L’année 2018 pourrait être celle de tous les dangers pour les gestionnaires obligataires. En effet, une hausse des taux d’intérêt pourrait entraîner des performances négatives dans les fonds obligataires indexés ou très proches de la composition des indices.
La plupart des émetteurs repris dans ces indices ont émis de la dette avec des durées de plus en plus longues. La duration des benchmarks s’est donc allongée, ce qui augmente la sensibilité des fonds indexés à une hausse des taux d’intérêt. Pour un portefeuille qui a une duration de 6 ans, une hausse des taux de 1% engendrerait une perte de 6%.
Flexibilité et diversification
Comment se protéger contre une hausse des taux d’intérêt ? « Même si nous n’entrevoyons pas de krach obligataire ne 2018, une lente remontée des taux est à prévoir dès cette année. Dans le cadre d’une bonne gestion obligataire, la flexibilité doit être au rendez-vous », estime Nicolas Forest, Responsable de la gestion obligataire chez Candriam. Les marchés obligataires répondent désormais à de nouvelles normes et les gestionnaires doivent s’adapter.
Ce gestionnaire privilégie des durations plus faibles et une gestion total return. Les gestionnaires doivent s’affranchir des indices de référence et se contraindre à penser différemment. Grâce aux techniques de couverture, les gestionnaires peuvent également bénéficier de la hausse des taux.
« Mais attention, il faut avoir un bon timing pour ne pas se tromper », ajoute Nicolas Forest. Un autre conseil que prodigue ce gestionnaire est de bien diversifier le portefeuille. En effet, toutes les obligations ne réagissent pas de la même façon en même temps. Les obligations des pays émergents présentent à cet égard encore certaines opportunités.
« Nous anticipons des rendements de 4-5 % pour la dette des pays émergents en devises fortes et de 7-8 % en devises locales en 2018. Les obligations des pays émergents suivront probablement un scénario de revenu plutôt que de compression des rendements sur les marchés de taux mondiaux », estime Sergio Bertoncini, Analyste chez Amundi.
Inflation dans le radar
D’où pourrait venir le danger en 2018 ? « Pour nous, le principal danger viendrait d’un rebond de l’inflation. Dans ce cas, les obligations seraient dans une zone à risque. L’évolution de l’inflation n’est cependant pas évidente à prédire. Il faut donc que cette évolution soit dans les radars des gestionnaires en 2018 », conseille Nicolas Forest. Dans ce cadre, une diversification dans la poche des obligations liées à l’inflation est également préconisée par ce gestionnaire. Ces vues sont partagées par les gestionnaires d’Amundi.
« Nous voyons des opportunités dans les obligations périphériques. Les obligations indexées sur l’inflation devraient également être prises en compte. Elles pourraient fournir une protection à faible coût en cas de réaction épidermique du marché aux initiatives des banques centrales, car elles impliquent encore un point mort d’inflation très bas », ajoute Sergio Bertoncini.