Christophe Donay (photo) souligne que les actions restent la classe d’actif à détenir, mais que les perspectives de performances ne devraient pas être aussi élevées qu’en 2019. Le dollar devrait s’affaiblir dans un contexte ou la Réserve Fédérale baissera quatre fois son taux directeur pour compenser la poursuite du ralentissement économique.
Chez Pictet Wealth Management, la stratégie d’investissement part de l’hypothèse d’une poursuite du ralentissement économique mondial, avec une croissance américaine qui devrait ralentir vers 1,3% sans pressions inflationnistes. Dans ce contexte difficile, la banque centrale américaine devrait se remettre à descendre son taux directeur, avec probablement quatre nouvelles baisses pour 100 points de base (1%) à partir du milieu de l’année prochaine.
La situation ne sera pas meilleure en Europe, avec notamment une récession du secteur manufacturier allemand qui s’inscrira dans la durée tandis que les économies davantage tournées vers la consommation domestique devraient mieux s’en sortir. La croissance sera également en berne au Japon, et devrait ralentir sous les 6% en Chine même si ce dernier pays restera susceptible de stimuler son économie si l’activité économique venait à trop piquer du nez. Dans l’ensemble, la probabilité d’une récession économique devrait rester faible pour 2020.
Stratégie d’investissement
Dans cette optique, Christophe Donay (Responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique) reste prudemment optimiste pour 2020, même « si la performance réalisée en 2019 ne sera probablement pas répétable ». Il estime toutefois qu’il est dangereux de rester à l’écart des marchés boursiers, qui ont toujours le potentiel de surprendre favorablement si les valorisations venaient à être dopées par des développements favorables au niveau des politiques budgétaires ou des tensions commerciales. « Nous restons actuellement neutre dans notre allocation sur les marchés boursiers, et nous préférons les sociétés qui disposent encore d’une certaine capacité à relever leurs prix ainsi que les actions cycliques de haute qualité ».
Il estime également qu’il ne faut pas rester à l’écart de la partie obligataire, notamment les obligations gouvernementales en guise de protection contre la volatilité, et sur les obligations d’entreprise européennes qui sont moins risquées que les américaines avec la BCE qui a relancé son programme de rachat d’actifs. « Nous nous attendons à un redressement du taux de défaut aux Etats-Unis ». Enfin, il apprécie également les perspectives de l’or physique comme alternative au cash, qui représente « l’actif à éviter à tout prix ».
Trois branches
A plus long terme, Christophe Donay constate que nous sommes aujourd’hui entrés dans « une vague qui nous pousse progressivement vers une récession globale, et dont la cause trouve son origine dans le travail de sape de la présidence américaine d’un des piliers essentiels de la croissance mondiale et du capitalisme moderne : le libre-échange ». Il souligne qu’il est aujourd’hui important de pouvoir stopper cette vague, a court terme en faisant une pause dans la guerre commerciale ; et à plus long terme en réinventant la politique économique vers un idéal de croissance à la chinoise plutôt que vers une stagnation à la japonaise.
« Ceci nécessitera d’activer les politiques budgétaires et fiscales au côté de la politique monétaire, dont l’efficacité est de toute façon arrivée en bout de course, afin d’avoir les trois branches de la politique économique qui visent un but unique, à l’image de la Chine qui met tout en œuvre depuis plusieurs années pour faire atterrir sa croissance économique vers 4,5% en évitant une récession », constate encore Christophe Donay.
Divergence
« Nous sommes aujourd’hui à un croisement entre deux mondes, avec d’un côté la montée des démagogues et des autocrates, et d’un autre côté une politique économique qui doit se réinventer pour aller vers davantage d’égalité sociale et lutter contre des externalités significatives telles que le réchauffement climatique. Pour le moment, l’issue reste incertaine, et il faudra des hommes politiques créatifs, audacieux et courageux pour nous faire prendre le virage du bon côté »..