Claus Vorm (Nordea Asset Management) souligne l’intérêt à choisir des sociétés ayant des perspectives prévisibles et stables dans le temps, qui dégagent des performances supérieures et moins volatiles. Sans investir sur l’énergie, son fonds investi à 100% sur les marchés boursiers est parvenu à dégager une performance pratiquement à l’équilibre en 2022.
Nordea 1 – Global Stable Equity Fund (ISIN : LU0112467450) est un des produits vedette de Nordea Asset Management, avec des actifs sous gestion qui dépassent 2,9 millards d’euros et une notation Morningstar de quatre étoiles basée sur une performance annualisée de 8,7% durant la dernière décennie. Et l’année 2022 n’a pas fait fuir beaucoup d’investisseurs, le fonds ayant été un des rares produits boursiers à avoir été en mesure de réaliser une performance proche de l’équilibre. Le fonds est géré par le même duo depuis 2005, à savoir Robert Naess et Claus Vorm. Nous avons récemment eu l’opportunité de rencontrer ce dernier lors de son passage à Bruxelles, afin qu’il nous explique comment sa gestion a été particulièrement adaptée à l’environnement troublé de l’exercice 2022.
Sweet spot
« Il est souvent difficile de prévoir ce qui va se passer sur les actions à forte croissance, en particulier pour les sociétés relativement jeunes qui n’ont pas beaucoup d’historique, ou qui sont en train de lancer un nouveau produit. Historiquement, la croissance effectivement réalisée par ces actions a souvent été décevante par rapport aux attentes », souligne Claus Vorm. « Nous allons activement chercher à éviter ces sociétés dont la valorisation intègre des attentes qui ne seront pas réalisées ».
A l’inverse, il souligne que positionner sonportefeuille vers des titres avec un béta moins élevé que le marché est un « sweet spot » pour sa stratégie. « Le but est de gagner en limitant les risques de pertes, en focalisant la stratégie sur des sociétés de haute qualité, robustes, capables de fixer leurs prix de vente, avec une croissance défensive et visible ».
Après avoir trié l’univers d’investissement (de 13,000 titres) pour sélectionner ceux avec une volatilité historique moins élevée, les gestionnaires sélectionnent les sociétés ayant les fondamentaux les plus stables en utilisant des outils quantitatifs. « Ceci nous permet d’avoir une sélection de 350 titres dont les perspectives financières seront plus prévisibles, avec un taux de rotation de cet échantillon qui est assez faible (de l’ordre de 10% par an). Et dans ce groupe, nous allons sélectionner celles affichant les valorisations les plus attractives et vendre celles qui sont devenues trop chères ».
Réunion hebdomadaire
Si la sélection des titres sur base de critères fondamentaux se fait sur base quantitative, les deux gestionnaires tiennent une réunion hebdomadaire durant laquelle ils vont passer le portefeuille en revue, et voir si des risques ne sont pas apparus sur certaines positions. « Chacun de notre côté, nous allons également soumettre une liste de candidats potentiels pour entrer dans le portefeuille ».
« Parfois, la valorisation d’un titre est bon marché pour une bonne raison, qui ne va pas se retrouver dans les attentes du consensus ou dans notre modèle, et il est donc important d’avoir cette analyse pour valider les mouvements éventuels dans le portefeuille. C’est un processus que nous avons tenu semaine après semaine depuis le lancement du fonds, et qui nous permet d’avoir une évaluation en continu de la valorisation de notre portefeuille en comparant directement la valorisation de ce qui figure dans notre portefeuille et la valorisation de ce qui est disponible dans notre sélection de 350 titres », indique encore Claus Vorm. « Robert et moi devons être d’accord avant de vendre ou d’acheter une position dans notre portefeuille ».
Approche performante
Le portefeuille final comporte une centaine de lignes, avec un poids maximal qui ne dépasse pas 3,5%. « Nous ne voulons pas trop de risques spécifiques sur un titre, mais inversement nous voulons également pouvoir faire rentrer chaque action avec un poids minimal de 0,5% pour ne pas consacrer trop de temps sur des sociétés qui ne pourront pas avoir un impact significatif sur notre performance ».
Entre 2006 et 2022, la Nordea Global Stable Equity a dégagé une performance annualisée (brute) de 9,08% contre 7,05% pour l’indice MSCI World, avec une volatilité de 11,3% contre 13,6% pour le MSCI World. « L’année 2022 représente parfaitement la spécificité de notre stratégie, en limitant les mouvements de baisse pour surperformer sur le long terme. Gagner en ne perdant pas ». Et cette performance est d’autant plus remarquable que le fonds n’est pas exposé sur les pétrolières ou les producteurs matières premières, dont la rentabilité s’avère souvent très volatile.
Anticiper les révisions
Le positionnement sectoriel privilégie actuellement des sociétés actives dans des secteurs comme les soins de santé ou les biens de consommation. « Mais nous avons également une partie de notre portefeuille qui est investi dans des sociétés actives sur des segments plus cycliques de l’économie, et également un poids significatif sur le secteur technologique. Ce ne seront toutefois pas des sociétés à forte croissance, mais des sociétés plus stables comme Oracle ou Cisco, qui ont généralement bien performé durant l’année 2022 ».
« Si le poids des différents secteurs peut varier dans le temps, elle reste toutefois la conséquence de la sélection bottom-up des différents titres dans le portefeuille », conclut encore Claus Vorm. « Et pour ce qui est des révisions bénéficiaires qui peuvent parfois intervenir sur les différentes positions, nous avons un outil appelé le Leading Analyst Tool, un module qui nous permet d’anticiper les résultats futurs en ne suivant que les analystes qui ont été historiquement les plus corrects dans leurs révisions ».
Fondsdata
Perf 2023 | Perf 2022 | Perf 3 ans | Perf 10 ans | AuM |
3,02% | -1,80% | 10,82% | 8,69% | 2909 m € |