aient augmenté lorsqu’une récession s’est soudainement esquissée. » Au final, 2020 a été une leçon d’humilité.
 

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