
Cela fait un certain temps que l’investissement durable est sous pression, et les politiques menées par le président américain Donald Trump n’y sont pas pour rien. Ce revirement a également touché de plein fouet les fonds verts.
Mais Donald Trump n’est pas le seul facteur. Les fonds qui investissent dans des entreprises opérant sur des marchés liés à l’environnement enregistrent des performances décevantes depuis plusieurs années. À titre d’exemple, le rendement moyen des fonds de la catégorie Morningstar Actions Secteur Écologie n’a été que de 7,31 % sur une base annuelle au cours des cinq dernières années, alors que l’indice d’actions mondiales Morningstar Global TME atteignait un rendement de 12,22 %. L’intérêt des investisseurs pour ces fonds s’est dès lors considérablement réduit. Ils ont retiré près de 5 milliards d’euros de ces fonds en 2023. En 2024, ce flux sortant s’est accéléré, pour atteindre 14 milliards d’euros. Le compteur des trois premiers mois de 2025 affiche déjà un flux sortant de 3 milliards d’euros.
Les fonds verts restent cependant parfaitement adaptés aux investisseurs qui cherchent à investir dans des entreprises contribuant à une transition vers une économie plus durable, et en bénéficiant. Nous nous penchons sur deux de ces fonds, qui font l’objet d’un suivi par les analystes de Morningstar : Impax Environmental Markets, qui a obtenu un Morningstar Medalist Rating d’argent, et Pictet-Global Environmental Opportunities, qui en a reçu un de bronze.
People
Impax Environmental Markets et Pictet-Global Environmental Opportunities sont tous deux dirigés par des gestionnaires expérimentés, mais diffèrent principalement par la structure et l’étendue du soutien dont ils bénéficient. Impax est géré par un trio de gestionnaires : Bruce Jenkyn-Jones, Jon Forster et Fotis Chatzimichalakis. M. Jenkyn-Jones, qui est également CIO, compte plus de 30 ans d’expérience dans le domaine de l’écologie. Bien qu’il ait annoncé qu’il prendrait sa retraite d’ici le 30 juin 2026, M. Forster assurera ensuite la continuité et apportera l’expérience que requiert l’équipe de gestion. Cette dernière peut compter sur l’appui d’une équipe exceptionnellement stable et large, avec 40 gestionnaires et analystes dont la culture d’investissement est considérable. Le fonds Impax mérite dès lors la note High pour le pilier People.
L’équipe de Pictet, quant à elle, a connu récemment quelques changements. Son Senior Investment Manager expérimenté, Luciano Diana, en garantit toutefois la continuité. Il gère ce fonds au sein d’une équipe compacte qui comprend, outre lui-même, Katie Self, qui a rejoint l’équipe en octobre 2022, et, depuis le début de l’année 2025, Chris Elias et Nadine Hayderi. Les trois derniers membres de l’équipe peuvent tous être considérés comme des remplaçants des gestionnaires qui ont progressivement quitté l’équipe ces dernières années, y compris Gabriel Micheli, qui a cofondé l’approche avec Diana, mais s’est ensuite concentré sur une nouvelle stratégie en 2022. Malgré les changements, cette équipe demeure compacte mais bien outillée. Elle mérite une note Above Average pour le pilier People.
Process
En raison de l’accent mis sur les marchés liés à l’environnement, les deux fonds évitent une grande partie de l’univers des actions mondiales. Cela peut limiter la génération d’alpha sur le long terme, par rapport à l’indice de référence de la catégorie Morningstar Global TME. Bien que les deux fonds recourent à un process structuré et discipliné, cela leur vaut une note Average pour le pilier « Process.
L’approche d’Impax est bien réfléchie. Elle débute par une sélection rigoureuse et efficace sur la base de critères environnementaux, de qualité financière et d’évaluation. Les meilleures idées sont ensuite soumises à un process détaillé, comptant dix étapes, au cours duquel l’équipe se penche notamment sur la gestion, l’avantage concurrentiel, le modèle d’entreprise et la stratégie, ainsi que les facteurs ESG. Le processus se clôture par une évaluation complète sur la base de plusieurs méthodes et scénarios.
L’équipe de Pictet applique un processus rigoureux à l’ensemble des fonds thématiques de l’entreprise. L’univers d’investissement est défini par un cadre distinctif basé sur le système des limites planétaires. Les actions sont ensuite analysées en fonction notamment de la pureté de l’exposition, de la liquidité et de la volatilité. Les idées les mieux notées passent ensuite par une autre phase, au cours de laquelle une analyse approfondie est effectuée, sur la base de la notoriété de l’entreprise, de la qualité du management et de l’attrait financier.
Portefeuille
L’orientation écologique des deux fonds transparaît nettement dans la composition sectorielle de leurs portefeuilles, qui diverge sensiblement de celle de l’indice de référence de la catégorie Morningstar Global TME. Le secteur industriel est dominant pour les deux fonds, avec des allocations s’élevant à environ 45 %, contre seulement 10 % pour l’indice. Les investissements dans les secteurs des services de communication, de l’énergie, des institutions financières et de l’immobilier, qui représentent ensemble un quart environ de l’indice de référence, sont en revanche faibles, voire inexistants.
Les deux fonds investissent considérablement moins que l’indice dans les actions géantes. Le fonds de Pictet se concentre principalement sur les entreprises des segments des grandes et moyennes capitalisations, tandis qu’Impax met surtout l’accent sur les moyennes et petites capitalisations. En raison de la concentration sur les petites entreprises, le portefeuille du fonds Impax est également légèrement plus diversifié, avec environ 55 positions, alors que le fonds Pictet détient un peu plus de 40 titres en portefeuille.
Performance
Les résultats à long terme d’Impax Environmental Markets et de Pictet-Global Environmental Opportunities ont longtemps rivalisé avec ceux de l’indice de référence de la catégorie. Les résultats ont été remarquables, surtout pendant la pandémie. Mais depuis la fin de l’année 2021, la situation s’est dégradée. Les deux fonds ont nettement sous-performé en glissement annuel.
Cela s’explique en partie par le fait que la perception générale à l’égard de l’investissement durable s’est inversée. La sous-performance est toutefois en grande partie liée aux caractéristiques du portefeuille des fonds verts. Le manque d’exposition aux Sept Magnifiques jusqu’à la fin du mois d’avril a ainsi eu un impact négatif important. De même, l’absence d’investissements dans le secteur des services financiers s’est largement fait sentir en 2024.
Enfin, la prise en compte des petites entreprises a également beaucoup handicapé les deux fonds, en particulier Impax, qui se concentre davantage sur les petites capitalisations.
Ronald van Genderen est Senior Manager Research Analyst chez Morningstar. Membre du panel d’experts d’Investment Officer, Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives.