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Pour le moment, la valeur nette d’inventaire (VNI) d’un seul compartiment ‘emerging Europe’ belge a été suspendue, à savoir le compartiment Emerging Europe de KBC Equity Fund. Pourtant, la part de ces fonds est faible au regard des 265 milliards d’euros d’actifs des fonds commercialisés en Belgique. BEAMA et la FSMA suivent la situation de très près. Au niveau mondial, plus de 850 fonds pourraient être affectés. 

Marc Van de Gucht, directeur général de BEAMA, l’association belge des gestionnaires d’actifs, souligne que la part des fonds de Russie et d’Europe de l’Est est très limitée en Belgique. « Nous parlons ici de fractions de pourcentage. En premier lieu, les sociétés de gestion suivent elles-mêmes la situation et peuvent obtenir le cas échéant une assistance de BEAMA pour des mesures générales, ce qui n’a pas encore été nécessaire jusqu’à présent. »

Cependant, la VNI d’un fonds d’Europe de l’Est a bien été suspendue, à savoir celle du compartiment Emerging Europe de KBC Equity Fund, une Sicav de droit belge.
Chacun peut suivre au quotidien les communications des gestionnaires d’actifs sur le site de BEAMA via ce lien. 

En cas de problèmes avec certains fonds, la valeur nette d’inventaire (VNI) des compartiments en question peut être suspendue, conformément à la législation. En cas de problèmes de flux sortants ou de titres sous-jacents qui ne peuvent plus être vendus en raison de la fermeture de la bourse, les compartiments axés sur l’Europe de l’Est ou la Russie peuvent suspendre la VNI et le publier sur le site Web de BEAMA. Au cours des derniers mois, les positions en titres russes ont d’ailleurs été considérablement réduites dans la plupart des fonds, indique Van de Gucht.

La FSMA a également annoncé qu’elle surveille la situation et se trouve en contact permanent avec les parties prenantes des institutions concernées.

Compliance

Lise Devloo, compliance officer indépendante travaillant pour des banques (privées), des gestionnaires de fonds et des gestionnaires d’actifs, voit plusieurs risques et restrictions résultant de la situation en Russie. Tout d’abord, en termes de législation AML (contre le blanchiment d’argent), car à la suite des sanctions, certains Russes figurent désormais sur une liste noire des personnes avec lesquelles il est désormais interdit de commercer. « Généralement, le service World Check est alors assez rapidement actualisé. Ensuite, je vois un risque au niveau de l’onboarding et des relations avec les clients existants, car certains actifs doivent être gelés. » En ce qui concerne la gestion des fonds, Devloo voit également plusieurs restrictions.

Par exemple, les fonds durables ne sont évidemment plus autorisés à investir dans certaines entreprises russes. « Comme la Russie mène une guerre illégale contre l’Ukraine, il existe également des restrictions sur la négociation des obligations. En effet, une guerre n’est légitime que si elle est reconnue comme telle par les Nations unies – le ‘jus in bello’ ou droit international humanitaire. Enfin, les obligations russes deviennent également inaccessibles sur le marché secondaire. »

Gestionnaire d’actifs

Candriam, qui a une franchise ‘emerging markets’ avec différents fonds d’actions et d’obligations, déclare dans une réaction qu’ils sont généralement sous-pondérés et que leur exposition est négligeable. « Comme nous disposons d’un cadre de durabilité solide, nous ne devons pas réviser notre analyse d’un pays particulier en réponse à un incident. Nos évaluations sont prospectives et tiennent compte de la probabilité de tels événements. Nous protégeons nos fonds en conséquence. »

Paulo Salazar, Co-head Emerging Market Equities chez Candriam, explique que son équipe n’a aucune exposition à la Russie/l’Ukraine au sein du Sustainable Equities Emerging Markets Fund et que l’exposition au sein du Equities L Emerging Markets Fund est négligeable. « Nous avions anticipé les risques géopolitiques croissants dus à la situation en Russie et en Ukraine et avons réduit notre exposition. Nous continuons à suivre la situation de près afin de neutraliser tout effet secondaire potentiel sur les actifs à risque en général. »

855 fonds peuvent être affectés

Les données de Morningstar indiquent qu’il y a au niveau mondial 855 fonds d’actions ayant une participation de 5 % ou plus en Russie. Le Luxembourg est le siège légal d’un bon nombre de fonds européens ‘marchés émergents’ et d’ETF proposant des stratégies spécifiques pour investir en Europe de l’Est et en Russie. 
East Capital, un gestionnaire d’un tel fonds enregistré au Luxembourg, basé à Stockholm et spécialisé dans les fonds d’Europe de l’Est, a déclaré qu’il s’attendait à court terme à « un niveau très élevé de perturbation et de volatilité ». JP Morgan Asset Management a quant à lui déclaré lundi avoir suspendu deux fonds - Russia Equity Fund et Emerging Europe Equity Fund - avec effet immédiat. Le gestionnaire d’actifs a déclaré que la suspension « sera examinée sur une base continue ».

