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« Nous travaillons activement sur les Principales Incidences Négatives (PIN), mais les fonds qui accordent peu d’importance à la durabilité peuvent également se réclamer de l’article 8. C’est frustrant », déclare Levi Sarens, Head of Investments à la Banque Nagelmackers.

La Banque Nagelmackers lance sa nouvelle approche de l’investissement durable sur le marché. « Nous avons développé un processus que nous pouvons appliquer à tous nos fonds, qu’il s’agisse d’actions ou d’obligations d’État », déclare Levi Sarens.
En résumé, les entreprises ou les pouvoirs publics reçoivent une note sur 10 dans le cadre d’une approche Best-in-Class, après quoi les moins performants sont écartés en tant qu’investissement potentiel. « Nous excluons ainsi 20 à 25 % de l’univers », ajoute-t-il.
Pour attribuer ses notes, la Banque Nagelmackers utilise des données de fournisseurs tels qu’ISS et MSCI. « Ces données permettent de comparer les entreprises et les pouvoirs publics au sein de leur région et de leur secteur en fonction des risques auxquels ils sont exposés et de leurs Principales Incidences Négatives (PIN), autrement dit leurs effets négatifs. Les combustibles fossiles, par exemple, ne sont pas automatiquement exclus, mais des entreprises comme Total ou Shell ne font actuellement pas partie du portefeuille en raison de leurs émissions de CO2 beaucoup trop élevées. En termes de PIN, leur performance est tout simplement trop mauvaise. »

Règles européennes

En Europe, les investisseurs institutionnels doivent tenir compte de cette double matérialité. En clair, ce n’est pas seulement le risque lié par exemple au changement climatique pour l’investissement qui compte, mais aussi l’impact de l’investissement sur le changement climatique. À cet égard, Levi Sarens reconnaît volontiers que chez la Banque Nagelmackers, le processus n’est pas encore totalement au point.
Conformément à la réglementation européenne en matière de transparence (SFDR), les fonds relèvent de la catégorie article 8, ce qui signifie qu’ils présentent certaines caractéristiques durables. Il ne s’agit donc pas de fonds “ vert foncé ” affichant des objectifs en matière de durabilité (article 9). « À terme, c’est vers cela que nous voulons évoluer, mais cela impliquerait de véritables stratégies d’impact, or nous n’en sommes pas encore là. »
Levi Sarens partage la frustration suscitée par les règles de la SFDR et accueille donc favorablement la nouvelle phase de consultation lancée par la Commission européenne. « L’article 8 est devenu la nouvelle norme. On ne peut pas le qualifier de label, mais c’est ainsi qu’il est présenté. Même les fonds accordant peu d’importance à la durabilité entrent dans cette catégorie. C’est frustrant. Nous travaillons activement sur les PIN, qui sont essentiels dans notre processus d’investissement. Nous voulons absolument éviter tout greenwashing. »

Petites et moyennes capitalisations européennes

Dans sa gestion, la Banque Nagelmackers mise sur les petites et moyennes capitalisations européennes, avec une focalisation sur la Belgique et les Pays-Bas. « Grâce à notre ancrage local, nous avons de bons contacts au sein de ces petites entreprises locales et souhaitons en tirer parti. »
Pour ces petites entreprises, les grands fournisseurs de données ne calculent généralement pas de score ESG, c’est pourquoi Nagelmackers effectue sa propre évaluation. Levi Sarens refuse que cela se fasse par le biais d’un énième questionnaire insignifiant, qui ne ferait que faire perdre un temps précieux au management. « Au contraire, nous constatons que les entreprises viennent parfois même nous demander de quelles données nous avons besoin afin qu’elles puissent rester dans nos portefeuilles ou être éligibles. Elles cherchent elles-mêmes à savoir ce que les investisseurs attendent d’elles. »
Avec ces petites entreprises, la Banque Nagelmackers peut également jouer un rôle plus actif en tant qu’actionnaire. « Par exemple, si une entreprise ne nous fournit pas de données sur ses émissions de CO2, nous pouvons lui demander de les publier malgré tout via le Carbon Disclosure Project. Finalement, c’est une forme légère d’engagement. »

Chine

La Banque Nagelmackers aime également se présenter comme “ une porte vers l’Asie ”. « Nous avons un actionnaire chinois et souhaitons en tirer parti en collaborant avec l’équipe “ actions ” locale de Dajia Asset Management. »
Depuis que le président chinois Xi Jinping a renforcé son emprise sur le secteur technologique et intensifié son discours nationaliste, la Chine semble être devenue une zone à éviter pour de nombreux investisseurs. « Cela se reflète d’ailleurs dans les flux de capitaux internationaux », observe également Levi Sarens.
Selon lui, il existe encore des opportunités intéressantes dans les actions locales chinoises de type A pour les investisseurs affichant un appétit pour le risque. « Il y a dans ce pays de nombreuses entreprises que nous connaissons moins bien, mais qui ont le potentiel de devenir des acteurs mondiaux. Il suffit de regarder à quel point les véhicules électriques chinois se portent bien, par exemple. »
Et qu’en est-il de la durabilité des actions chinoises ? « En principe, le processus d’évaluation que nous utilisons pour les actions européennes peut également s’appliquer à la Chine. Cependant, il faut faire preuve de nuance car honnêtement, la bonne gouvernance, en particulier, est quelque peu différente de ce à quoi nous sommes habitués ici. D’autre part, Pékin nourrit également de grandes ambitions en matière de climat. Voyons si elles se concrétisent. »

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