
Lors du Portfolio Day organisé à Bruxelles par Investment Officer mercredi, Jan Longeval a défendu une thèse pour le moins osée : les obligations seraient un mauvais choix pour les investisseurs à long terme.
Dans un aperçu exclusif de son prochain ouvrage (qui devrait paraître au printemps 2026), Jan Longeval a affirmé que les investisseurs à long terme seraient toujours bien avisés de privilégier les actions aux obligations : un point de vue qui a suscité un certain émoi chez les spécialistes obligataires présents dans le public. Le chroniqueur a présenté diverses statistiques allant à l’encontre du postulat traditionnel selon lequel les obligations sont plus stables et moins volatiles.
Il a ainsi calculé le rendement des titres d’État américain sur le long terme (1924-2024) et l’a comparé à la performance des actions. Il apparaît ainsi que les actions n’ont jamais présenté un rendement réel négatif sur le long terme, tandis que les obligations à long terme ont affiché des pertes, en termes réels, sur plusieurs périodes. « L’adage selon lequel les obligations sont moins risquées que les actions doit, de fait, être inversé », a affirmé le conseiller en investissement indépendant.
Il a avancé un autre argument plaidant en faveur des actions : lorsque les cours s’effondrent, il faut parfois attendre plusieurs décennies avant que les obligations ne regagnent le terrain perdu. « Les obligations sont donc un choix véritablement mauvais pour les investisseurs axés sur le long terme », a conclu Jan Longeval.
Euroclear
Pour l’expert, les obligations doivent aussi leur caractère « peu sûr » aux dangers géopolitiques qui planent. Chez Euroclear, la société de dépôt et de règlement/livraison basée à Bruxelles, quelque 200 milliards d’obligations de la banque centrale russe sont gelées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Si les dirigeants internationaux décidaient de confisquer ces obligations à la Russie (un scénario pour lequel plaide l’Ukraine), les marchés obligataires pourraient connaître un « moment Lehman », a mis en garde Jan Longeval devant son auditoire.
Et comme si cela ne suffisait pas, les investisseurs en fonds doivent, en Belgique, composer avec la taxe Reynders. Cette imposition de 30 % sur les plus-values réalisées sur les obligations entame considérablement le rendement. Pour Jan Longeval, il ne fait donc aucun doute que celui qui recherche un rendement à long terme doit privilégier les marchés d’actions. « Même si les obligations peuvent se révéler utiles, à court terme, pour le bilan des assureurs », concède-t-il.
Boris Cukon « très optimiste » vis-à-vis de l’uranium
Outre Jan Longeval, le stratège Philippe Gijsels et Boris Cukon, expert en matières premières, ont également présenté leur vision sur certains segments des marchés financiers lors du Portfolio Day.
Tout comme Philippe Gijsels, Boris Cukon table sur une hausse des cours des matières premières : l’or, mais aussi le cuivre, le pétrole ou le platine. Il s’est même affirmé très optimiste à l’égard du potassium, un « métal essentiel », et de l’uranium. « L’uranium approche d’un sommet absolu, tiré par la Chine », a-t-il affirmé sur l’AG Campus, à Bruxelles.
« Presque tous les sous-secteurs miniers et énergétiques ont fait l’objet de sous-investissements massifs au cours de la décennie écoulée. Dans certains secteurs, et notamment l’uranium, cela se ressent déjà. »