juliana_hansveden_nordea.jpg

De nombreuses tendances à long terme pour les actions des marchés émergents demeurent inchangées. À de multiples égards, ils ne diffèrent pas des marchés développés. À ceci près que les actions des marchés émergents affichent encore et toujours une décote par rapport aux marchés développés et ont encore une trajectoire de croissance plus longue devant elles.

Tels sont les propos de Juliana Hansveden (photo), gestionnaire de fonds du fonds Nordea Emerging Stars Equities, lors d’un entretien avec Fondsnieuws. 

Cela ne signifie pas pour autant qu’il a été aisé de faire des prédictions lors de la crise de la Covid-19, précise Hansveden. « Le principe de base consiste à soupeser en permanence quel sera l’impact réel sur une entreprise ou un secteur. La fin de la crise est-elle déjà en vue ou semble-t-elle, au contraire, devoir durer plus longtemps ? »

C’est une évaluation qu’il n’est pas toujours simple de réaliser et qui fait parfois aussi appel à l’instinct. Dans le cas précis de la compagnie aérienne latino-américaine Azul et de l’agence de voyage en ligne Despegar, cela a en tout cas bien fonctionné. 

Amérique latine

« Assez vite pendant la crise, nous avons prévu que le virus se propagerait également au continent latino-américain et que cela aurait bien sûr une forte incidence sur les voyages d’affaires. Par ailleurs, dès avant la crise, on observait déjà des choses en termes d’effet de levier, de problèmes économiques structurels en Argentine et d’insuffisance de liquidités. Cette combinaison de facteurs nous a amenés à avoir une vision plus négative de la croissance à long de ces entreprises et à nous en défaire. » 

Bien que la crise ait affecté les tendances de croissance à long terme, Hansveden souligne qu’il existe également des tendances restées inchangées. Elle mentionne, par exemple, les technologies de l’information. Actuellement, à l’instar du reste du monde, elle constate même une accélération des tendances partielles telles que l’adoption du commerce électronique et de l’infonuagique. « Les économies émergentes présentent en outre l’avantage, par rapport aux économies développées, d’un niveau de départ beaucoup plus bas, ce qui allonge du même coup la trajectoire de croissance. » 

Le doute est également présent. Hansveden considère par exemple encore et toujours les soins de santé comme un secteur de croissance, mais avec des perspectives de croissance plus mitigées. « On constate de grandes différences dans ce secteur. Alors que certaines entreprises ont à peine été affectées, d’autres ont été durement touchées par la crise. 

Relance à long terme

Elle prend l’exemple d’un fabricant de stents. Ces tubes en métal ou en plastique destinés à des applications médicales sont notamment utilisés en chirurgie cardiaque. Même si la demande pour ces produits se maintiendra sur le long terme, les opérations cardiaques ont souvent été reportées pendant la crise. Une considération similaire s’applique à la croissance économique en Inde. Le pays a été très durement touché par la crise, mais là aussi, Hansveden est convaincue d’une reprise sur le long terme. 

Compte tenu des perspectives à long terme, la crise n’a pas empêché Hansveden et son équipe d’ajouter de nouvelles positions au portefeuille. « Certaines entreprises que nous suivons depuis plus longtemps et pour lesquelles nous avons constaté qu’elles avaient bien tenu le coup pendant la crise. Outre les facteurs de croissance propres aux actions, les valorisations jouent un rôle. En effet, dans certains cas, elles avaient sensiblement baissé.

Elle poursuit : « Au plus fort d’une crise économique, on observe une sorte de déformation des valorisations à court terme vu que les perspectives à court terme se détériorent en effet fortement. Nous évaluons en fait les investissements sur la base d’un horizon de 3 à 5 ans. » 

Ratios cours/bénéfice

Selon Hansveden, le lien avec l’actuel « Everything rally » diffère selon les régions. « On constate en effet que certaines actions ont fortement rebondi. Dans le cas des actions chinoises de catégorie A, on peut cependant estimer que les valorisations sont plus spéculatives. Cela s’explique notamment par le fait que ce marché n’est pas pleinement efficace sous l’influence d’une proportion relativement élevée d’investisseurs de détail. »

La ratio cours/bénéfice des actions des marchés émergents a quelque peu progressé, passant de 15 à la fin de l’année dernière à 19 à la fin du mois de juillet, souligne Hansveden. Elle estime toutefois qu’il subsiste suffisamment d’actions présentant de solides fondamentaux et qui sont négociées avec une décote. 

S’inscrivant dans l’accent mis sur la croissance structurelle, le fonds reste surpondéré en technologies de l’information (+ 6 pour cent), valeurs financières (+ 5 pour cent), biens de consommation durables (+ 3 pour cent) et biens de consommation de base (+ 1 pour cent). L’inverse s’applique aux matériaux de base et à l’énergie, pour lesquels Hansveden estime que la combinaison de risques ESG et de modèles d’entreprise moins pérennes justifie une sous-pondération concernant ces secteurs. Le positionnement régional est raisonnablement neutre par rapport à la référence. L’Inde et le Brésil sont légèrement surpondérés et la Chine légèrement sous-pondérée. 

Cette année, le fonds libellé en dollars a réalisé un rendement de plus de 12 pour cent, contre -5 pour cent pour le MSCI Emerging Markets Net Return (USD), l’indice de référence du fonds. Sur un horizon de 1 et 3 ans, la fonds a également réussi à réaliser une large surperformance. Le 24 août, le rendement à un an du fonds était de plus de 32 pour cent, contre un petit 9 pour cent pour l’indice. Le rendement du fonds à trois ans s’est élevé à 25,8 pour cent, contre 6,9 pour cent. 
 

Author(s)
Categories
Target Audiences
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No