Wolfgang Bauer, Fixed Income Fund Manager auprès de M&G :
L’absence totale de baisse des taux d’intérêt - contrairement à la Fed et à la Banque d’Angleterre - nous rappelle brutalement qu’avec un taux de dépôt déjà à -0,5 %, la BCE dispose d’une marge de manœuvre nettement inférieure à celle des autres banques centrales. Des mesures supplémentaires - à savoir des conditions plus favorables pour une nouvelle série de LTROs et d’achats nets d’actifs de 120 milliards d’euros jusqu’à la fin de l’année - n’ont pas réussi à apaiser les marchés. Le sentiment d’aversion pour le risque s’est considérablement intensifié à la suite des annonces de la BCE, lorsque l’iTraxx Xover (un indicateur de risque sur les obligations à haut rendement européennes) a bondi d’environ 120 points de base atteignant alors les niveaux connus en 2012. Alors que la politique monétaire de la BCE semble toucher à sa fin, Christine Lagarde a souligné l’importance d’une réponse budgétaire ferme et coordonnée pour faire face à l’impact de la situation COVID-19 sur l’économie européenne
Une erreur
Paul Diggle, économiste principal chez Aberdeen Standard Investments, suite à la réunion de la BCE de hier:
« Les deux coups sont l’augmentation de l’EQ et le nouveau programme TLTRO-III, qui sont clairement les bienvenus et devraient contribuer à maintenir la circulation des liquidités dans l’économie. Le taux d’intérêt de -0,75 % sur les prêts TLTRO aux banques est une innovation importante, car c’est la première fois que la banque centrale prête aux banques à un taux inférieur à son principal taux directeur - dans un sens, il s’agit d’une réduction ciblée des taux.
« Mais ce qui manque, c’est l’absence d’une réduction du taux principal des dépôts, ce qui est une déception par rapport aux attentes du marché, et envoie le signal que même la BCE elle-même pense qu’elle est au bout du chemin lorsqu’il s’agit de réduire les taux d’intérêt. »