Selon Valentijn van Nieuwenhuijzen (photo) de NN IP, des données alternatives que les gestionnaires d’actifs n’avaient jamais utilisées auparavant jouent un rôle dans les décisions d’investissement depuis l’épidémie de coronavirus. « Maintenant que notre système économique s’est révélé non pas stable, mais complexe, nous devons réfléchir aux problèmes sous un angle nouveau. »
C’est ce que le chief investment officer a déclaré la semaine dernière lors d’un talk-show en ligne de NN Investment Partners. « Il est crucial pour les investisseurs de comprendre la fragilité des hypothèses sous-jacentes des modèles et théories que nous utilisons sur les marchés financiers. »
Si le COVID-19 a prouvé quelque chose, c’est que les modèles économiques qui sous-tendent notre système ne sont pas stables, et que dans leur évolution, ils deviendront de plus en plus dépendants des sciences naturelles plutôt que des sciences exactes, estime le responsable de la stratégie d’investissement.
Ce qui, selon lui, nécessite une nouvelle approche de la part des investisseurs. « Soyez ouvert aux idées folles, à l’esprit d’entreprise. Réfléchissez aux problèmes d’une manière nouvelle. Nous avons utilisé des données alternatives que nous n’avions jamais utilisées auparavant afin de pouvoir évaluer les conséquences de la crise. »
Afin de pouvoir faire cette évaluation, la société de fonds a notamment examiné les chiffres de la mobilité dans des villes et des pays sur une base quotidienne. « Et ce n’est pas tout. Être ouvert à l’examen de ce type de données ne suffit pas. Il faudra les combiner avec les intuitions et l’interprétation humaines. Combiner l’homme et la machine. »
Selon Van Nieuwenhuijzen, l’importance de l’ESG démontre la prise de conscience du fait que la biologie va jouer un rôle plus important sur les marchés financiers. Mais le développement sur ce plan doit être plus rapide, estime-t-il. « L’ESG est actuellement impliqué dans 70 % de nos décisions d’investissement. Nous voulons intégrer des facteurs non financiers dans ce que nous faisons. S’engager activement, apporter des changements positifs. »
Selon lui, une leçon positive de la crise actuelle est la preuve émergente que les modèles d’entreprise à l’épreuve du futur résistent mieux aux chocs. « Ils parviennent mieux à s’adapter, mais ils sont également plus soucieux de ce qui est nécessaire pour le futur. Cela est apparu très clairement sur les marchés des actions et des obligations : les stratégies d’investissement durable se sont bien comportées. C’est la preuve que la durabilité va de pair avec des rendements attrayants. »
Et maintenant ?
Pour la période à venir, le responsable des investissements conseille de ‘s’attendre à l’inattendu’. « Qui aurait pu s’attendre à ce que le chômage augmente de la sorte ? L’augmentation a été dix fois plus importante qu’en 2008 ! Et malgré cet énorme impact, nous avons ensuite connu en avril la plus forte reprise depuis 1987. Nous continuons à voir des choses inattendues. »
Plus spécifiquement, la mondialisation est pour lui un sujet important à l’agenda des investisseurs. « Les pays vont-ils intensifier leurs efforts, retrouver le chemin de l’intégration ? Ou bien le monde va-t-il se décomposer en blocs régionaux, avec des règles par bloc et des obstacles entre ses frontières ? »
Selon Van Nieuwenhuijzen, c’est cela, ainsi que les développements dans le domaine de la stimulation fiscale (et leur influence sur la croissance économique dans les années à venir) qui seront décisifs. Avec l’inflation comme principal swing factor.