Prosperity, un spécialiste de la Russie basé à Londres, a signalé à ses clients lundi matin qu’il avait suspendu le calcul de la valeur nette d’inventaire, les souscriptions et les rachats de tous les fonds. Dès que les actifs pourront être valorisés avec précision, qu’il y aura suffisamment de liquidités sur les marchés et que la négociation sera fiable, l’investisseur spécialisé lèvera la suspension, écrivait-il dans la note. 

Les marchés financiers russes étaient une fois de plus dans la tourmente suite aux sanctions économiques supplémentaires annoncées par l’Union européenne au cours du week-end après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La bourse a été fermée tandis que le rouble a plongé de 30 % pour atteindre un niveau historiquement bas par rapport à l’euro et au dollar. Euroclear a suspendu la négociation des actions russes.  

Voulez-vous être associé à la Russie ?

Les données sur les flux de fonds en février ne sont pas encore disponibles. Selon Morningstar, les fonds d’actions gérés activement et les ETF axés sur la Russie ont justement connu une diminution des flux sortants au cours des derniers mois. L’agitation semblait s’estomper.  

« Vous verrez que de nombreux investisseurs voudront maintenant sortir de la Russie », déclare Ronald van Genderen, senior analist chez Morningstar. « Non seulement en raison de l’incertitude, mais aussi d’un point de vue ESG. L’investissement durable ne concerne pas seulement les entreprises attentives à l’environnement, mais aussi la question de savoir si on veut investir dans un certain pays et être associé à ce pays. »

East Capital, qui possède également des bureaux à Hong Kong, Moscou et Tallinn, gère 5,2 milliards d’euros pour une série d’investisseurs internationaux, dont des institutions, des entreprises et des particuliers de premier plan. Son fonds East Capital Russia a perdu quelque 25 % dans les échanges de vendredi. 
Van Genderen de Morningstar a déclaré qu’il était important de garder un œil sur la réaction des entreprises russes cotées à New York et à Londres, en soulignant que si la liquidité n’est pas disponible à Moscou, ce n’est pas le cas dans les bourses britannique et américaine. Selon Van Genderen, les gestionnaires de fonds exposés à la Russie ont globalement deux options. La première consiste à attendre que le prix soit actualisé et que les négociations soient à nouveau possibles.

L’alternative - bien que cette option soit selon lui beaucoup moins probable - est de diviser le fonds en deux fonds distincts : un avec les positions liquides cotées à Londres et à New York, et un avec les positions illiquides cotées à Moscou. Les fonds russes négociés aux États-Unis ont étendu leurs baisses lundi. En fin d’après-midi, l’ETF VanEck Russia, qui est négocié sur les marchés américains, cotait à 10,85 dollars, soit une baisse de 30 % par rapport à la clôture de vendredi. Il y a une semaine, le cours était encore de 23,51 dollars.

« Gel des avoirs possible »

Le DWS Central and Eastern Europe Fund, qui est coté à la bourse américaine, a également baissé de plus de 31,5 % lundi, pour atteindre 12,96 dollars. Le fonds avait ouvert l’année avec un cours de 26,66 dollars. 

Dans un communiqué de presse publié lundi, DWS écrit que « la poursuite des sanctions actuelles contre la Russie ou l’imposition de sanctions supplémentaires peut continuer à avoir un effet négatif important sur la valeur et la liquidité du portefeuille du fonds et rendre plus difficile pour le Fonds d’évaluer certains titres de son portefeuille.

Il est possible que des sanctions ou des mesures de rétorsion entraînent le gel de tout ou partie des avoirs russes détenus par le fonds. » 
Cet article a été rédigé en collaboration avec Cees van Lotringen, Lenneke Arts et Max Severijns, de Fondsnieuws aux Pays-Bas, ainsi que Raymond Frenken d’Investment Officer au Luxembourg.

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