Dans le futur, les données feront une différence dans la position concurrentielle des gestionnaires d’actifs. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que les ordinateurs remplaceront les personnes dans un avenir prévisible.
« Ce ne sera pas, comme on le prétend souvent, un modèle ‘humain versus machine’, mais plutôt ‘humain et machine’ », explique Milind Sharma, CEO de QuantZ Machine Intelligence Technologies, lors d’un entretien avec le mathématicien Raphael Douady pour Enterprising Investor du CFA Institute.
Quant à la question de savoir si les ordinateurs remplaceront complètement les personnes dans l’industrie financière, les deux experts sont d’accord. La technologie actuelle n’est pas encore prête à prendre des décisions indépendamment des êtres humains. Dans le scénario le plus favorable, les ordinateurs peuvent accroître l’impact de l’effort humain, mais sont incapables de le remplacer complètement.
Selon Sharma, nous devrions penser en termes de modèle hybride, dans lequel l’homme et la machine collaborent. Les soins de santé sont un bon exemple de cette dynamique : des systèmes complexes d’analyse sanguine ou de diagnostic, par exemple, aident les professionnels de la santé à faire encore mieux leur travail.
Lien entre l’algorithme et la réalité
L’homme et la machine sont donc étroitement liés et la relation va encore s’intensifier. Même s’il existe aujourd’hui des ‘robots de la finance’ qui maîtrisent les chiffres, la difficulté est que le monde financier et le monde ‘réel’ sont étroitement liés. « L’être humain est nécessaire pour faire le lien entre l’algorithme intelligent et la réalité complexe », explique Douady.
De plus, qu’il s’agisse de l’apprentissage automatique ou de toute autre forme d’intelligence artificielle, la technologie demeure une représentation de la vision de son concepteur. Bien que les ordinateurs puissent générer du code, ils doivent encore être programmés par des humains.
Ceux qui peuvent créer et gérer la technologie utilisée sur les marchés financiers ne perdront pas leur emploi. « Au contraire, il y aura une énorme demande de connaissances en matière de technologie, de statistiques complexes et de science des données », estime Douady.
La gestion des risques est la plus grande différence
La valeur du cerveau humain demeure d’une grande valeur, ce qui n’est pas surprenant, surtout si l’on considère qu’un cerveau adulte est entraîné depuis des décennies et bénéficie également d’un milliard d’années d’évolution. La plus grande différence entre le cerveau humain et l’ordinateur est la gestion des risques.
Contrairement à un ordinateur, le cerveau humain peut anticiper et planifier toutes sortes de scénarios imaginables. Il sait aussi que toutes les informations n’ont pas la même valeur. Certaines données méritent toute l’attention et nécessitent un traitement immédiat, tandis que d’autres peuvent être tout simplement ignorées.
Par conséquent, ceux qui appliqueront le mieux cette approche hybride, que Sharma appelle ‘quantamental approach’, auront un avantage dans les années à venir. Selon lui, un bon exemple est le passage à des solutions d’investissement telles que le smart beta et les ETF. Ces produits remplacent de plus en plus les fonds de placement actifs traditionnels. « ‘Data is king’ et fera la différence dans l’investissement du futur», déclare Sharma.