Pour la première fois, le gouvernement allemand a émis des obligations d’État vertes. Selon Bram Bos, gérant principal du portefeuille Green Bonds chez NN Investment Partners, cela offrira un énorme boost au segment de marché. En outre, le pays a introduit un nouveau concept avec les Green Twin Bonds.
Début septembre, pour la première fois de son histoire, le gouvernement allemand a émis des obligations d’État vertes (green bonds) : pour 6,5 milliards d’euros avec une échéance de 10 ans. Après la Suède et les Pays-Bas, l’Allemagne est le troisième pays bénéficiant d’une note AAA à lancer ce type d’obligations sur le marché. Le gouvernement investit les fonds levés avec les obligations d’État vertes dans des projets verts et durables. Une grande partie des fonds levés par l’Allemagne avec sa première émission sera allouée à l’amélioration de son infrastructure ferroviaire. Une obligation verte belge similaire émise récemment a également servi à financer les chemins de fer.
Arrivée de l’Allemagne très importante
Selon Bram Bos, l’importance de cette étape ne saurait être suffisamment soulignée car l’Allemagne est l’une des références majeures sur les marchés obligataires en Europe. « Tous les investisseurs institutionnels ont des obligations d’État allemandes et des dérivés dans leur portefeuille. Les obligations d’État allemandes sont l’instrument le plus courant et le plus liquide du marché des capitaux en Europe et l’arrivée de cet émetteur sur un segment de marché relativement jeune marque un jalon dans le développement du marché obligataire durable. »
Selon le gérant du fonds, le gouvernement allemand a différents objectifs en pénétrant ce marché. « Le pays veut jouer davantage cartes sur table et montrer ce qu’il fait en termes de politique verte. Ensuite, c’est un moyen de développer encore davantage le marché des capitaux verts, de l’élargir et de le rendre plus liquide. De plus, l’Allemagne veut aussi encourager les entreprises à lancer des obligations vertes sur le marché. »
Pour Bos, il est désormais clair que dans les années à venir, la croissance de ce segment de marché se fera principalement en Europe. « La plupart des pays d’Europe y travaillent actuellement et visent leurs premières émissions, comme le Luxembourg, l’Italie, l’Espagne, l’Autriche, etc. » Il observe invariablement un réflexe chez les gouvernements qui ont un certain nombre de projets verts et se demandent comment émettre des obligations vertes. Le gérant de NN iP ajoute que si Joe Biden gagne la présidence des États-Unis, le pays pourrait également émettre des obligations vertes. « Cela donnerait au marché un énorme boost supplémentaire. »
Green twin bonds
L’Allemagne est allée encore plus loin et a lancé un concept novateur sur le marché : les green twin bonds. Les obligations vertes sont exactement les mêmes que les obligations d’État allemandes traditionnelles existantes : elles ont la même échéance et le même coupon. Et elles sont remboursables, ce qui contribue à une meilleure liquidité. En outre, elles apportent des possibilités de diversification supplémentaires. Le fait qu’elles soient identiques permet également de voir s’il y a une différence de prix entre les deux. Bos indique qu’il est souvent question d’une prime pour l’obligation verte, mais qu’en pratique, celle-ci ne dépasse pas 1 ou 2 points de base. « Et dans le cas de l’obligation verte allemande à 10 ans, c’est 1 point de base, ce qui est négligeable », souligne le gérant de NN IP. La grande différence est que le montant de l’émission de l’obligation verte est inférieur à celui de l’obligation conventionnelle.
Bram Bos souligne également que l’Allemagne a l’intention d’émettre des obligations d’État vertes à toutes les échéances. « Plus tard dans l’année, l’Allemagne émettra encore pour 3 à 4 milliards d’obligations vertes supplémentaires, mais à une échéance différente. Et dans les années à venir, l’objectif est de développer une courbe de rendement entièrement verte. La France a commencé à émettre des obligations vertes en 2017 et a choisi une échéance unique. Et depuis lors, seules des obligations vertes assorties de cette échéance sont lancées sur le marché. »
Le taux d’intérêt négatif ne va-t-il pas effrayer les investisseurs bien intentionnés ? « Non, pas vraiment », répond Bos. « Le taux d’intérêt négatif souligne à quel point ces obligations sont en fait défensives. Et comme indiqué précédemment, de nombreux acteurs du marché ont déjà des obligations d’État allemandes dans leur portefeuille et préfèrent aujourd’hui les obligations vertes aux obligations conventionnelles. Une pratique courante consiste donc à échanger les obligations conventionnelles contre des obligations vertes et à montrer ainsi à leurs investisseurs que c’est du sérieux. Pour de très nombreuses parties, il est clairement devenu plus important de verdir leur portefeuille. Cette possibilité s’est enfin concrétisée dans le domaine des obligations d’État. »
Un rendement plus élevé à terme
Pour Bos, il est clair qu’un portefeuille d’obligations vertes offrira à terme un rendement plus élevé par rapport à un portefeuille d’obligations classiques. « Les entreprises et les gouvernements qui émettent des obligations vertes sont davantage tournés vers l’avenir, plus innovants, et sont également mieux protégés contre les risques climatiques et ESG. Ce sont des entreprises et des secteurs qui ont davantage de chances de survie que d’autres. Nous pensons sincèrement qu’à long terme, vous obtiendrez un meilleur rendement qu’avec un portefeuille d’obligations conventionnelles. Nous l’avons d’ailleurs déjà constaté ces dernières années. »
Données clés du fonds
Fonds : NN (LU) Green Bonds
Code ISIN : LU1732802464
Date de début : 29/06/2018
Return 1y : 0,92 %