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Raphaël Elmaleh (Keren Finance) estime que le marché sous-estime le potentiel de croissance des bénéfices pour 2022, et est donc en train de remonter au maximum son exposition sur les actions en visant (notamment) les valeurs susceptibles de faire l’objet d’une acquisition. 

« J’ai le sentiment que les signaux négatifs ont désormais disparus, avec des banquiers centraux qui semblent viser un retour à un régime plus normalisé. Et si l’inflation ressort sur un niveau plus élevé qu’auparavant avec une croissance économique plus rapide, ce sera un régime plus vertueux », constate Raphaël Elmaleh (Président de Keren Finance). « Les annonces faites par la Réserve Fédérale lors de sa réunion de Jackson Hole ont plutôt rassuré les marchés ». 

Sortie de crise

Il souligne qu’en dépit des signes d’un resserrement (très léger) de la politique monétaire, les marchés n’ont pas dévissé. A côté de la consommation privée, il constate également que les signes pointent vers une reprise de l’investissement. « Enfin, je remarque que nous nous dirigeons vers une sortie de crise, ou vers une gestion de la crise sanitaire qui n’empêchera plus les économies de tourner ». 

« Cette demande plus forte n’est pas encore rencontrée par l’offre, ce qui provoque ces tensions inflationnistes à court terme sur certaines matières premières ou sur la logistique, mais il est dangereux d’extrapoler sur l’année 2022. C’est en tout cas le sentiment des banquiers centraux qui ne sont clairement pas encore prêts à prendre des mesures trop brusques ». 

Trop timorés

Dans ce contexte, il souligne que l’environnement devrait rester favorable pour les investisseurs, avec des investissements publics qui vont également soutenir le mouvement de reprise durant les prochains trimestres. « Au vu de ces fondamentaux solides, je trouve que les attentes pour la progression des bénéfices pour l’année prochaine (entre 8 et 10% de hausse) me semblent encore trop timides. Les dirigeants des entreprises que nous rencontrons sont d’ailleurs très optimistes, avec des carnets de commandes qui sont aujourd’hui très bien remplis ».

Les incertitudes sur la politique chinoise sont aujourd’hui le seul point noir que Raphaël Elmaleh distingue sur les grands marchés mondiaux. « Il y a une volonté de reprise en main des autorités chinoises sur leur économie, avec une volonté de favoriser les petites et moyennes entreprises qui se développent en Chine, et plus les gros groupes cotés au Nasdaq ». D’autres victimes pourraient être les groupes occidentaux habitués à vendre en Chine, comme les acteurs du luxe ou les vendeurs de spiritueux. « La volonté des autorités chinoises n’est toutefois pas de se débarrasser de ses géants capables de lutter avec les géants technologiques américains ».

Acquisitions

Raphaël Elmaleh est également le gestionnaire principal de Keren Patrimoine, qui reste le produit le plus vendu et le plus populaire auprès des investisseurs belges. Ce produit flexible (exposé principalement sur les actions et la dette d’entreprise) est noté quatre étoiles chez Morningstar. Il a dégagé une performance annualisée supérieure à 6% durant la dernière décennie, avec une également un gain supérieur à 7,5% en 2021. 

« Au début de l’été, nous avions baissé le taux d’exposition sur les actions de 34 vers 27%. Nous sommes depuis remontés vers 33%, en investissant principalement sur de nouvelles opportunités value (Alstom, Lagardère, Atos) et en revenant sur LVMH. Ces opportunités value recèlent de la valeur cachée, et sont susceptibles de faire l’objet d’une acquisition avec un potentiel baissier qui nous semble relativement limité ». Il souligne également être à la recherche d’autres opportunités pour remonter vers le maximum de son exposition sur les actions (35% des actifs sous gestion). 

Risque obligataire

L’autre partie du portefeuille va être majoritairement exposée sur les obligations d’entreprises à haut rendement. « Ce marché est aujourd’hui noyé sous la liquidité, avec des entreprises qui sont en mesure d’emprunter massivement à pratiquement n’importe quel prix. Nous n’avons pas été actifs sur le marché primaire car les taux proposés ne sont, selon nous, pas conformes au risque de leur activité. Accepter d’investir à 2% sur un emprunt émis par une entreprise cyclique pour une durée de 8 ans, c’est commander cercueil à moyen terme car il est indéniable que les taux vont progresser ». 

Dès lors, le portefeuille a été pivoté sur du papier secondaire, à relativement court terme, pour prendre un minimum de risque face à une remontée des taux. Sur les neuf premiers mois de l’année, la performance du portefeuille a été portée principalement par les actions, avec une contribution positive du portefeuille obligataire. 
 

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