Au cours du premier trimestre 2024, les marchés émergents ont poursuivi sur leur lancée de l’an dernier. Pour les investisseurs ayant jeté leur dévolu sur la sphère, c’est loin d’être une bonne nouvelle, car les marchés émergents sous-performent nettement leurs homologues développés. L’indice MSCI EM a certes gagné 4,71 % en euros, signant une performance absolue positive, il est largement resté dans l’ombre du MSCI World, qui a progressé de 11,37 %.
De quoi décourager les investisseurs, qui n’ont pas non plus engrangé de rendement intéressant ces dernières années. Sur les cinq années écoulées, le retard par rapport à la sphère développée atteint près de 10 points de pourcentage par an.
Cette sous-performance s’explique en premier lieu par l’évolution décevante des actions chinoises, qui pesaient pas moins du quart du MSCI EM fin mars 2024. Or, le MSCI China a affiché un retard moyen de 18,55 points de pourcentage par rapport aux actions occidentales sur les cinq dernières années. Les causes de cette sous-performance sont bien connues : l’éclatement de la bulle immobilière, les dépenses de consommation toujours en berne, notamment du fait de la pandémie et de ses suites, ont lourdement pesé sur l’économie chinoise et les Bourses locales. Les mesures prises par le gouvernement (rachat d’actions, restrictions pour les ventes à découvert d’actions, augmentation des dépenses publiques, surtout au niveau local…) n’ont pas été très efficaces.
Le Brésil et la Corée du Sud ont aussi fait pâle figure. Dans ces deux pays, les marchés ont sous-performé au premier trimestre de 2024. La place brésilienne a même affiché un recul supérieur à 5 %. Sur les cinq dernières années, la sous-performance annuelle moyenne dépasse les 10 % pour le Brésil et les 7 % pour la Corée du Sud.
En ce qui concerne les cinq autres grands pays que compte l’indice MSCI EM, l’Inde a affiché des performances globalement en ligne avec le MSCI World sur le long terme. Taïwan semble être le seul pays à s’être démarqué sur cinq ans, devançant les Bourses occidentales de 6 points de pourcentage en moyenne chaque année. Il doit ces belles performances, en premier lieu, au secteur technologique, qui représente trois quarts du MSCI Taiwan, et à un titre en particulier, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, dont la pondération avoisine les 50 %, et qui a largement contribué à la surperformance du pays, avec un rendement annuel proche de 28 %.
GQG Partners
Les stratégies qui apparaissent sur le radar de Morningstar se distinguent par la solidité de l’équipe de gestion et du processus d’investissement. Les analystes de fonds de Morningstar mènent une analyse qualitative soigneuse et s’appuient sur des algorithmes appliquant un cadre similaire. Nous mettons en lumière un fonds de la catégorie qui répond à ces critères. Le GQG Partners Emerging Markets Equity s’est vu décerner la plus haute notation possible (High) sur les piliers People et Process par les analystes de Morningstar, ce qui lui a valu une note Morningstar Medalist de Gold.
Au cours du premier trimestre 2024, le fonds a obtenu un rendement de 13,98 %, devançant nettement l’indice MSCI EM, mais aussi le MSCI World. Il se classe donc dans le premier percentile de la catégorie Morningstar des actions des marchés émergents.
Cette belle réussite est surtout le fait de Rajiv Jain, le gérant principal : ce dernier s’est distingué dans l’équipe Quality Growth de Vontobel Asset Management, où il a notamment piloté de manière très fructueuse la stratégie des marchés émergents. En 2016, il a quitté Vontobel pour fonder sa propre entreprise, GQG Partners. Cette dernière compte désormais une vingtaine de gérants de portefeuilles et d’analystes. Rajiv Jain a tout d’abord embauché des spécialistes de l’environnement, mais ces dernières années, il recrute également des profils plus junior. Il pilote le fonds depuis le début, mais est assisté depuis septembre 2019 par Sudarshan Murthy et depuis mi 2022, par Brian Kersmanc et James Anders. Ces trois analystes ont été promus gérants de portefeuille. James Anders a toutefois quitté la société fin 2022.
Croissance de qualité
Rajiv Jain applique la stratégie qu’il mène déjà depuis la fin des années 1990, baptisée Quality Growth. Pour obtenir cette croissance de qualité, il cherche des entreprises connaissant une croissance durable, avec une bonne assise financière et qui ont prouvé qu’elles résistaient bien aux phases économiques difficiles. Concrètement, il sélectionne en majorité des grandes capitalisations qui génèrent un rendement élevé sur leurs fonds propres, et dont l’effet de levier est faible à modéré. Le gérant applique cette approche de manière audacieuse, si bien que l’allocation géographique et sectorielle peut largement varier par rapport à l’indice. S’il adopte généralement une vision à long terme, il peut aussi changer de positionnement de manière brutale, lorsqu’il estime que c’est opportun.
Cela a notamment été le cas entre début 2021 et fin 2022, une période pendant laquelle il a nettement mis l’accent sur les actions énergétiques, tout en réduisant fortement son exposition à la technologie. En 2023, toutefois, il s’est à nouveau intéressé au secteur, ouvrant notamment des positions dans Broadcom et NVIDIA. Ce dernier titre a fortement contribué à la belle performance du fonds, tant en 2023 qu’en 2024. PetroChina, Zijin Mining Group et Adani Ports & Special Economic Zone figurent également parmi les fleurons du premier trimestre de 2024.
Ronald van Genderen est Senior Manager Research Analyst chez Morningstar. Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. En tant que partenaire d’Investment Officer, Morningstar passe chaque semaine en revue une catégorie spécifique de fonds d’investissement.