Depuis le début de l’année, les actions des marchés émergents affichent des performances inférieures à celles des actions des marchés développés. En cela, 2020 n’est pas un cru exceptionnel : au cours de la décennie écoulée, les marchés émergents sont restés dans l’ombre de la sphère développée sept fois. Si la Chine fait exception cette année, les pays d’Amérique latine sont les cancres du classement.
Pour le top 5 de cette semaine, Ronald van Genderen, analyste chez Morningstar, étudie les fonds d’actions des marchés émergents ayant affiché les meilleures performances sur le premier semestre 2020.
La sphère dans son ensemble a une nouvelle fois déçu sur les six premiers mois de l’année : avec un recul de 9,84 % en euros, l’indice MSCI EM accuse un net retard sur le MSCI World, qui n’a abandonné que 5,82 %. Sur les trois premiers mois de l’année toutefois, alors que le coronavirus prenait l’ampleur d’une pandémie et touchait de plein fouet les marchés financiers, les marchés émergents faisaient encore relativement belle figure par rapport à leurs homologues développés.
Au cours du deuxième trimestre, la plupart des marchés d’actions internationaux se sont redressés. Mais les marchés émergents sont une nouvelle fois restés à la traîne, et sous-performent donc fortement au premier semestre. Et sur sept des dix dernières années, l’indice MSCI EM a fait moins bien que le MSCI World.
Des performances très hétéroclites
Mais ce constat reflète des réalités très disparates – car cette année, les performances des différents marchés émergents divergent fortement. Ainsi, la Chine, où le coronavirus est apparu, figure parmi les fleurons mondiaux. Au premier trimestre, l’indice MSCI China a abandonné 8 % seulement, pour regagner près de 13 % sur les trois mois qui ont suivi. Sur six mois, il s’est donc adjugé près de 3 %.
L’Amérique latine affiche un tableau très différent. En début d’année, les marchés d’actions y ont été malmenés. Le Brésil, le plus touché, a cédé près de 50 %. La propagation du virus est loin d’être maîtrisée, mais le marché s’est fortement redressé au deuxième trimestre, gagnant 20 %. Sur le premier semestre de l’année, il accuse toutefois un recul de près de 39 % et figure parmi les cancres mondiaux.
D’autres pays de la région, comme le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou, ont su limiter le recul des cours, mais ont aussi connu un redressement moins marqué. Ils se classent donc aussi parmi les moins bons élèves de 2020.
Le top 5
Le top 5 de cette semaine est consacré aux fonds d’actions des marchés émergents ayant affiché les meilleures performances sur le premier semestre 2020.
C’est Morgan Stanley, avec le fonds Emerging Leaders Equity, qui occupe la tête du classement. Le fonds est géré depuis 2015 par Vishal Gupta, qui a constitué un portefeuille concentré d’une trentaine d’entreprises susceptibles de tirer largement parti des thèmes de croissance dans les marchés émergents.
Ces entreprises ne sont pas forcément établies dans les marchés émergents ; les sociétés américaines NVIDIA, Visa et Nike ont ainsi leur place en portefeuille. Avec un bond de 61 % depuis janvier, la première a nettement contribué au résultat du fonds. Le portefeuille inclut notamment aussi Alibaba et Tencent.
La troisième place revient au Carmignac Portfolio Emergents, piloté depuis 2015 aussi par Xavier Hovasse, qui applique une approche top-down associée à une sélection des titres bottom-up, avec une prédilection pour les entreprises affichant un potentiel de croissance à long terme et des flux de trésorerie attrayants. Les entreprises sélectionnées doivent de préférence être actives dans des secteurs affichant un faible taux de pénétration et dans des pays dont les fondamentaux sont bons.
Le portefeuille est fortement exposé aux services de communication (plus de 23 %). L’une des plus importantes positions du portefeuille, Sea, affiche l’un des meilleurs rendements, avec une avancée de 166 % depuis le début de l’année.
