mariaklein.png

Aujourd’hui, tout est placé sous le signe du coronavirus et ses conséquences, et on pourrait avoir l’impression que l’ESG (Environnement, Social et Gouvernance) et la durabilité ont été complètement relégués en arrière-plan et n’ont été qu’un phénomène de mode éphémère. Absolument pas, déclare Maria Municchi, gestionnaire du fonds M&G (Lux) Sustainable Allocation Fund et active au sein de l’équipe Multi Asset du gestionnaire d’actifs britannique. Une fois que le virus aura disparu du front, l’ESG deviendra encore plus important, affirme-t-elle. 

Tout en vente

Les entreprises ayant un solide trackrecord en matière d’ESG n’ont pas dépassé la moyenne du marché au plus fort de la crise. Et l’indice MSCI World ESG Leaders, composé des entreprises ayant le plus d’antécédents en matière d’ESG, a chuté aussi fortement que l’indice MSCI World plus large. Cela n’a donc pas fait beaucoup de différence pour les investisseurs. Pour Municchi, il ne faut pas chercher l’explication bien loin. « Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas une crise normale, car nous avons assisté à une fermeture totale et abrupte de l’économie. Nous avons dû faire face à une crise de liquidité, le marché a été pris de panique et tout a été mis en vente. Avec la volatilité accrue, l’accent a très vite été mis sur le court terme. »

Mais la gestionnaire de M&G est convaincue que dès que les investisseurs auront repris pied et auront une vision plus positive de l’avenir, ils feront plus que jamais la différence sur la base de l’ESG. « Il ne faut pas oublier non plus que les entreprises qui tiennent compte de ces critères émergeront à moyen terme et obtiendront de meilleurs résultats que la moyenne. Il ne fait aucun doute qu’à un moment donné, les investisseurs réévalueront le profil ESG des entreprises à sa juste valeur. »

Municchi a profité des énormes mouvements de cours pour sélectionner pour ses fonds des entreprises excellant en matière d’ESG qui avaient longtemps été surévaluées et dont les prix étaient soudainement devenus attractifs. « Nous voyons surtout beaucoup de potentiel dans certains domaines des soins de santé, comme les assurances et les diagnostics. » Ces dernières semaines, elle n’a pas non plus perdu de vue les obligations vertes (des obligations dont le produit doit être affecté à des fins durables). « Nous avons pu acheter plusieurs obligations à des conditions intéressantes. »

La durabilité reprendra le dessus

Mais maintenant que beaucoup d’entre elles sont en mode de survie, les entreprises ne risquent-elles pas d’avoir aujourd’hui d’autres priorités ? « À court terme, elles vont peut-être changer un peu d’orientation, mais à moyen terme, elles n’ont pas d’autre choix que de garder leurs objectifs ESG à l’esprit. Et cela deviendra encore plus important après la crise du coronavirus, car les défis n’auront pas changé. Mais ne vous y trompez pas : l’ESG n’a pas disparu. La manière dont les entreprises traitent leurs employés dans la crise actuelle indiquera bientôt lesquelles d’entre elles sont sur la bonne voie et lesquelles ne le sont pas. »

Municchi est convaincue que certains des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui permettront de garantir qu’à l’avenir, l’accent sera encore davantage mis sur les objectifs importants à long terme. « En raison de l’impact soudain et énorme du coronavirus, il est possible que d’autres événements potentiellement disruptifs, comme le changement climatique, soient pris beaucoup plus au sérieux. » Elle espère également qu’il y aura plus de travail à long terme, ce qui pourra entraîner une dynamique radicalement différente de la précédente.

Quid de l’UE ?

Pour la gestionnaire de M&G, les Objectifs de développement durable des Nations unies (l’organisation en a établi 17) constituent une excellente base sur laquelle greffer les objectifs ESG à long terme. Cependant, elle n’ignore pas que certains de ces objectifs sont sous pression en raison de la crise actuelle. Maria Municchi s’arrête notamment sur l’objectif numéro 16 des Nations unies, ‘paix, justice et institutions efficaces’. « Nous nous trouvons actuellement à un tournant important concernant l’Union européenne.

D’une part, il peut s’agir d’un tournant positif, avec une approche (fiscale) coordonnée de la crise renforçant l’institution. D’autre part, nous constatons que les frontières sont fermées et que c’est chacun pour soi. L’UE peut-elle survivre à cette crise ? Si elle devait en sortir bafouée, ce ne serait pas une bonne chose. »

Author(s)
Categories
Target Audiences
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No