Olivier Paquier (AXA Investment Managers) détaille les ambitions du gestionnaire français dans les ETF actifs et indiciels. Plusieurs dizaines de produits devraient être lancés durant les prochaines années, avec une présence importante sur les classes d’actifs obligataires.
AXA Investment Managers s’est positionné depuis quelques mois sur le segment des ETF thématiques et actifs, et le gestionnaire dispose aujourd’hui de trois produits qui rassemblent des encours proches de 1,2 milliards d’euros, répartis plus ou moins équitablement entre les différentes stratégies. Cette ambition s’est également concrétisée par l’arrivée d’Olivier Paquier au poste de responsable des ventes, en provenance de JPMorgan Asset Management. Nous avons récemment eu l’occasion de l’interviewer à l’occasion de son récent passage à Bruxelles.
Quels sont les solutions déjà disponibles dans le marché ?
Olivier Paquier : « Notre gamme comprend aujourd’hui deux ETF actifs et thématiques uniques en leur genre sur la biodiversité et le changement climatique. Nous avons complété cette gamme naissante par un ETF purement indiciel et passif sur l’indice Nasdaq 100 en tentant ici de nous différencier avec un prix attractif par rapport à la concurrence (0,14%). Nous avons pu nous appuyer sur les équipes de gestion existantes pour développer nos produits, ce qui nous permet de proposer des solutions avec des structures de coûts moins élevées. Ces solutions répondaient également à des demandes en provenance de nos clients ».
Quelles sont les ambitions d’AXA Investment Managers dans le secteur des ETF ?
O.P. : « Nous sommes plutôt agnostiques quant au type de gestion utilisé. Nous regardons les catégories disponibles sur le marché et nos propres capacités de gestion. Si un produit n’existe pas, cela ne veut pas dire que nous devons absolument le lancer, et nous avons l’avantage de pouvoir affiner notre stratégie et l’adapter en fonction des besoins du marché. C’est d’ailleurs ce qui explique notre décision d’avoir opté pour différents types de gestion, aussi bien indicel qu’actif, de manière physique en ligne avec nos ambitions en termes de durabilité. Nous achetons dans le marché toutes les lignes sous-jacentes des indices ou stratégies, ce qui nous permet d’exercer notre influence d’investisseur responsable notamment via notre politique de vote, en ligne avec nos convictions liées à la transition énergétique et à la biodiversité pour nos deux ETF thématiques ».
Est-ce que tu peux présenter un peu plus en détails comment se construit votre ETF sur la biodiversité ?
O.P. : « Sur le thème de la biodiversité, nous avons pour point de départ les 17 objectifs de développement durable (ODD) énoncés par les Nations Unies. La biodiversité s’exprime au travers des ODD 6 (eau propre et assainissement), 12 (consommation et production responsable), 14 (vie sous l’eau) et 15 (vie sur terre). Nous partons ensuite de notre indice de référence global (MSCI ACWI Investable Market Index) qui comprend 10000 lignes de toutes capitalisations, dont nous filtrons les sociétés qui font partie des listes d’exclusion des Nations Unies et celles qui sont exclues par nos filtres internes (armement, armes anti-personnelles, tabac, etc). Nous obtenons alors une liste de 1500 sociétés, sur lesquelles nous allons sélectionner celles qui vont permettre de maximiser notre impact tout en respectant des critères de liquidité, ce qui débouche sur un portefeuille avec une centaine de lignes individuelles ».
Qu’est-ce que vous utilisez comme données pour alimenter votre modèle ?
O.P. : « Nous utilisons les données fournies par MSCI et Sustainalytics, que nous allons ensuite retravailler en interne. Cette approche est justifiée par le fait que ces deux sources sont des références de marché et sont utilisées par nos clients lorsqu’ils font leurs propres analyses. Lorsque nous estimons que les données ne sont pas toujours complètes, par exemple lorsqu’il s’agit d’une petite capitalisation ou d’une société située dans un pays émergent, nous allons ajouter notre propre analyse qualitative sur la valeur. Pour l’ETFsur la biodiversité, nous avons également mis en place divers partenariats (WWF et Iceberg Data Lab) et engagements (notamment Act For Nature, Finance for Biodiversity et Taskforce on Nature-related Financial Disclosure) qui peuvent guider notre sélection ».
Quels sont vos objectifs pour 2023 et pour les années suivantes ?
O.P. : « Pour 2023, nous visons une accélération de nos efforts commerciaux dans le domaine des ETF dans plusieurs pays, et surtout sur l’expansion de notre gamme en vue d’augmenter la couverture des différentes classes d’actifs. Vu les perspectives macroéconomiques pour la fin de l’année, le marché privilégie actuellement les produits obligataires, et notre ambition est de pouvoir offrir des produits dans ce domaine, tant au niveau des ETF actifs qu’au niveau des ETF indiciels. A moyen terme, nous avons l’ambition de figurer parmi les fournisseurs d’ETF les plus importants, ce qui va nécessiter obligatoirement d’avoir à disposition une gamme de produits beaucoup plus étendue pour atteindre une nouvelle clientèle. Nous parlons donc de plusieurs dizaines de nouveaux ETF ».
Dans quels domaines vous voyez le plus de potentiel ?
O.P. : « Clairement dans l’obligataire qui ne représente que 25% des encours dans le domaine des ETF, et qui est le segment qui devrait connaître la plus forte croissance durant les prochaines années. Le reste du marché est actuellement constitué d’ETF actions, un segment déjà fortement dominé par les grands gestionnaires d’ETF. AXA Investment Managers est principalement une maison de gestion obligataire, notamment en raison des liens avec notre actionnaire de référence assurantiel. Notre politique de distribution va donc également passer davantage par différents canaux, à la fois standards et digitaux ».