Les spécialistes de la Banque Nagelmackers souligne que l’année 2020 sera placée sous le signe des élections américaines, avec un dénouement qui pourrait être très binaire. Dans l’intervalle, ils conseillent une grande prudence pour les prochains mois, même si les actions restent la classe d’actifs à préférer pour le long terme.
« Notre scénario central est basé sur un accord entre les Etats-Unis et la Chine dans le domaine commercial, avec une croissance qui ralentira mais restera positive », souligne Olivier Colsoul (économiste senior chez Banque Nagelmackers). « Notre attente d’un atterrissage en douceur vient également d’un soutien plus sensible de la politique budgétaire, même s’il faudra probablement attendre une récession plus marquée en Europe avant de voir les Allemands accepter de faire plus d’efforts ».
Pause américaine
Dans le même temps, les politiques monétaires resteront très largement expansionnistes, même si la poursuite de la baisse des taux aux Etats-Unis dépendra des données économiques qui seront publiées durant les prochains trimestres. « Pour le moment, les données ne permettent pas encore de justifier une nouvelle baisse du taux directeur ». Et dans ce contexte, le dollar devrait rester relativement solide en 2020.
Les perspectives pour 2020 seront largement influencées par les élections américaines. S’il estime que les chances restent élevées de voir Donald Trump réélu, Olivier Colsoul constate que ses chances seront augmentées si les indices américains sont orientés à la hausse. « A partir de l’été prochain, je m’attends donc à un contexte plus calme au niveau des tensions commerciales ». Mais les élections américaines seront également polarisantes, avec des candidats démocrates très à gauche qui seront susceptibles de provoquer de la volatilité, en particulier s’ils ressortent en tête des primaires démocrates.
Attitude prudente
Christofer Govaerts (photo) (stratégiste senior chez Banque Nagelmackers) souligne pour sa part que la hausse des indices en 2019 s’est produite alors que la croissance des résultats fut mauvaise. « Depuis 2014, les grandes valeurs technologiques ont soutenu la bourse américaine alors que la performance du reste du marché était nettement moins bonne ». Et les programmes de rachat d’actions ont également poussé les résultats, parfois au détriment de la santé financière de certaines entreprises, un problème qui pourrait devenir apparent durant les prochains trimestres si la croissance ralentit.
Dans un contexte où les perspectives des obligations gouvernementales resteront faibles, la préférence sur les taux visera principalement les obligations d’entreprises de meilleure qualité ou la dette des pays émergents libellée en devises fortes. « Nous avons actuellement une position neutre sur la classe obligataire, tandis que nous sommes légèrement sous-pondérés sur les marchés boursiers, plus particulièrement sur les actions européennes. Nos attentes sur les bénéfices futurs sont nettement plus basses que celles du consensus ». Christofer Govaerts indique également surpondérer actuellement le cash dans les portefeuilles diversifiés, dans un « positionnement qui se veut prudent à l’entame de l’exercice 2019 ».
Trois belges
Parmi les valeurs recommandées par Rik Dhoest et Pascale Nachtergaele (gestionnaires de fonds chez Banque Nagelmackers), trois actions belges figurent aux côtés du néerlandais Basic Fit et du français Orpéa. Rik Dhoest recommande Fagron, le spécialiste des préparations magistrales pour pharmacies, qui dispose encore d’un trésor de guerre important (250 millions d’euros) afin de consolider un marché fragmenté. « Dans notre sélection, nous privilégions les activités prévisibles et résilientes qui devraient traverser sans problème l’environnement actuel ».
Dans son côté, Pascale Nachtergaele apprécie CFE et Barco. Pour le spécialiste du dragage, elle apprécie le carnet de commandes bien rempli, les perspectives plus favorables dans les grands projets internationaux, la croissance dans l’éolien offshore, ainsi qu’un désendettement rapide qui devrait faire progresser plus rapidement le résultat par action. « Nous apprécions également Barco, qui conserve un potentiel appréciable avec un cycle de remplacement qui a commencé dans la projecteurs digitaux des salles de cinéma et avec le succès des solutions Clickshare dans les entreprises ». Le potentiel d’amélioration des marges et la bonne santé financière constituent d’autres raisons d’être à l’achat sur le titre.