Beeld van de goudmijn Fekola in Mali.
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Au rythme actuel de production, les réserves d’or connues seront épuisées dans une vingtaine d’années. Trouver d’autres ressources va devenir de plus en plus onéreux, mais en attendant, les actions des sociétés minières se portent à merveille. L’indice des mineurs d’or à Wall Street a gagné plus de 40 % au cours des 12 derniers mois.

Dans quelle mesure l’avenir de l’or est-il certain ? Cela dépend en partie du nombre de géologues disponibles pour rechercher de nouveaux gisements dans les années à venir, estime Charles Beard (photo), professeur adjoint spécialiste des éléments critiques et des minéraux à l’université d’Utrecht. Rien n’indique pour l’instant que cela sera le cas. « Dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, plusieurs initiatives ont été lancées en vue de mieux connaître les matières premières critiques. Toutefois, les gouvernements investissent de moins en moins dans cette science ». Charles Beard

Aux Pays-Bas, le financement des universités a été réduit, ce qui est sans doute à l’origine de la suppression du programme de sciences de la Terre à la VU d’Amsterdam, annoncé jeudi dernier. Chez nos voisins, seule l’université d’Utrecht propose un bachelier. Par ailleurs, quelques géologues économiques travaillent à l’université de Twente et à la TU Delft.

Or, selon M. Beard, la demande de géologues en Europe va croissant – notamment parce que l’Europe souhaite être moins dépendante d’autres pays pour l’extraction de ces matières premières essentielles telles que le lithium et le cobalt, ainsi que d’autres minéraux essentiels pour la transition énergétique et la technologie.

Bien entendu, cette demande de spécialistes des sciences de la terre est en premier lieu liée à l’explosion du prix de l’or. Son cours a augmenté d’environ 45 % au cours des douze derniers mois et, dans son sillage, les cours des actions des sociétés minières aurifères ont également pris de la hauteur. L’indice NYSE Arca Gold Miners, qui atteint aujourd’hui un niveau record d’environ 1600 points, a progressé de près de 40 % au cours de l’année écoulée. Le leader du marché, Newmont Mining, a gagné 31 % sur la période (55 milliards de dollars de capitalisation boursière aujourd’hui), suivi de près par le numéro deux, le Canadien Agnico Eagle Mines. Le cours de ces actions a gagné près de 75 % au cours des 12 derniers mois.

Nouvelles explorations

La progression du cours des actions n’est toutefois pas gratuite. Les entreprises utilisent les fonds supplémentaires pour atteindre la croissance attendue par les investisseurs, affirme M. Beard ; l’investissement dans de nouvelles explorations constitue un élément important. En se basant sur les chiffres de l’agence scientifique United States Geological Survey, il précise qu’« en termes de réserves extractibles, le monde compte aujourd’hui environ 59 000 tonnes d’or, et environ 3000 tonnes sont extraites chaque année. Ainsi, si aucune nouvelle ressource n’est découverte, nous pouvons creuser pendant des années encore, mais l’or sera épuisé dans 20 ans. C’est cette prise de conscience qui nous pousse à continuer d’investir dans la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement. »

Par ailleurs, un nombre croissant d’investissements sont motivés par des considérations sécuritaires. « On a besoin des géologues pour découvrir et exploiter des mines, mais aussi pour sécuriser les lieux une fois les mines fermées. Sur ce plan, le secteur mobilise beaucoup d’énergie pour améliorer son image vis-à-vis du public, largement entachée par les pratiques du passé. »

Plusieurs facteurs font grimper le prix de l’or. Selon les chiffres du World Gold Council, le coût de production de l’or est passé d’environ 1000 dollars l’once troy (28,3 grammes) en 2020 à environ 1500 dollars l’once en 2024. Ce ne sont donc pas seulement les arguments fondés sur l’évolution économique et politique mondiale qui font grimper le prix de l’or : la marche économique des sociétés d’extraction de l’or joue également un rôle.

Les entreprises elles-mêmes publient des informations sur leurs actions et leurs perspectives à long terme. Le leader du marché, Newmont, par exemple, a déclaré au début de l’année disposer de réserves de 134 millions d’onces, soit près de 4500 tonnes. Sa production annuelle est actuellement d’environ 5,5 millions d’onces (183 tonnes), de sorte qu’avec cette réserve, Newmont peut continuer à extraire du métal jaune pendant encore 24 ans.

Réserves d’or mondiales (en tonnes)

Cela signifie-t-il que les sociétés d’extraction d’or constituent un bon investissement ? L’évolution de l’indice NYSE Arca Gold Miners susmentionné est instructive à cet égard. Le précédent niveau record (autour de 1400 points) avait été atteint en août 2020, avec un prix de l’or autour de 2000 dollars. Deux ans plus tard, le prix de l’or était tombé à environ 1600 dollars, mais l’indice avait alors pratiquement baissé de moitié. En outre, il existe de nombreuses histoires de déception concernant des filons d’or « probables » qui se sont révélés peu rentables. À l’Australian Stock Exchange, 165 entreprises sont cotées dans  la sous-catégorie Or. Des dizaines de ces entreprises sont des penny stocks : pour 30 d’entre elles, le prix de l’action est inférieur à un centime de dollar australien.

« Positionnement spéculatif »

Investir dans les mines d’or peut donc se révéler très spéculatif. Toutefois, selon Paul Jackson, responsable de la recherche sur l’allocation d’actifs chez le gestionnaire d’actifs Invesco, la spéculation est également l’une des caractéristiques de l’essor que connaît actuellement le marché de l’or. Invesco a publié la semaine dernière un document intitulé Why is gold at $3000?, qui conclut que l’incertitude géopolitique, mais aussi le « positionnement spéculatif » sont en partie à l’origine de cette situation.

Car l’évolution régulière de l’offre et de la demande ne parvient pas à expliquer la flambée des prix : l’offre d’or a augmenté de 5 % entre 2022 et 2024 et la demande (industries de luxe, banques centrales, électronique) a diminué de 3 % sur la même période. Dans le secteur technologique, par exemple, l’or en tant que matière première est de plus en plus souvent remplacé par des alternatives telles que le palladium, le platine et l’argent. En revanche, les positions ouvertes nettes atteignent actuellement des niveaux records sur les neuf plus grandes Bourses de l’or, selon Invesco.

Paul Jackson qualifie donc le prix de l’or d’exceptionnellement élevé et ne pense pas qu’il s’agisse d’une « nouvelle normalité ». « Si Donald Trump apporte la paix en Ukraine et au Moyen-Orient, le prix de l’or pourrait facilement chuter de 1600 dollars », écrit-il. Cela n’est pas de bon augure pour les sociétés d’extraction de l’or, d’après ses calculs. « Selon le World Gold Council, à un prix de l’or de 3000 dollars, 99 % des mines d’or sont rentables. À 2000 dollars, cette proportion tombe à 90 %. »

Un prix de l’or inférieur à 1500 dollars mettrait en difficulté un grand nombre de mines aurifères. B2Gold, un modeste mineur canadien qui a extrait environ 6 tonnes d’or l’année dernière, révèle ainsi dans son rapport annuel 2024 que le coût total par once d’or vendue l’année dernière était de 1668 dollars. Un prix de l’or inférieur à 1500 dollars bouleverserait le secteur.

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