Moonfare, l’une des premières entreprises à avoir adopté une stratégie ELTIF 2.0, entend mettre en place un mécanisme spécial de liquidité secondaire qui permettra aux investisseurs de liquider leurs participations avant l’échéance du fonds. Cependant, la liquidité n’est pas garantie.
Le mécanisme d’appariement, une nouveauté, sur le marché européen des fonds d’investissement à long terme, rendue possible par la mise à jour du régime ELTIF (European Long-Term Investment Fund) de l’UE, entrée en vigueur le 10 janvier, répond aux préoccupations des investisseurs quant à l’éventualité de ne pas être en mesure de vendre leurs investissements par manque de liquidité.
Moonfare, une plateforme de capital-investissement basée à Berlin et gérant 2,7 milliards d’euros, travaille avec des banques privées et des gestionnaires de patrimoine du monde entier afin de proposer des investissements en capital-investissement à des investisseurs fortunés. Au Luxembourg, par exemple, Moonfare collabore étroitement avec Quintet Private Bank, qui inclut également InsingerGilissen aux Pays-Bas et Puilaetco en Belgique. Les clients de Berenberg et de Fidelity ont également accès à la plateforme Moonfare.
La plateforme existante de Moonfare – utilisée aujourd’hui par environ 4000 clients répartis dans 22 pays – comprend un marché secondaire destiné aux investisseurs professionnels en capital-investissement. Via cette plateforme, elle organise un marché secondaire numérique semestriel, une vente aux enchères structurée permettant aux investisseurs professionnels à la recherche de liquidités de vendre de manière anticipée leurs allocations à d’autres membres ou au partenaire institutionnel de Moonfare, Lexington Capital, un spécialiste des marchés secondaires (investissements en capital-investissement cédés) basé à New York et gérant 75 milliards de dollars.
Ticket minimal de 10 000 euros
Moonfare étend maintenant sa plateforme au marché des ELTIF européens, où les investisseurs particuliers peuvent également réaliser des investissements à long terme en capital-investissement. Les spécialistes des ELTIF considèrent également l’utilisation de tels mécanismes d’appariement comme une solution appropriée pour la problématique largement débattue de la liquidité. La solution proposée par la Commission européenne – le tableau de liquidité dans le projet actuel de RTS de niveau 2 – est controversée.
« Notre mission a toujours été de démocratiser le capital-investissement, et le régime ELTIF 2.0 nous permet d’ouvrir cette classe d’actifs aux investisseurs particuliers éligibles », a déclaré Steffen Pauls (photo), fondateur et CEO de Moonfare, dans un communiqué de presse.
Moonfare est ainsi l’une des premières entreprises à lancer une stratégie ELTIF 2.0. ciblant les investisseurs particuliers éligibles dans toute l’Europe. L’entreprise indique que la stratégie comprendra des participations directes dans des fonds de capital-investissement tiers, ainsi que des co-investissements dans des entreprises rentables. Le montant minimum pour réaliser un investissement par l’intermédiaire de Moonfare est de 10 000 euros.
Cette stratégie sera principalement basée sur des transactions de rachat d’entreprises établies et rentables, ainsi que sur des opportunités dans des segments en croissance. Les investisseurs particuliers éligibles pourront ainsi investir aux côtés d’investisseurs institutionnels et de gestionnaires attestant de dizaines d’années d’expérience et d’un historique de surperformance avéré dans des fonds exigeant habituellement un ticket minimal de 10 millions de dollars.
Moonfare profitera donc de la possibilité offerte par le régime ELTIF 2.0 d’utiliser des structures de fonds de fonds, qui offrent un niveau de diversification plus élevé et donc, des rendements potentiellement plus stables pour les investisseurs novices en matière d’investissement sur le marché privé. L’exposition sera fortement diversifiée en termes de secteurs, de régions et de gestionnaires, avec en portefeuille plus de 50 entreprises sous-jacentes attendues.
La liquidité reste un sujet de discussion
Lorsqu’il s’agit de proposer du capital-investissement aux investisseurs particuliers, la liquidité, ou plutôt son absence, est perçue comme un obstacle majeur. Les régulateurs financiers craignent que les investisseurs privés, à la différence des investisseurs institutionnels, ne rencontrent de sérieux problèmes s’ils ne parviennent pas à vendre leur allocation avant l’échéance d’un fonds privé, période qui s’étend généralement sur huit à dix ans.
Le débat entre les régulateurs de l’UE sur le traitement de la liquidité dans le cadre du régime ELTIF 2.0 actualisé n’a pas encore abouti. L’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) a soumis une proposition juste avant Noël. Cependant, cette dernière est jugée inapplicable par le secteur en raison d’un délai de préavis obligatoire de 12 mois pour les rachats de fonds. Des délais de préavis plus courts sont possibles si un fonds alloue une partie de ses actifs à des investissements liquides cotés en Bourse. Les investisseurs devraient alors payer des frais de capital-investissement relativement élevés pour un fonds investissant également dans des actifs cotés.
La Commission européenne est en train d’examiner la proposition de RTS soumise par l’AEMF et communiquera sa position dans les prochaines semaines. Des experts juridiques spécialisés dans les ELTIF ont entre-temps indiqué que l’utilisation de mécanismes d’appariement des liquidités, tels qu’annoncés actuellement par Moonfare, pourrait constituer une solution alternative aux problèmes de liquidité.