Les sélectionneurs de fonds doivent également tenir compte de la forte rotation des styles de la croissance vers la valeur. Mais dans le cadre de la sélection de fonds durables, cela représente un défi, car la majorité se trouve dans les fonds de croissance. « Pour les analystes de fonds, trouver des stratégies durables davantage axées sur la valeur constitue un véritable défi. »
C’est ce que déclare Evy Mercie (photo), analyste de fonds chez Nagelmackers. Elle est responsable de la sélection des fonds d’actions et a acquis une expertise dans les fonds durables.
« Il est de plus en plus important d’établir un dialogue et de s’engager. À cet égard, la hausse de l’inflation et le conflit avec la Russie ne facilitent pas les choses. Il est très important de diversifier le portefeuille sur le plan géographique également, c’est pourquoi nous devons diversifier suffisamment l’allocation et ne pas nous en tenir aux seuls marchés développés, mais aussi oser nous tourner vers certains marchés émergents. »
À cet égard, Mercie mentionne le Brésil qui, grâce à son exposition aux matières premières et à l’énergie, est l’un des rares marchés émergents à être dans le vert depuis le début de l’année. Pour elle, la gestion active reste cependant une nécessité, afin que les gestionnaires puissent déterminer leur propre allocation à certains pays et régions qui connaissent actuellement des difficultés, comme la Chine et l’Europe de l’Est.
Multi-thématique
Ces dernières années, les fonds d’actions thématiques ont poussé comme des champignons. Il n’était pas toujours évident de savoir quels thèmes étaient étayés fondamentalement et lesquels étaient plutôt des ‘hypes’. ‘Ce n’est que lorsque la marée descend qu’on voit qui nageait nu’, déclarait Buffett. La correction des actions de croissance le montre douloureusement.
Mercie préconise une approche résolument multi-thématique. « Nous avons toujours opté pour cette solution. Tous les jours, de nouveaux instruments passifs viennent s’ajouter autour de certains thèmes qui sont plus des hypes que dignes d’être investis. Aujourd’hui, les grands thèmes sont les énergies propres, qui ont connu une très mauvaise année l’an dernier mais attirent beaucoup d’argent en raison de la hausse des prix de l’énergie, la sécurité numérique, en raison de la situation géopolitique, ainsi que tout ce qui tourne autour de l’agriculture et de l’alimentation. Plus généralement, je pense que le changement climatique restera un thème structurel. »
Mercie souligne que le choix de ces thèmes n’est pas facile. La conviction est indispensable pour compenser les corrections intermédiaires. Une approche multi-thématique peut amortir une partie de cette volatilité, ce qui constitue chez Nagelmackers un critère pour la sélection de gestionnaires externes.
« Les fonds d’impact utilisent une approche multi-thématique depuis un certain temps déjà. Vous constatez également que de nombreux fonds d’impact commencent d’abord par un certain nombre de thèmes tels que le changement climatique, l’agriculture et la sécurité numérique, puis continuent à se développer. »
Recherche
Mercie est actuellement à la recherche d’un gestionnaire axé sur la valeur et conforme aux critères de durabilité. À cette fin, ils ont déjà identifié certains acteurs européens et mondiaux, mais il reste de la marge pour un gestionnaire américain axé sur la valeur. « Cette année, les gestionnaires américains ‘classiques’ peuvent faire un statement s’ils sont investis dans l’énergie et la défense, mais il reste clairement une lacune en termes de durabilité. Un gestionnaire actif axé sur la valeur et utilisant des filtres ESG constitue donc un ajout bienvenu à notre offre. »
MiFID
Mercie s’attend à un grand impact des nouvelles exigences de la MiFID, qui entrent en vigueur en août et obligent les clients à communiquer leurs souhaits et exigences en matière de durabilité à leurs gestionnaires.
« Nous voulons proposer une combinaison de fonds internes et externes. Malgré notre offre assez large, nous devrons ajouter des produits. Tout dépendra de l’interprétation que fera le client de ses préférences en matière de durabilité, et du degré de détail de celles-ci. »
Mercie souligne également qu’il faudra tenir compte des ‘PAI’ (Principal Adverse Impacts, principales incidences négatives). Cela conduira à un élargissement de l’offre si on veut couvrir toutes les régions et toutes les classes d’actifs de manière durable également.
« À mon avis, les produits durables bénéficieront également d’un coup de pouce grâce à ce règlement. Nous examinons notre offre de fonds profilés. Nous voulons l’affiner et nous assurer que nous pouvons offrir une solution de durabilité appropriée pour chaque type de client, pour trois profils au moins. »
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