Protégez votre portefeuille avec des options, un peu d’or et quelques obligations d’État américaines. Mais surtout, concentrez-vous sur les valeurs cycliques, qui bénéficient d’une forte reprise économique.
C’est ce que déclare Andrew Harmstone, responsable Global Balanced Risk Control chez Morgan Stanley, lors d’un entretien avec Fondsnieuws. De nombreux investisseurs se cassent la tête à ce sujet : comment pouvons-nous encore augmenter le rendement du portefeuille dans le contexte actuel de faibles taux d’intérêt ? Et les obligations d’État font-elles toujours office de valeur refuge dans les portefeuilles d’investissement neutres ?
En effet, au plus fort de la crise du coronavirus à la mi-mars, les obligations d’État américaines à 30 ans ont été vendues massivement, alors que le S&P 500 a perdu environ 30 %. En d’autres termes, la traditionnelle fonction tampon des bons du Trésor n’a pas fonctionné correctement. Les investisseurs devraient-ils dès lors retirer les obligations d’État sûres de leurs portefeuilles ?
Pour Andrew Harmstone, cela va trop loin : « Les obligations d’État américaines ont rapidement repris après la petite vague de ventes et ont bien performé cette année. Elles ont en fait donné les résultats escomptés et offert une meilleure protection à la baisse que les autres titres à revenu fixe. » Mais les perspectives pour 2021 sont nettement moins favorables. Morgan Stanley table sur une croissance économique mondiale synchronisée, grâce à la diminution des incertitudes et au déploiement des vaccins contre le coronavirus.
« Nous nous attendons à un environnement de reflation et voyons les taux d’intérêt américains à 10 ans dépasser 1,1 %. Avec un risque haussier si l’économie se rétablit plus rapidement que prévu », explique Harmstone. Pour les bons du Trésor à 30 ans, cela s’annonce probablement pire encore. Mais malgré notre vision selon laquelle les rendements augmenteront l’année prochaine, des surprises économiques négatives ne peuvent jamais être exclues. Dans ce cas, un mouvement inverse se produira et les rendements diminueront encore. C’est pourquoi les obligations d’État méritent encore une place dans les portefeuilles. »
L’or comme couverture contre l’inflation
Morgan Stanley s’attend à ce que le PIB américain revienne aux niveaux d’avant la crise du coronavirus d’ici la fin 2021 et à ce que l’inflation dépasse temporairement l’objectif de la Réserve fédérale. D’autre part, il est question de mesures d’incitation fiscale moins importantes. De plus, selon le gestionnaire d’actifs, la hausse modérée du coût du logement limite les pressions inflationnistes. « À plus long terme, une réduction des écarts de production et une évolution des tendances de la mondialisation vers une orientation plus locale favoriseront vraisemblablement un retour à une inflation plus élevée », estime Harmstone.
Ce qui, selon lui, fait de l’or un investissement intéressant, compte tenu également de la baisse de l’exposition aux obligations à long terme. « Bien que l’or ait déjà bien performé cette année, nous avons tendance à le conserver à titre de diversification et de couverture géopolitique et inflationniste. Lorsque l’inflation reprend plus fortement que prévu, l’or constitue une couverture beaucoup plus efficace que les obligations à long terme. »
Les obligations d’État chinoises et d’autres marchés émergents offrent encore des rendements réels positifs, contrairement à la plupart des marchés obligataires développés. Harmstone : « L’inflation en Chine est faible et n’augmentera que légèrement en 2021. Il ne faut donc pas s’attendre à une hausse des taux d’intérêt et les liquidités resteront abondantes. Bien que des rendements plus élevés soient possibles dans d’autres pays émergents, ils sont également plus risqués. Les obligations chinoises restent donc relativement attrayantes. Néanmoins, nous ne considérons pas les obligations chinoises comme une alternative aux bons du Trésor et aux Bunds, mais comme une diversification dans un portefeuille d’obligations traditionnel. »
Obligations d’entreprises vulnérables
En outre, les obligations d’entreprises investment grade sont actuellement moins adaptées pour remplacer en partie les obligations d’État sûres. « Nous trouvons le segment investment grade coûteux et ne voyons guère de place pour une nouvelle diminution des écarts de risque. Sur le marché du haut rendement, les spreads pourraient cependant bien encore diminuer », déclare Harmstone.
Outre l’or, Morgan Stanley utilise également des options pour protéger les portefeuilles contre les risques inattendus.
Actions européennes
En excluant les effets de change, Morgan Stanley prévoit un rendement net de -2 à +5 % sur les titres à revenu fixe en 2021. Les obligations à long terme offriront vraisemblablement un rendement négatif. La situation paraît nettement plus intéressante pour les actifs à risque. Malgré les valorisations élevées, Harmstone est optimiste sur les actions. « La reprise attendue de l’économie mondiale en 2021, la disparition des incertitudes politiques mondiales et la toute nouvelle rotation vers les actions cycliques et de valeur soutiennent les marchés actions. »
Bien que les investisseurs aient déjà anticipé une reprise des bénéfices, le stratège voit encore des opportunités d’investissement intéressantes. « Les actions de certains marchés émergents, comme l’Amérique latine, peuvent offrir des rendements à deux chiffres, surtout si nous atténuons le risque de change. Sur la base des niveaux de cours actuels, de faibles rendements à deux chiffres sont possibles pour les marchés actions développés. Ici, nous attendons prudemment une correction avant d’élargir nos positions. »
Harmstone indique observer une rotation des actions de croissance vers les actions de valeur et les secteurs cycliques. « Nous sommes donc négatifs sur les actions de croissance américaines, compte tenu également de la combinaison de valorisations relatives extrêmes et de la perspective d’une croissance économique plus rapide en 2021. » Selon lui, une croissance plus forte rendra probablement les investisseurs moins disposés à payer une prime importante pour les actions de croissance, surtout maintenant que cette prime est plus élevée que jamais. « Nous sommes particulièrement positifs sur les catégories qui pourraient bénéficier de cette rotation, comme le secteur financier mondial, les actions d’Amérique latine, les actions européennes et en particulier allemandes, et les petites capitalisations américaines, qui ont le vent en poupe. »